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Une addiction importante en nombre et en conséquences

Le jeu peut devenir une drogue dure

Par Camille Sabourin

La moins connue des addictions est celle qui touche au plaisir du jeu ; on estime quelle toucherait 2 à 3% de la population, dont deux fois plus d’hommes que de femmes.

The Conmunity - Pop Culture Geek/Flickr
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Lorsqu’on emploie le mot addiction, on pense plutôt à la drogue ; pas aux jeux d’argent. Pourtant largement plus d’1 millions de Françaises et Français en souffrent.

Jeu d’argent mais aussi de hasard, parce que le monde moderne nous a aussi amené les jeux vidéo, en particulier sur internet. Là le jeu excessif est plutôt un problème de l’adolescence et constitue d’ailleurs le nouvel « habit » de la crise du même nom.

Comme pour toutes les drogues, c’est l’excès qui est en cause. C’est d’abord un loisir donc une activité utile à l’équilibre social et psychologique.  Puis on passe du jeu social récréatif, au jeu excessif dont le bilan est plutôt négatif, puis au jeu véritablement pathologique. Et là, on comprend bien, que la vie devient impossible et que l’équilibre du couple ou de la famille devient l’enjeu. Sans jeu de mot !

Pas d’addiction sans plaisir.

Toutes les addictions naissent du plaisir : boire un verre de vin ce peut être délicieux, faire l’amour, magique. C’est la répétition pathologique, irrépressible et la destruction que cela entraîne, qui transforment le plaisir en enfer.

Les jeux mettent en œuvre tous les niveaux de plaisir, du plaisir archaïque, celui de gagner, à des plaisirs plus élaborés comme celui d’échanger des émotions avec les autres. Le jeu permet de se distraire dans un monde imaginaire tout en exprimant sa propre créativité. Tout en donnant à un individu l’impression de s’échapper des contraintes de la réalité.  D’ailleurs il n’y a pas de civilisations, de culture où le jeu est absent ; c’est un besoin de l’homme.

Le jeu, n’est pas une substance que l’on s’injecte ; L’amour non plus ;  mais notre cerveau sait fabriquer certaines hormones du plaisir qui deviennent indispensables… Comme les endorphines, ces substances proches de la morphine que sécrètent les coureurs de fond pour moins souffrir et qui les rendent accros aux kilomètres. C’est vrai que l’addiction au jeu est moins rapide qu’avec des drogues dures mais elle est réelle.

Comme pour l’alcool, l’état n’est pas mécontent de cette situation, car le jeu fait rentrer beaucoup d’argent dans les caisses, ce qui explique certainement le retard pour prendre le problème à bras le corps.

Des services hospitaliers spécialisés

Heureusement cette addiction se traite. C’est le travail de psychiatres spécialisés.  Il faut savoir que le joueur pathologique demande de l’aide tardivement, bien souvent à la phase de désespoir. Il faut donc l’aider avant … Et savoir qu’il y a dans certains hôpitaux, des services spécialisés dans ces traitements.

L’abstinence a peu de sens parce que jouer est une activité innée de l’être humain. En fait le soin consiste d’abord à essayer dans un premier temps de limiter les conséquences néfastes psychologiques et financières. Pour cela la psychothérapie ou les groupes de parole ont montré leur efficacité. Il ne faut pas non plus faire la fine bouche devant des mesures de contraintes financières qui vont de l’interdiction d’accès aux casinos, aux interdictions bancaires. Et on attend toujours un cadre législatif précis sur la régulation des jeux en ligne.