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Expertise CNRS

Diesel : la toxicité était connue dès 1997

En 1997, une expertise collective du CNRS pointait des risques cancérigènes liés aux émissions de diesel. Le rapport a été enterré, révèle Le Monde.

Diesel : la toxicité était connue dès 1997 LE LANN/SIPA




La science était au courant. Dès 1997, une expertise collective du CNRS mettait le doigt sur le rôle du diesel dans l’émergence de cancers, révèle le journal Le Monde. Seulement, ce rapport jamais publié, intitulé « Diesel et santé », a été enterré – à tel point qu’aujourd’hui encore, il reste « à peu près introuvable », raconte le quotidien.

Difficile, pourtant, de nier la portée de ce document de 245 pages rassemblant 25 études épidémiologiques – l’une des expertises les plus détaillées de l’époque. Avec une grande prudence, les auteurs y évoquent « l’action mutagène et génotoxique des émissions de diesel », démontrée in vitro. « A long terme, chez le rat, [elles] induisent la formation de tumeurs pulmonaires », explique au Monde l’un des chercheurs sous couvert d’anonymat.

Le politique étouffe l'affaire

Comme toute expertise collective émanant d’un centre de recherche public, le document a vocation à inspirer les politiques sanitaires – et, par ricochet, économiques et industrielles. Le rapport évoque notamment la nécessité d’équiper les véhicules de filtres. Il faudra attendre 2011 pour rendre le FAP (filtre à particules) obligatoire en France.

En 1997, le CNRS transmet la copie au ministère de tutelle – celui de la Recherche, où siège Claude Allègre. Malgré les signaux d’alerte, le responsable politique montre un empressement très mesuré quant à l’application du principe de précaution. La même année, l’homme s’est d’ailleurs illustré par sa tentative de bloquer la publication du rapport Inserm sur l’amiante. La revue Nature avait révélé le scandale, aboutissant à la diffusion des travaux.

C’est qu’à l’époque, le politique perçoit ces travaux avant tout comme une menace pour la filière automobile française, qui commercialise le diesel à travers le monde. De ces travaux, seul un communiqué filtrera à l’été 1998. Il met l’accent sur les zones d’ombres que comportent les études, et passera parfaitement inaperçu. Le texte évoque tout de même la création d'un groupe de travail autour de PSA, Renault, Total, Elf, du CNRS ou encore l'Inserm. Groupe qui ne semble jamais avoir vu le jour.

Ce n’est qu’en 2013 que l’Organisation Mondiale de la Santé classera le diesel parmi les « cancérogènes certains ». Une perte de temps et de chances inestimable.

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