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Quatre logos à l’essai

L'étiquetage nutritionnel testé dans 60 supermarchés

Par Audrey Vaugrente

L'expérimentation en vie réelle de quatre étiquetages nutritionnels simplifiés démarre ce 26 septembre dans quatre régions. L'essai durera 10 semaines.

Abydika/epictura

Les Français qui font leurs courses le lundi pourrait être surpris en entrant dans leur supermarché. Ce 26 septembre marque le coup d’envoi de l’expérimentation de l’étiquetage nutritionnel simplifié. Dans quatre régions, les rayons de 60 établissements seront garnis des différents logos en concurrence. Les habitants d’Île-de-France, de Haute-Normandie, du Rhône-Alpes ou des Hauts-de-France participeront ainsi aux tests. Les résultats, eux, sont attendus dans plusieurs mois.

Améliorer les comportements

Pour lutter contre la malbouffe, les emballages alimentaires doivent être plus lisibles. Tel est le constat de la ministre de la Santé Marisol Touraine. Reste à connaître la réalité qui se cache derrière cette hypothèse. C’est, en autres, l’objectif de cette expérimentation « en conditions réelles d’achat », qui portera sur 1 200 références. A l’issue de cette phase d’analyses, le logo nutritionnel le plus compréhensible, et qui aura le plus d’impact sur les comportements des consommateurs, sera choisi. Mais l’application, elle, restera sur la base du volontariat, grâce aux tractations de l’industrie agro-alimentaire.

Pour parvenir à ce choix, les tickets de caisse seront scrutés à la loupe par l’agence LinkUp, qui coordonne les recherches, et le Fonds Français Alimentation Santé (FFAS), qui en est le promoteur officiel. L’objectif est clair : il s’agit d’évaluer la manière dont les différents étiquetages influencent la consommation et les choix des clients. D’où l’intérêt de contrôler les achats dans 20 supermarchés où aucun emballage ne sera modifié.



Informer les plus défavorisés

Le choix des quatre régions ne doit rien au hasard : des populations favorisées et lourdement défavorisées y cohabitent. Or, le protocole précise que les foyers à faibles revenus doivent être largement représentées dans un cas sur deux. De fait, ces familles sont les principales victimes du manque de lisibilité des étiquetages alimentaires, du manque d’information et des déséquilibres nutritionnels.

L’autre objectif des tests, c’est de déterminer quel étiquetage simplifié doit être recommandé par l’Etat. Quatre systèmes sont en concurrence. Deux expriment le bilan global du produit préparé : Nutriscore, élaborée par l’équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle (Inserm), et SENS, soumis par la Fédération du Commerce et de la Distribution. Les autres portent sur l’impact des principaux nutriments (Nutricouleurs et Nutrirepère). Ils sont dérivés de systèmes déjà en place, au Royaume-Uni par exemple.

Reste maintenant un doute majeur, exprimé notamment sur Twitter : l'impartialité scientifique sera-t-elle appliquée dans ces examens ? La Société Française de Santé Publique a émis des doutes à ce sujet. Elle se dit «profondément inquiète des menaces sur l'indépendance de la recherche et se prononce fermement contre toute tentative d'ingérence de quelque porteur d'intérêt que ce soit. » Les pressions des distributeurs et des industriels au cours de la mise au point du protocole ne se sont toujours pas faites oublier. A tel point que quatre membres du comité scientifique ont jeté l'éponge au cours du processus.