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Etude interuniversitaire

Pourquoi tricher met de bonne humeur

Par Audrey Vaugrente

L’idée commune veut qu’on se sente coupable lorsque l’on a triché. Une étude interuniversitaire américaine prouve que c’est exactement le contraire.

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Qui ne s’est jamais senti surexcité après avoir triché sur les bancs de l’école ? Jusqu’à maintenant, les psychologues supposaient qu'un comportement immoral induisait un sentiment de culpabilité. Une étude interuniversitaire a voulu déterminer par un test le sentiment d’un tricheur juste après son forfait. Les résultats sont publiés dans le Journal of Personality and Social Psychology.

Une émotion positive
Lors d’un entretien préliminaire au test, les participants à l’étude ont estimé leur réaction lors d’une triche. La majorité a répondu qu’elle se sentirait mal à l’aise. Les "cobayes" ont ensuite reçu un test, puis un corrigé. Ils ont réalisé une autocorrection et ont reporté le nombre de réponses correctes. A chaque bonne réponse, le participant gagne 1 dollar. 41% ont rectifié des erreurs sans savoir que les chercheurs repéraient ces corrections. Chaque personne a ensuite suivi un entretien. Les tricheurs disent avoir ressenti une poussée d’émotion positive. Ceux qui se sont contrôlés ne l’ont pas ressentie.

Un tricheur serait donc de bonne humeur après son forfait. Surpris par ce bilan, les chercheurs ont mis au point un deuxième test, moins incitatif. Plus de rétribution financière cette fois-ci. Le nouveau groupe a répondu à un test sur ordinateur officiellement pour évaluer les chances de réussite future et l’intelligence. Plus d’un participant sur deux a déclaré qu’il ignorerait un message pop-up contenant la bonne réponse. En pratique, presque 70% ont utilisé ledit message au moins une fois. Cette fois encore, ils ont ressenti une bouffée d’émotions positives.

 
Excitation, autosatisfaction et supériorité

L’analyse des données a de quoi surprendre. Tant qu’on n’a pas le sentiment d’avoir blessé quelqu’un en trichant, on se sent très bien, indiquent les chercheurs. Plus étonnant encore : la plupart des participants déclarent ressentir une émotion positive lorsqu’ils commettent une transgression morale. L’accès facilité aux moyens de fraude encourage à tricher, selon le rapport. Avec la diffusion de l’Internet, de nombreux moyens permettent de tricher anonymement.

Qu’est-ce que ce sentiment ? Le soulagement de n’être pas repéré ? Le stress ? Les chercheurs ont en fait découvert qu’il s’agit d’excitation mêlée de fierté. Les participants ont dit ressentir de l’autosatisfaction ainsi qu’un sentiment de supériorité lorsqu’ils ont triché. Le constat est le même lors d’une triche indirecte. Les scientifiques rappellent tout de même les limites de leur étude. L’anonymat augmentait les risques de triche. Par ailleurs, la fraude n’impliquait pas de léser un tiers, ce qui réduisait son impact moral. Une prochaine étude du même collectif déterminera si ce sentiment positif pousse les gens à tricher de nouveau.