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Réduction du risque lié au tabac

Les experts britanniques reconnaissent la cigarette électronique

Par Cécile Coumau avec Afsané Sabouhi

Pour l'association anglaise de lutte contre le tabac, la cigarette électronique doit être encouragée car elle est moins nocive que la cigarette. Les tabacologues français sont plus sceptiques.

CAPMAN VINCENT/SIPA

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Deux millions de Français auraient déjà testé la cigarette électronique ou vapoté, selon le néologisme en vogue. L’engouement des fumeurs pour cette e-cigarette, mise au point en 2004 en Chine, dépasse largement nos frontières. Au Royaume-Uni, le nombre de fumeurs ayant expérimenté la cigarette électronique est passé de 9 à 22% en moins de 2 ans.

Pour ASH (Action on Smoking and Health), l’une des plus importantes associations britanniques de lutte contre le tabagisme, cet engouement est un levier non négligeable. Elle vient de signer une prise de position globalement favorable à la cigarette électronique, qui tranche avec le discours attentiste tenu jusqu’ici par les experts.
« La plupart des maladies associées au tabagisme sont causées par la fumée inhalée et les centaines de produits chimiques qu’elle contient. Comparativement, la nicotine est relativement inoffensive, écrivent ces spécialistes anglais. Les e-cigarettes, qui délivrent de la nicotine sans les toxiques dangereux de la fumée du tabac, sont probablement une alternative moins nocive au tabagisme ». Autre argument avancé, avec la cigarette électronique, plus de tabagisme passif. L’entourage des vapoteurs n’est exposé qu’à de la vapeur d’eau aromatisée et non à de la fumée cancérigène.


Jacques Le Houezec est vice-président du Comité national contre le tabagisme, l’association française équivalente de ASH. Il partage cette approche très pragmatique des experts britanniques. Certes, les données manquent encore quant à l’innocuité de ces e-cigarettes et leur efficacité dans le sevrage tabagique, mais elles restent un moindre mal par rapport à la nocivité de la cigarette elle-même.

 

Ecoutez Jacques Le Houezec, vice-président du Comité national contre le tabagisme (CNCT) : « La priorité reste l’arrêt du tabac mais en attendant, la cigarette électronique est considérablement moins dangereuse ».



Pour ce spécialiste, les acteurs de la lutte contre le tabac auraient tort de ne pas surfer sur l’engouement des fumeurs pour la cigarette électronique. Des boutiques spécialisées ouvrent dans toutes les villes de France, les forums de discussion se multiplient et le bouche à oreille entre fumeurs fonctionne comme jamais.

Ecoutez Jacques Le Houezec : « Les nicotiniques anonymes n’existent pas. Ce dialogue entre fumeurs est une chance pour lutter contre le tabac ».



Les tabacologues français restent nettement plus circonspects que leurs confrères britanniques. Ils ne sont plus dans le rejet systématique de la cigarette électronique et ne vont pas jusqu’à dissuader leurs patients vapoteurs. Mais ils reprochent notamment à la cigarette électronique d’entretenir le geste chez le fumeur au lieu de dénormaliser le tabac, c’est-à-dire de « donner une image négative à l’acte de fumer et de rendre le tabac moins désirable, moins acceptable et moins accessible ». Ils sont également peu enclins à conseiller à leurs patients un produit dont l’innocuité n’est pas encore démontrée, une position également partagée par les autorités sanitaires françaises. Pour Jacques Le Houezec, ces réticences tiennent du principe de précaution mal placé.

 

Ecoutez Jacques Le Houezec : « Les médecins français n’ont pas assez la culture pragmatique de la réduction du risque »



La situation pourrait s’éclaircir en 2013. Le ministère de la santé a demandé un rapport sur la cigarette électronique à l’Office français de prévention du tabagisme, qui devrait rendre ses conclusions en juin. Quant à l’efficacité de la cigarette électronique pour le sevrage tabagique, il faudra encore attendre, une grande étude est annoncée pour 2014.