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Mouvement de grève

Hôpitaux de Paris : grève illimitée des urgences dès ce dimanche soir

Par Charlotte Arce

À l’appel de deux syndicats, 25 services d'accueil des urgences de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) ont annoncé se mettre en grève illimitée à partir du dimanche 14 avril au soir. Ils dénoncent des conditions de travail "insupportables" et réclament une meilleure reconnaissance de la spécificité de leur travail.

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Pour faire entendre leurs revendications, les services des urgences de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) ont décidé de faire grève.

À l’appel de deux syndicats, dont la CGT, les infirmiers et aides-soignants des services des urgences ont décidé de se joindre au mouvement de grève entamé mi-mars à l’hôpital Saint-Antoine suite à une série d’agressions contre le personnel hospitalier. Le mouvement sera suivi dans les hôpitaux de la Pitié-Salpêtrière, Lariboisière, Saint-Louis, Tenon et Robert Debré à compter de dimanche soir minuit et sera également suivi lundi 15 avril. Il pourrait d’ailleurs durer les jours suivants, puisque les syndicats ont appelé à une grève illimitée.

Des conditions de travail "insupportables"

Les revendications des personnels grévistes sont multiples. Ils réclament dans un premier temps une amélioration de leurs conditions de travail, avec une revalorisation des salaires et une hausse des effectifs pour soulager la hausse de fréquentation des services des urgences, estimée à 3% par an. "Les agents dénoncent leurs conditions de travail devenues insupportables", explique la CGT dans un communiqué.

"On nous demande de faire toujours plus avec moins, nous devons gérer vingt à vingt-cinq passages de plus par jour qu’en 2015 à effectif constant", renchérit dans Le Monde Orianne Plumet, une infirmière de 25 ans, en poste aux urgences de la Pitié-Salpêtrière depuis plus de trois ans.

Dans un courrier adressé mardi 9 avril aux deux syndicats, le directeur général de l’AP-HP Martin Hirsch a promis la création de 45 nouveaux postes pour l’ensemble des 39 hôpitaux. Une mesure bien trop insuffisante, juge Rose-May Rousseau, cheffe de file de la CGT à l’AP-HP. "Ça fait à peine un emploi par hôpital, ça ne peut pas suffire", déplore-t-elle au Parisien.

Une dégradation de la qualité des soins

Selon les syndicats, cette situation entraîne une forte dégradation dans la prise en charge des patients et dans la qualité des soins. En décembre dernier, une femme de 55 ans avait été retrouvée morte dans la zone d’attente des urgences de l’hôpital Lariboisière. Cela faisait douze heures qu’elle attendait et n’avait toujours pas été examinée par un médecin.

Les grévistes réclament aussi une reconnaissance de leur travail, notamment par la mise en place d’une prime mensuelle de 300 euros. "Aujourd’hui les hôpitaux ont du mal à recruter pour ces services parce que c’est devenu un boulot intenable", explique au Monde Hugo Huon, infirmier à Lariboisière.

Autre revendication : assurer la sécurité du personnel des urgences et les protéger contre les agressions par des patients. "La sécurité ne doit pas être prise en charge par des vigiles mais par du personnel formé habilité à intervenir en contact avec des agresseurs ou des patients agités", revendique Rose-May Rousseau.

Grève générale le week-end de Pâques

Dans l’attente des négociations avec les représentants de la direction, des syndicats et d’autres porte-paroles du personnel lundi 15 avril, les services des urgences continueront à fonctionner en service minimum. Les soignants grévistes seront munis d’un brassard et des piquets de grève seront installés devant les établissements hospitaliers.

La mobilisation a peu de chance de faiblir puisque huit syndicats de l’AP-HP (CGT, SUD, FO, CFDT, CFTC, CFE-CGC, Unsa, SMPS) ont aussi déposé vendredi un préavis de grève pour le week-end de Pâques, entre le jeudi 18 avril 21h et le samedi 20 avril 7h. Ce mouvement devrait concerner l’ensemble du personnel, qui réclame "de véritables négociations", sur les salaires, les conditions de travail et les restructurations de l’AP-HP. Les syndicats demandent notamment "l'arrêt des fermetures de services [...], des plans d'économies et des suppressions d'emplois" et revendiquent "la titularisation des contractuels", une "revalorisation" des salaires et un budget "à la hauteur des besoins de la population".