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Cohorte française PAQUID

Alzheimer : les tâches quotidiennes peuvent aider au diagnostic

Par Audrey Vaugrente

Les difficultés à passer un appel ou surveiller son budget peuvent être des signes d’alerte de démence. Ces premiers symptômes méritent d’être surveillés.

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Repérer plus tôt les premiers signes d’une démence… La tâche est ardue, en dépit des efforts consentis dans le monde entier. Limitations fonctionnelles, déclin cognitif, traces suspectes à l’IRM : les pistes sont nombreuses mais souvent peu concluantes. Un repérage précoce serait pourtant précieux pour la prise en charge des patients. D’autant que 6 à 8 % de la population sont touchés après 65 ans. L’équipe de Karine Pérès, à l’université de Bordeaux (Gironde), l’a bien compris. Dans un Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire (BEH) de Santé Publique France dédié à la maladie d’Alzheimer et les formes apparentées, elle se penche sur le recours à la dépendance légère comme outil de diagnostic.

Des tâches complexes

C’est une cohorte française (PAQUID) qui a servi de base à ces travaux. Menée pendant 27 ans, elle a inclus 3 700 personnes âgées aux profils variés. La démence, au moment des travaux, était définie comme un ensemble de déficits cognitifs. Les répercussions s’observent donc sur la vie quotidienne. Or, certaines tâches appellent à un processus plus complexe que d’autres, téléphoner par exemple. Dans ce cas, les symptômes surviendraient plus tôt.

Les chercheurs bordelais ont donc développé un système diagnostique qui s’appuie sur quatre limitations dans des gestes de tous les jours : passer un appel, prendre les transports, gérer son budget et prendre ses médicaments. Si ces actes sont source de dépendance, « on peut faire l’hypothèse que l’atteinte des IADL (tâches de la vie quotidienne, ndlr), même très légère au stade précoce, pourrait représenter la manifestation fonctionnelle de la maladie en situation de vie réelle du quotidien », avancent les auteurs.

Des différences selon le sexe

Les données récoltées pendant 27 ans semblent confirmer cette hypothèse. Les personnes atteintes de démence étaient clairement plus dépendantes que les autres. Mais à l’inverse, les limitations dans la vie quotidienne – avant la survenue d’une démence – favorisent celle-ci. Ainsi, un déclin cognitif léger associé à une dépendance multiplie par sept le risque de développer une démence.

Chez les hommes, ne plus pouvoir accomplir certaines tâches du quotidien est également un facteur de risque. Pour le beau sexe, se plaindre de ces troubles est davantage associé au phénomène. « Il semble que les femmes soient capables de percevoir très précocement les premiers signes de déclin et s’en plaignent (…) alors que les hommes rapportent des difficultés sur le plan fonctionnel », résument les chercheurs. Dans ce dernier cas, le risque de démence est accru à court terme.

Pour Joël Ankri, du Centre de Gérontologie à l’hôpital Sainte-Périne (Paris), « l’identification de marqueurs prédictifs de la maladie, que ceux-ci soient biologiques, cliniques ou fonctionnels, est nécessaire pour pouvoir établir des modes de prévention ». Mais si ce score a l’avantage d’être rapide et facile à mettre en œuvre, y compris par les médecins généralistes, il reste peu spécifique et ne tient pas compte du déni, ni même des autres facteurs de risque.

Alzheimer amorce une baisse

La maladie d’Alzheimer et les démences apparentées ont tendance à reculer en France. C’est le constat établi par une revue de la littérature parue dans le Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire (BEH). Les hommes risquent toutefois d’être déçus : ce phénomène ne s’observe que chez les femmes, pour qui l’incidence a baissé de 23 % entre 1990 et 2000. Des données anciennes qui se confirment par les résultats plus récents du Royaume-Uni.
Outre-Atlantique, la démence semble aussi marquer le pas au sein de la population américaine. Ce léger recul s’expliquerait par une meilleure prise en charge des facteurs de risque cardiovasculaires, un niveau d’éducation nettement amélioré, ainsi qu’une hygiène de vie plus saine. Mais les auteurs soulignent que si l’incidence diminue, la population, elle, continue de vieillir. Or, les personnes âgées sont les premières victimes de la démence. C’est sans doute pour cela que le nombre de cas devrait passer à 131 millions, contre 46 millions aujourd’hui.