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Alcool : la loi Evin menacée

Par Philippe Berrebi

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Dans quelques jours, François Hollande doit inaugurer à Bordeaux le salon international du vin, Vinexpo. Et le sénateur Gérard César (les Républicains) lui a déjà miné le terrain.
Dans le cadre du projet de loi Macron, examiné aujourd’hui à l’Assemblée nationale, cet ancien viticulteur a déposé un amendement visant à libéraliser la publicité en faveur de l’alcool. « Je ne fais que préciser certaines choses, pour qu’à l’avenir, on puisse bien faire la différence entre communication et publicité sur l’alcool », explique-t-il dans les colonnes du Parisien.
Quelques lignes en apparence anodines, mais qui ont déclenché la colère des défenseurs de la santé publique. Et c’est l’ancien ministre de la Santé (PS), Claude Evin, qui voit rouge. L’auteur de la loi qui porte son nom estime que cet amendement « va libéraliser de facto la possibilité de faire de la publicité en faveur de l’alcool et quasiment sans limite ». Car pour lui, les tribunaux pourront difficilement trancher entre communication et publicité.

Dépité, celui qui est aujourd’hui directeur de l’Agence régionale de santé d’Ile-de-France assiste à un détricotage progressif de sa loi de 1991. « Il est désormais possible de boire de l’alcool dans les buvettes sportives », note-t-il dans le quotidien. Plus loin, Claude Evin raconte comme la publicité sur l’alcool est revenue sur les affiches dès 1994.
En redonnant une image positive de l’alcool, notamment en direction des jeunes, les publicitaires regagnent du terrain.
Mais à quel prix ? L’alcool tue 50 000 personnes par an. Dans un courrier adressé aux députés, les représentants des 35 organismes du Fonds Actions Addictions soulignent que l’alcool est la deuxième cause de mortalité en France. « Dans les services hospitaliers, confirme le président du Fonds et professeur d’addictologie, Michel Reynaud, nous voyons désormais des jeunes de 20 à 25 ans atteints de pancréatites ou d’hépatites, alors que ces pathologies frappaient après 50 ans ».

Mais ces arguments seront-ils suffisants au regard de ceux avancés par le sénateur César ? Ce secteur représente 550 000 emplois. « Un argument choc, écrit le journaliste Bruno Mazurier, à l’heure du chômage massif ». D’ailleurs, Gérard César crie déjà victoire en soulignant que « son amendement a été voté « à l’unanimité, tous groupes politiques confondus ».