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CRISPR-Cas9

Manipulations génétiques : 76 % des Français pour un usage thérapeutique

Par Antoine Costa

Les Français ne sont pas opposés à l’utilisation de CRISPR-Cas9 pour soigner les maladies génétiques. Ils sont en revanche opposés à la modification génétique des embryons.

vitstudio/epictura

La manipulation génétique rentre peu à peu dans les mœurs. Un sondage Ifop vient de montrer que les Français sont 76 % à se déclarer favorables à son utilisation dans le cadre d’une thérapie génique, pour soigner ou améliorer la qualité de vie des patients souffrant d’une maladie génétique.

Le sondage a été réalisé en ligne jeudi et vendredi de la semaine dernière auprès d’un échantillon représentatif de la population française de plus de 18 ans. Il a été commandé par l’association anti-avortement de Christine Boutin, Alliance Vita, dans le cadre de sa campagne de communication « Stop bébés OGM ». Il portait en particulier sur l’utilisation de la technique CRISPR-Cas9, les « ciseaux génétiques », mise au point par la chercheuse française Emmanuelle Charpentier.

Est-ce parce que c’est une Française qui l’a développée qu’elle ne fait pas peur ? Pas vraiment, si l’on en croit le sondage. Les personnes interrogées étaient en effet 91 % à n’en avoir jamais entendu parler.

Oui pour les thérapies, non pour les embryons

Si son application pour les thérapies géniques sur des maladies comme Alzheimer, la mucoviscidose ou l’hémophilie semble convaincre, le sondage montre aussi que les Français sont, à l’inverse, aussi nombreux à s’opposer à son utilisation pour la modification in vitro d’embryons humains.

Attachés aux valeurs bioéthiques, les Français sont en particuliers deux tiers à se dire « inquiets face à l’accélération de l’intervention des scientifiques sur le génome humain ». Dans une part similaire (68 %), ils pensent qu’il est nécessaire que la France fasse entendre sa voix au niveau international pour encadrer ces pratiques.

En France, la modification génétique des embryons est interdite, mais la communauté scientifique s’inquiète des dérives eugénistes. Des recherches sur les embryons utilisant CRISPR-Cas9 sont en effet déjà en cours en Chine et au Royaume-Uni. L’opposition semble en tout cas être partagée par l’ensemble des groupes de population, qu’ils soient catholiques pratiquants (80 %), athées (71 %) ou d’une autre confession (73 %).