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QUESTION D'ACTU

Brigitte Lahaie

Porno et ados : répondre par une éducation affective

Entretien - Faudra-t-il un jour éduquer les jeunes émotionnellement à l’amour pour contrer les images pornographiques ? Pour l’ex-star du porno Brigitte Lahaie, il faut réveiller les pouvoirs publics.

Porno et ados : répondre par une éducation affective REVELLI-BEAUMONT/SIPA




Après avoir officié sur RMC, Brigitte Lahaie anime désormais l’émission «Deux heures d’envie, de joies et de plaisir» sur Sud Radio. Marraine de l’association Ennocence, qui vise à protéger les enfants contre les risques d’exposition à la pornographie en ligne, elle répond aux questions de Pourquoidocteur.

Pourquoi vous être engagée dans ce combat avec Ennocence ?
Brigitte Lahaie : Il est insupportable de penser que des jeunes de moins de 13 ou 14 ans soient exposés à ce point. Un enfant sur deux de moins de dix ans a déjà vu des images pornos parfois terriblement violentes. A force d’entendre à l’antenne des hommes qui s’étonnent que leur compagne refuse la pénétration anale et de recevoir des témoignages sur les dégâts provoqués par ça, j’ai eu envie d’agir. Certains jeunes restent traumatisés, souffrent de dépression, de mal être, ils se montrent incapables d’établir une relation normale dans leur couple…

 

Vous parlez de problème de santé publique, n’est-ce pas un peu exagéré ?

Brigitte Lahaie : Quand l’enfant grandit dans une famille où ses parents se témoignent un respect mutuel, il constate effectivement que les rapports hommes femmes ne sont pas basés sur l’humiliation ou la domination. Le problème, c’est qu’il y a de plus en plus de familles disloquées ou de familles monoparentales. L’éducation de l’enfant basée sur l’autorité ou l’apprentissage de la frustration s’amenuise aussi. Les repères sont vacillants.
Du coup, de nombreux jeunes sont paumés. La pornographie actuelle a changé depuis 20 ans, un peu comme le cannabis ! Elle est plus violente pour les femmes et nettement plus agressive. Notre culture tout entière est pornographique. Elle indique des repères qui sont loin de conduire à l’harmonie sexuelle entre un homme et une femme. C’est tout je ce que je veux dire. Je ne souhaite nullement la supprimer, je ne suis pas une "repentie", j’aimerais juste qu’en amont, les jeunes soient initiés.

 

L’éducation affective ou émotionnelle serait une solution selon vous ?

Brigitte Lahaie : Oui, dès le plus jeune âge, un enfant doit comprendre ce qu’est un homme et une femme. L’école me semble le lieu le plus approprié, c’est compliqué pour un parent d’aborder ce genre de questions. En maternelle, on pourrait expliquer aux petits garçons et aux petites filles qu’ils sont faits différemment. Qu’ils fonctionnent autrement sans être pour autant inégaux, ce serait déjà un premier pas. Et puis leur enseigner qu’un corps, ça a des réactions. L’autre ne réagit pas forcément comme nous. Un enfant de trois ans tire naturellement la queue du chien, les oreilles du chat, par expérience. Si l’adulte lui explique qu’il fait mal à l’animal, l’enfant va comprendre et il ne le reproduira pas. Mais si l’adulte manque de vigilance, l’enfant continuera à faire mal à l’animal, et peut-être à ses petits camarades. Il n’aura pas appris que le corps de l’autre n’est pas un jouet.

 

Peut-on être exposé à des images de pornographie sans y avoir été de son plein gré ?

Brigitte Lahaie : il suffit d’aller sur un site de streaming illégal pour voir n’importe quel film, la Guerre des étoiles ou Blanche Neige. En moins de trois minutes, les images pornos vous assaillent. L’explication est simple, plus le trafic est important sur un site de streaming, plus il y a de pub, donc d’argent pour le site. Qu’est-ce qui fonctionne sur Internet et qui fait qu’on y reste le plus ? La pornographie ! Ces sites sont donc truffés de vidéos X pour une meilleure audience. 

 

Quels conseils donner au parent qui constate que son enfant est exposé à ce type d’images ?

Brigitte Lahaie : L’enfant est une éponge qui absorbe toutes les émotions. Si le parent se montre choqué, l’enfant se sentira coupable. Mieux vaut donc parler sans dramatiser, dire que ces images sont réservées aux adultes et ne le concernent pas. Si l’enfant réclame des explications, on peut lui poser des questions pour savoir ce qu’il en a compris. Lui-même indiquera la tonalité de la réponse et jusqu’où aller.

 

 

 

 

 

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