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Dépistage

Autotest VIH : le malaise des pharmaciens

Par Anne-Laure Lebrun

Alors que les autotests VIH seront disponibles à partir du 15 septembre, les pharmaciens avouent ne pas être prêts à les commercialiser. Ils pointent un manque de formation. 

Esteban Felix/AP/SIPA
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A partir du mardi 15 septembre, les autotests de dépistage du VIH prendront place dans les étagères des pharmacies françaises. Mais près d’un an après la date initialement prévue, les pharmaciens rencontrés par Pourquoidocteur ne semblent pas prêts à les commercialiser. Ils confient, en effet, une certaine crainte face à ces tests qui ne sont d’ailleurs toujours pas arrivés dans les pharmacies.

« Je ne crois pas que ce type de dépistage soit de notre ressort. Je veux bien vendre ce test comme un test de grossesse ou d’ovulation, mais qu’est-ce que je vais dire aux patients qui vont être seuls face à un résultat positif ? », se demande un pharmacien de La Défense (Hauts-de-Seine). « Nous n’avons reçu aucune formation et très peu d’informations concernant ces tests, regrette une pharmacienne d'Ile-de-France. Tant que je ne serai pas prête à les distribuer, je ne le ferai pas ».
De façon surprenante, ces officinaux ne sont pas les seuls à déplorer le manque de communication. Plusieurs pharmacies se retrouvent dans la même situation.

Des craintes compréhensibles

Pourtant, la Haute Autorité de Santé (HAS) ou l’Ordre des pharmaciens ont envoyé des courriers de recommandations aux officines. Le Comité d'éducation sanitaire et sociale de la pharmacie française (Cespharm) a mis à disposition des professionnels des fiches pratiques pour accompagner la dispensation de ce test. Tout semble avoir été mis en place pour que l’ensemble des professionnels soit prêt.

Lorsqu’on évoque le malaise des pharmaciens au président du Conseil de l'Ordre des pharmaciens des officines, Alain Delgutte, celui-ci dit comprendre ses confrères et consœurs, mais se veut rassurant. « Même si les patients peuvent se tourner vers leur médecin ou des centres de dépistage gratuits et anonymes, les pharmacies sont en mesure d’accueillir les patients, que ce soit dans le bureau du titulaire de l’officine ou un espace de confidentialité, explique-t-il. En revanche, il est vrai que nous ne sommes pas formés à annoncer le diagnostic aux patients, c’est pourquoi le fabriquant indique dans son kit le numéro vert de Sida Info Service. Nous devons également expliquer aux patients qu’il est impératif de consulter son médecin en cas de résultat positif et tout résultat positif doit être confirmé par un second test ».

Simple d'utilisation

Destiné à être utilisé chez soi, cet autotest est simple d'utilisation. L'usager se prélève une goutte de sang au bout du doigt, qui va être ensuite analysée par l'appareil fourni dans le kit. Celui-ci détecte les anticorps anti-VIH-1 et anti-VIH-2. Le résultat s'affiche au bout de 15 minutes, et comme pour un test de grossesse, l'interprétation se fait par l'utilisateur. Pour une fiabilité maximale, le test doit être réalisé 3 mois après le rapport sexuel à risque. Toutefois, ces tests ne sont pas fiables à 100 % et doivent être vérifiés par un test en laboratoire. Seul le laboratoire français AAZ a reçu le marquage CE permettant la commercialisation de cet autotest sur le territoire. Le prix est libre et varie selon les paharmacies entre 25 et 28 euros. 

 

Un outil complémentaire

En effet, ce test rapide d’orientation diagnostique n’a pas vocation à se substituer aux tests actuels utilisés en laboratoire ou dans les centres de dépistage (TROD). Ils seront, par ailleurs, mis à disposition des usagers dans les associations engagées dans la lutte contre le sida comme AIDES, « afin que les personnes les plus à risques, mais surtout les plus éloignées du dépistage, en bénéficient en priorité », précise le ministère de la Santé.

Aujourd’hui, 30 000 séropositifs s'ignorent, alors que 6 000 nouveaux cas sont dépistés chaque année. L’arrivée de ces nouveaux tests destinés à être utilisés seul chez soi doivent améliorer le dépistage et renforcer la lutte contre le sida, toujours un enjeu de santé publique dans notre pays.