ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Autisme : des interventions précoces démontrent leur efficacité

Etude du JAMA

Autisme : des interventions précoces démontrent leur efficacité

Par Anne-Laure Lebrun

Les enfants atteints d'autisme peuvent être agressifs, adopter des gestes répétitifs ou des attitudes inadaptées. Grâce aux interventions comportementales, les parents peuvent les aider. 

Elaine Thompson/AP/SIPA
MOTS-CLÉS :

Violence, crises de colère, hurlements… Ces comportements agressifs, qui touchent la moitié des enfants autistes, limitent le développement de leur vie sociale et leurs capacités d’apprentissage. Pourtant, il est possible d’apaiser ces enfants grâce à des interventions comportementales, selon une étude américaine publiée dans la revue médicale JAMA ce mardi.

Plusieurs essais ont montré l’efficacité de la formation des parents à ces pratiques. Les travaux de Luc Lecavalier et son équipe confirment que les parents ont un rôle à jouer dans la prise en charge de leurs enfants.

Des techniques efficaces

Pendant 24 semaines, les chercheurs ont suivi 180 enfants âgés de 3 à 7 ans. Les parents ont aléatoirement été divisés en 2 groupes. Dans le premier, des thérapeutes apprenaient aux parents des techniques pour gérer les troubles du comportement de leurs enfants. Ce programme d’une dizaine de séances leur permettait d’apprendre à identifier ce qui déclenche les crises, à adopter des stratégies pour les prévenir, puis les faire évoluer vers des comportements appropriés. Ils apprenaient également des techniques pour maintenir ces améliorations afin de pouvoir enseigner les premiers apprentissages.

Dans le deuxième groupe, les parents suivaient des ateliers éducatifs pour apprendre ce qu’est l’autisme, quels traitements pouvaient être proposés mais sans donner de stratégies pour calmer les troubles de ces enfants.

70 % des enfants ont progressé 

A la fin de l’expérience, un thérapeute, ignorant quel programme avaient suivi les parents, devait noter les progrès réalisés par les enfants. Bien qu’une amélioration ait été mesurée dans les deux groupes, l’intervention comportementale a permis de faire progresser 70 % des enfants contre 30 % dans l’autre groupe. Par ailleurs, pour 8 enfants sur 10 ayant progressé grâce aux interventions, les améliorations étaient visibles encore 6 mois après l’étude.

« Les résultats sont massivement en faveur de la formation des parents quand il s’agit de gérer le comportement difficile des enfants atteints d’autisme. Nous pensons que ces résultats enverront un message clair, néanmoins, nous ne nous attendions pas à ce nombre considérable de retours positifs », commente Luc Lecavalier, auteur principal de l’étude et professeur de psychologie et psychiatrie à l’Université d’Etat de l’Ohio.

Recommandées en 2012 en France

Les auteurs soulignent que ce programme de formation des parents peut être exporté partout et être implanté dans les hôpitaux ou les écoles. « Les parents de jeunes enfants atteints d’autisme font face à beaucoup d’inconnues et nous espérons que ces travaux permettront à ces familles de trouver des méthodes efficaces », conclut l’auteur.

Utilisées depuis des années dans de nombreux pays comme le Canada, les Etats-Unis, la Suisse ou la Belgique, ces interventions comportementales s’avèrent très efficaces lorsqu’elles sont appliquées très tôt. En France, les autorités sanitaires les ont recommandées il y trois ans déjà. Mais depuis, peu d’enfant ont pu en bénéficier. Faute à la résistance d'une partie du monde médical, de la formation quasi-inexistante… Lors du bilan à mi-parcours du 3ème Plan autisme, Ségolène Neuville, secrétaire d’Etat chargée des Personnes handicapées et de la lutte contre l’exclusion, a proposé plusieurs mesures, dont justement le renforcement de la formation, pour faire respecter ces recommandations au plus vite.