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Etude française

Zika : le virus rentre dans le spermatozoïde

Des chercheurs français révèlent la présence du virus à l’intérieur même des spermatozoïdes. 

Zika : le virus rentre dans le spermatozoïde Moises Castillo/AP/SIPA




Dans une lettre publiée dans la célèbre revue The Lancet Infectious Diseases, des scientifiques français de l'Inserm (1) rapportent le cas d’un homme de 32 ans de retour de Guyane française avec des symptômes évocateurs d’une infection par le virus Zika : fièvre modérée, éruption cutanée, douleurs musculaires et articulaires. Le virus Zika a été détecté dans le plasma et l’urine du patient 2 jours après le début de ces signes. Des échantillons de sperme (11 échantillons), de sang (10) et d’urine (5) ont été prélevés et analysés sur une durée totale de 141 jours.

130 jours dans le sperme 

Après analyse, il s’avère que le virus Zika a été retrouvé dans tous les échantillons jusqu’au 37ème jour. Au-delà, le virus est détecté uniquement dans le sperme où il persiste jusqu’à plus de 130 jours, alors que le patient se porte bien.

Jusque-là pas de surprise. Ce résultat a en effet déjà été confirmé chez deux autres patients pour lesquels le virus a persisté de 69 à 115 jours dans le sperme. Pour le moment, les facteurs influençant cette variation de durée d’un individu à l’autre sont inconnus, précisent les chercheurs. Et dès le diagnostic porté, ces patients se sont d’ailleurs vus conseiller d’avoir des rapports sexuels protégés.

Mais l’équipe de recherche a ensuite analysé le sperme du patient et examiné par différentes techniques de microscopie les spermatozoïdes qu’il contient. Et les résultats sont sans appel. « Nous avons détecté la présence du virus Zika à l’intérieur d’environ 3.5 % des spermatozoïdes de ce patient », révèle dans un communiqué Guillaume Martin-Blondel, chercheur au Centre de physiopathologie Toulouse Purpan.

Recherche dans les dons de sperme  

Médecin dans le service des Maladies Infectieuses et Tropicales du CHU de Toulouse, il explique que pour d’autres virus sexuellement transmissibles, tels que le VIH, « le virus reste "collé" à la surface du spermatozoïde ». « Dans le cadre d’une fécondation in vitro, il est donc possible de "laver" les spermatozoïdes dans le cas de patients infectés par le VIH, alors que ceci semble exclu pour les spermatozoïdes issus de patients positifs pour le virus Zika », ajoute-t-il.

Comme prochains travaux, il reste à déterminer le caractère « actif » du virus Zika présent dans les spermatozoïdes, ainsi que la capacité de ces spermatozoïdes à transmettre l’infection. Le virus étant présent aussi en dehors des spermatozoïdes dans le liquide séminal.

Guillaume Martin-Blondel estime donc que l’analyse de ce cas a des répercussions importantes pour la prévention de la transmission sexuelle de ce virus, dont les modalités restent aujourd’hui inconnues. Dans le doute, l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) recommande aux personnes de retour de pays touchés par l'épidémie de Zika d'avoir des rapports sexuels protégés, ou d'être abstinents, pendant 6 mois, même s'ils ne présentent pas de symptômes. 

 « Ces observations soulèvent, par ailleurs, de nombreuses interrogations sur la nécessité d’inclure la recherche de virus Zika lors du contrôle des dons de spermatozoïdes dans les centres de fertilité », conclut-il.

(1) Ce travail est le fruit d’une collaboration entre des chercheurs de l’Inserm, du CNRS, des hospitalo-universitaires de l’université Toulouse III – Paul Sabatier et du Centre hospitalier universitaire (CHU) de Toulouse.

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