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Hommes et femmes

Fantasmes : les secrets de la boîte à rêves

Par Rica Etienne

Nos pensées érotiques et nos fantasmes les plus intimes décodés par genre. Les femmes rêvent d’impudeur, les hommes de puissance.

EPICTURA/andreync

Alain Bashung avait-il tout compris des femmes ? Dans « Madame rêve », il chante Madame rêve d'artifices. De formes oblongues et de totems qui la punissent. Rêve d'archipels, de vagues perpétuelles Sismiques et sensuelles. D'un amour qui la flingue, dune fusée qui l'épingle (…) Madame rêve d'apesanteur. Des heures des heures de voltige à plusieurs.

L'imaginaire des femmes…

« Les études scientifiques françaises, canadiennes, américaines… toutes confirment peu ou prou depuis les années 60 que les femmes ont un imaginaire érotique plutôt sentimentalisé mais aussi d’accueil et de soumission ( être remplies, attachées, fouettées, battues, possédées) », observe le Dr Jean Peyranne (1) , consultant en sexologie au CHU de Toulouse . Cela tient sans doute à la difficulté des femmes de s’abandonner et de se lâcher, mais aussi de se déculpabiliser en prenant du plaisir .

Les études révèlent encore que les femmes rêvent d’exhibitionnisme, de dévoilement et d’impudeur. Elles aiment se montrer. Si dans la vraie vie, elles assument difficilement l’imperfection de leur corps, dans leurs rêveries, il n’y a plus le regard social ou le leur, plus fort encore, qui les juge et les sanctionne. L’imaginaire féminin est également peuplé de fantasmes homosexuels, d’amour moins pénétrant et plus caressant.
« Mais ce qui distingue sans doute le plus nettement les femmes des hommes, c’est de rêver de sexe dans un lieu romantique, dans une atmosphère chargée d’émotions, observe le Dr Jean Peyranne ».

…et celui des hommes

Ils ont un sexe externe qui se voit, leurs fantasmes sont davantage tournés vers la possession et la puissance. Ils rêvent de domination et d’entraves : femmes enchaînées, attachées, soumises… « Leur imaginaire érotique est plus visuel et génital, constate le Dr Jean Peyranne. Voir une femme se déshabiller. Voir deux femmes faire l’amour. Voir une femme jouir. Avoir des rapports oro-génitaux (fellation, cunnilingus)».

Ceci explique sans doute cela, les hommes peuvent ressentir un plaisir suprême à regarder un film pornographique : les femmes y sont exposées nues. Elles sont désirantes. Elles gémissent sous les caresses. Les éjaculations sont bien visibles, signe d’un plaisir qui a besoin d’être extériorisé pour exister. Enfin, les hommes ont davantage de fantasmes de relations extra-conjugales.

 

Tout le monde a des fantasmes

Comme le révèlent les nombreuses enquêtes internationales, 80 % à 100% des hommes et des femmes ont des fantasmes au cours de l’activité sexuelle ou en dehors. Si bien que ce qui est considéré aujourd’hui comme problématique dans la bible de la psychiatrie américaine -le DSM5-, c’est de ne pas avoir de fantasmes. Un grand pas depuis l’époque de Freud où c’est exactement l’inverse qui était admis. Les fantasmes étaient l’apanage des personnes insatisfaites sexuellement.

 

L’arbre et l’eau, le vertical et l’horizontal

 Comme le disait le philosophe Gaston Bachelard de l’homme, « il est arbre et ramures, il est dans la terre et il est dans le vent ». « Son érotisme est vertical, résume le Dr Jean Peyranne. Il a besoin de bases solides. Il a besoin de prouver son érection. Il ne peut faire semblant de ne pas bander ou de ne pas éjaculer. Mais l’homme est aussi ramures dans le vent, il a besoin d’imaginaire pour rêver sa sexualité. L’érotisme de la femme est horizontal. Il est comme l’eau. Son imaginaire a besoin de s’écouler et de lâcher prise pour qu’en s’abandonnant elle s’érotise ».

Quand les deux imaginaires se rencontrent et se mêlent dans le couple ( dimension d’accueil de l’érotisme fusionnel et d’agressivité de l’érotisme anti-fusionnel), alors la sexualité est épanouie. Lorsqu’il y a conflit entre ces imaginaires, des symptômes peuvent apparaître ( chute du désir, douleur, perte d’érection, etc).

 

Une thérapie centrée sur les fantasmes

Une sexoanalyse peut en ce cas être envisagée. Cette thérapie utilise l’imaginaire érotique, notamment le fantasme, comme moyen de décoder le trouble sexuel, d’en faire prendre conscience au patient pour ensuite l’amener à un changement dans ses pensées puis dans la réalité. Pour trouver un thérapeute, s’adresser à l’Institut international de Sexoanalyse. www.sexoanalyse.com

(1) Communication lors du Congrès Sexogyn, le 7 octobre 2016