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QUESTION D'ACTU

La série de l'été

Bientôt la reprise: comment bien « attaquer » la rentrée ?

L'été est une période propice aux changements de comportement, qui vont permettre de mieux aborder la rentrée. Pour le dépendant au travail, c'est le moment d'apprendre à accepter le repos et l'inactivité.

Bientôt la reprise: comment bien « attaquer » la rentrée ? PURESTOCK/SIPA




Les dix réponses du Pr Michel Lejoyeux,
chef du service de psychiatrie et d’addictologie à l’hôpital Bichat




-Une bonne rentrée se prépare-t-elle pendant les vacances ?
-Je suis accro au travail, comment déconnecter pendant les vacances ?
-Y a-t-il des expériences à vivre qui aident à se motiver pour la rentrée ?
-Est-ce un moment propice pour changer certains de mes comportements ?
-Pendant les vacances, comment me libérer de la dépendance à la technologie ?
-Comment ne pas retomber dans la dépendance au travail au retour ?
-Comment se motiver pour reprendre un travail qui ne nous plaît pas ?

-Comment garder le bénéfice de l’énergie retrouvée pendant l’été ? 
-Le choix des vacances est-il révélateur de la façon dont j’aborde la rentrée ?
-Est-ce que la rentrée est un bon moment pour s’attaquer aux addictions ?

POUR EN SAVOIR PLUS SUR LA DEPENDANCE AU TRAVAIL


pourquoidocteur : Une bonne rentrée se prépare-t-elle pendant les vacances ?
Pr Michel Lejoyeux : Je crois qu’il est important de profiter de ses vacances sans avoir l’idée justement que ses vacances préparent la rentrée. Vous voyez, le principe des vacances, c’est un temps de vide, de relaxation, de détente. Si pendant vos vacances, vous commencez à penser aux mails qui vont s’accumuler sur votre ordinateur, si vous avez une espèce de vision utilitaire de vos vacances, vous n'allez pas préparer la rentrée. Donc, peut-être pour préparer la rentrée, il faut justement le moins la préparer possible.





Je suis accro au travail, comment déconnecter pendant les vacances ?
Pr Michel Lejoyeux : Quand on est dépendant du travail, quand on a besoin de travailler tous les jours, quand le travail est une véritable obsession, les vacances c’est comme un sevrage obligé, c’est comme pour quelqu’un qui se retrouverait fumeur dans un endroit où il n’a pas accès à la cigarette. On avait parlé de la névrose du dimanche pour la dépendance au travail. Donc, comment décrocher ? Je serai tenté de dire par substitution en remplaçant le travail par d’autres activités : des activités intimes, des activités amoureuses, des loisirs et surtout en ne détournant pas ses vacances comme un moment d’hyperactivité qu’on va remplir autant qu’une journée de travail.




Y a-t-il des expériences à vivre qui aident à se motiver pour la rentrée ?

Pr Michel Lejoyeux : Il y a des expériences qui peuvent motiver pour la rentrée, je serai tenté de dire que nous allons faire en vacances des expériences de changement, je parle beaucoup dans mon livre (1) de ces expériences de changement. Il faudra garder pendant le travail ou à la rentrée le souvenir de ces expériences. Par exemple, nous allons établir une nouvelle relation avec notre corps avec un peu plus d’activités physiques, peut-être un peu plus de sensualité, peut-être une manière différente de l’habiller. Nous allons aussi pendant les vacances faire l’expérience d’une certaine lenteur, d’une tranquillité. Peut-être qu’il faudra, quand le travail va nous retomber dessus, garder le souvenir de ces expériences. 



Est-ce un moment propice pour changer certains de mes comportements ?

Pr Michel Lejoyeux : Les vraies vacances comportent une part de changements, d’innovations. Alors, ça ne veut pas forcément dire qu’il va falloir trouver, à chaque fois, des destinations différentes. Si on aime une destination, bien sûr que l’on pourra y retourner. En tout cas, il faudra que notre comportement soit différent du comportement qu’on a pendant qu’on travaille. Un rythme différent, un rythme de vie différente. Et les priorités s’inversent, les priorités habituelles, qui étaient les priorités  professionnelles ; là, tout d’un coup ce qui va mobiliser notre attention, ça va être les loisirs, ça va être les priorités intimes.



Pendant les vacances, comment me libérer de la dépendance à la technologie ?

Pr Michel Lejoyeux : La technologie est là tout le temps. On en a besoin évidement quand on travaille, on en a aussi besoin pendant les vacances. Qu’est-ce qu’il va falloir faire de cette technologie pendant les vacances ? Déjà, ne pas la laisser nous interrompre pendant les périodes de vrais loisirs. Pendant les périodes de vies familiales, pendant les moments où on est avec ses enfants. On va laisser, à ce moment-là, ses SMS ou son ordinateur de côté. Et puis, on va peut-être découvrir une nouvelle façon d’utiliser la technologie, peut-être sur un mode plus ludique, plus ouvert sur les loisirs.




Comment ne pas retomber dans la dépendance au travail au retour ?

