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Essai clinique sur 29 personnes

VIH : des anti-corps suppriment la charge virale

Par Audrey Vaugrente

Des anticorps pour lutter contre le VIH. Une équipe américaine a mis au point une immunothérapie qui permet de supprimer la charge virale chez l’être humain, y compris dans les cellules réservoirs.

Petros Giannakouris/AP/SIPA
Le traitement antirétroviral ne s'attaque pas aux réservoirs du VIH
L'immunothérapie a été abandonnée à cause de son efficacité
Ce nouveau traitement par anticorps permet de supprimer la charge virale, y compris dans les cellules hôtes du VIH

La recherche contre le sida s’illumine d’un rayon d’espoir. Un traitement d’immunothérapie s’est avéré efficace contre le VIH. Il a réduit la charge virale, y compris dans les réservoirs du virus. Les résultats de cet essai de phase I sont publiés dans la prestigieuse revue Nature.

 

Efficace contre 80 % des souches

29 volontaires, dont 17 porteurs du VIH, ont testé une immunothérapie innovante. Elle appartient à une nouvelle génération d’anticorps neutralisants de large spectre. Ils ne sont produits que par une minorité de patients séropositifs (10 à 30 %), et seulement après plusieurs années d’infection. A ce stade, le virus a suffisamment évolué pour échapper aux anticorps les plus puissants. Les administrer tôt serait donc une solution.

Une équipe de l’université Rockefeller (New York, Etats-Unis) a isolé et cloné des anticorps neutralisants de large spectre spécifiques : les 3BNC117. Ils ciblent les sites de liaison aux lymphocytes T CD4+ sur l’enveloppe du VIH, et les récepteurs aux CD4 sur le site d’attachement du virus aux cellules hôtes. « Ce qui est particulier à propos de ces anticorps, c’est qu’ils ont une activité contre 80 % des souches du VIH, et ils sont extrêmement puissants », estime Marina Caskey, co-auteur de l’étude. Ils ont donc été transformés en agents thérapeutiques contre le virus. Les participants à l'étude ont reçu différentes doses par intraveineuse : 1, 3, 10 ou 30 milligrammes.

 

Vers un vaccin ?

L’immunothérapie à base de 3BNC117 est bien tolérée et sûre chez l’être humain. Les dosages les plus élevés ont permis de faire chuter fortement et rapidement la charge virale, y compris après 8 semaines. Mais surtout, les anticorps se sont attaqués aux virus « cachés » dans les cellules infectées, ce dont n’est pas capable un traitement antirétroviral. La résistance du VIH à ce nouveau traitement, elle, est variable. « A l’inverse des traitements antirétroviraux conventionnels, le traitement par anticorps peut aussi solliciter les cellules immunitaires du patient, ce qui peut aider à mieux neutraliser le virus », ajoute Florian Klein, co-auteur de l’étude.

Autre bénéfice, et pas des moindres : un tel traitement ne devrait être administré qu’occasionnellement. Il devrait cependant être utilisé en combinaison avec d'autres thérapies. « Un anticorps seul, tout comme un médicament seul, ne suffit pas à supprimer la charge virale à long terme, parce que le résistance va se mettre en place », rappelle toutefois Marina Caskey.

Cet essai clinique de phase I démontre donc la faisabilité de l’immunothérapie à base d’anticorps, une technique abandonnée car inefficace. L’espoir est permis, car les anticorps 3BNC117 prennent le VIH de vitesse, l’empêchant de muter pour se défendre comme il le fait d’ordinaire. En laboratoire, sur le modèle animal et chez l’être humain, les résultats restent excellents. A tel point que les chercheurs n’excluent pas la mise au point d’un vaccin qui bloque l’infection avant même qu’elle ne s’installe.