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Déconfinement

Avec la disparition de la peur du virus, l'heure du blues des commerces de proximité

Par Amanda Breuer-Rivera

Le confinement a changé les habitudes d'achat des Français. De peur d'être contaminés, ils ont été nombreux à se reporter sur les commerces alimentaires de proximité. Mais les promesses de faire vivre les centre-villes et les commerces indépendants se heurtent au fait que l'immense majorité des clients semblent avoir oublié leurs bonnes résolutions aussitôt le déconfinement acté. Quelques pistes pour comprendre ce phénomène.

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Les Français tiendront-ils leurs bonnes résolutions de consommation de proximité ? Pas vraiment à écouter les premiers concernés, les petits commerces. Les journalistes de France 3 Bourgogne-Franche-Comté rapportent la déconvenue d'épiciers de centres-villes. "La déconvenue ! Le trou noir à part quelques habitués. Le lendemain du 11 mai, j'ai fait 100 euros dans la journée. J'ai recommencé à retravailler un peu la semaine dernière avec des journées correctes par rapport à mon prévisionnel", se désole Christophe Follot gérant d'une épicerie à Varois-et-Chaignot (Côte-dOr). Même amertume pour Laurent Pouillard gérant d'une supérette à Marizy (Saône-et-Loire) également interrogé par la télévision régionale publique. "Pendant le confinement, on nous a remerciés. On nous disait 'heureusement que vous êtes là' ! Puis les gens ont vite repris leurs habitudes, ils font leurs courses dans les grandes surfaces près de leur travail", explique-t-il.

Un retour de bâton d'autant plus douloureux que la conjoncture du confinement les favorisait. Les commerces alimentaire de proximité ont bénéficié d'une véritable ruée dans leur magasin entre mi-mars et jusqu'au début du déconfinement. + 2,5% de part de marché alimentaire soit 8,8%. Un beau score pour ces commerçants qui émergeaient après quelques années passées face à un environnement très compétitif. Cependant, ce n'est pas tant leur attractivité que la peur des grandes surfaces qui a motivé ces nouveaux clients. Le confinement a été une "déflagration" pour le secteur de la grande distribution alimentaire analysent les journalistes de la LSA. Selon les chiffres de Kantar entre le 23 mars et le 19 avril dernier ce secteur a perdu 3,1 millions de clients soit 8,1 point de part de marché. En même temps, les clients semblent s'être reporté auprès des drive, du e-commerce (10% de la part de marché chacun), des discounters (9%) et des commerces de proximité (8,8%). "Confinement oblige, voilà en effet nos supérettes de quartier nanties de paniers moyens en hausse de 46%, dignes d’un supermarché et un réseau, Carrefour Proximité, qui gagne sur la période 1,3 point de parts de marché (3,4%), soit 40% de sa part de marché totale d’un coup..." écrit la LSA début mai.

Retour vers les centres commerciaux

Cependant, le déconfinement a amorcé un retour aux habitudes ante-confinement. Selon une enquête menée par Quantaflow pour le Conseil national des centres commerciaux, ces derniers ont récupéré fin mai 71% de leur fréquentation par rapport à la même semaine de mai 2019. Une envie de grande surface davantage marquée en province (75%) qu'en Île-de-France (56%). Un phénomène croissant puisqu'une semaine plus tard - soit un mois après le début du déconfinement - cet indice s'élève à 79% par rapport à la même période que l'année dernière. Des chiffres qui rendent optimistes le Conseil national des centres commerciaux. "Dans ces conditions et si cette évolution se confirme, on peut espérer pour la rentrée un retour à des niveaux d’activités proches de ceux de l’année 2019" déclare Gontran Thüring, délégué général.

Comment expliquer un tel retournement de situation ? Selon un sondage réalisé par Kantar, les ménages qui assurent moins fréquenter les commerces de proximité à l'issu du confinement justifient leur choix à 52 % par des 'prix trop élevés par rapport à d'autres magasins', 37% par 'le manque de choix' et 33% par 'crainte que la distanciation sociale ne soit pas respectée'.