Pr Michel Lejoyeux : Je ne suis pas sûr qu’il y ait une vraie dépendance au travail qui va nous tomber dessus dès qu’on va reprendre le travail. Au fil de l’année, nous luttons de plus en plus contre notre nature, nous surchauffons, nous sommes dans une situation de dopage personnel. L’idée va être justement de ne pas essayer de rattraper le temps perdu et de ne pas vivre les vacances avec un peu de culpabilité. Le temps où je n’ai pas travaillé et que je vais rattraper ce mois ou ces semaines pendant lesquels je n’ai pas travaillé.




Comment se motiver pour reprendre un travail qui ne nous plaît pas ?
Pr Michel Lejoyeux : Quand on part en vacances, on se met évidemment à distance de son travail. Quand on retrouve à la rentrée un travail qui nous plaît, la situation est assez facile finalement, on va retrouver une ambiance de travail ou une activité plaisante. Quand le travail que l’on fait ne nous plaît pas, je dirai que c’est un peu difficile. Je ne suis pas sûr qu’il faille absolument se motiver ou insister, c’est peut-être, au moment de la rentrée, qu’on aura un petit peu de courage pour peut-être changer cette activité.




Comment garder le bénéfice de l’énergie retrouvée pendant l’été ? 

Pr Michel Lejoyeux : Je crois qu’il ne faut vraiment pas avoir une vision capitaliste des vacances, c'est-à-dire, une sorte d'énergie que l'on va ensuite flamber. Peut-être que justement, ce qu’on a appris pendant les vacances, c’est un peu de paresse, le goût pour l’intime et c'est ça qu’il va falloir garder. L'expérience que je propose à mes patients  est de tenir deux agendas : un agenda privé où l’on y mettrait ses rendez-vous familiaux, intimes et ses loisirs et un agenda professionnel. Il va falloir être capable de remplir cet agenda intime pendant les vacances.. Peut-être que pendant le travail, il va falloir être capable de continuer à le remplir. Vous savez les gens qui viennent me voir en thérapie, je leur dis « je vais vous faire faire des exercices de changements qui ne vont pas vous rendre plus efficace ou aller dans le sens de cette pression, de cette hyperactivité mais qui vont vous aider à vous retrouver, à savoir ce que vous aimez vraiment ».




Le choix des vacances est-il révélateur de la façon dont j’aborde la rentrée ?

Pr Michel Lejoyeux : Le choix des vacances est un révélateur psychologique considérable. Prenons deux minutes pour voir comment vous choisissez vos vacances. Est-ce que vous choisissez les vacances qui sont les mêmes que celles de votre enfance ? Est-ce qu’au fond vous avez envie de répéter les expériences de votre enfance ou est-ce au contraire c’est l’opposé, vous allez vouloir découvrir un pays nouveau qui n’a rien à voir avec ce que vous avez connu ? Vous voyez finalement les vacances sont des révélateurs de la relation que vous entretenez avec votre passé. Le choix des vacances, la personne qui choisit la destination des vacances, on s’aperçoit que c’est souvent l’objet de grandes discussions et de grands débats émotionnels. « Est-ce que je vais choisir le lieu de vacances qui me plaît ou celui dont je pense qui plaira à mes enfants ou à mon conjoint », vous voyez ce lieu de vacances est tout sauf neutre.



Est-ce que la rentrée est un bon moment pour s’attaquer aux addictions ?
Pr Michel Lejoyeux : Aussi absurde que cela puisse paraître, ces étapes imposées que sont le 1er janvier, que sont la rentrée sont de très bons moments pour se fixer des résolutions, pour se dire je vais changer en mieux, je vais faire une petite expérience. Et vous savez, il y a beaucoup de conseils de santé, si il y en a bien un qui va vous changer la vie et que vous pouvez faire au moment de la rentrée, c’est celui d’arrêter de fumer.   



Entretien avec Sandrine Chauvard

(1) Changer en mieux (Ed. Plon)

Excès ou dépendance au travail ?

Certaines personnes entretiennent avec leur travail une relation de dépendance, au même titre qu’un fumeur ou qu'un alcoolique. Elles ont envie de travailler de plus en plus, y consacrent la plupart de leur temps et de leur énergie, ont tendance à travailler seul, à ne pas vouloir déléguer.
« Comme dans toutes les dépendances, une sensation de malaise et de mal être est ressentie si l’on arrête de travailler », explique le Pr Michel Lejoyeux, chef du service de psychiatrie et d’addictologie à l’hôpital Bichat.
Il n’existe pas de critères précis pour définir la dépendance au travail. La nature de la relation qui s’instaure entre l’individu et son travail est déterminante pour savoir s’il s’agit d’un simple excès ou d’une véritable dépendance.

Les vacances, épreuve ou plaisir ?

« Pour le dépendant au travail, les vacances sont une épreuve. Il va devoir tenir sans sa drogue préférée ! Le travail lui permet de ne pas penser à lui, de ne pas entendre ses propres émotions », indique le Pr Lejoyeux. Pendant les vacances, il va cohabiter avec celui qu’il fuit d’habitude, c’est à dire lui-même. Le risque est qu’il transforme ses vacances en une période de travail caché. Il voudra refaire son appartement, bricoler, visiter quinze villes en trois jours.
Le dépendant au travail va devoir apprendre à accepter l’inactivité, le repos, le vide.

 

 

 

 

 

 









 

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