2015 n’est décidément pas une bonne année pour les Français atteints d’un handicap. Après avoir appris que les mesures sur l’accessibilité étaient, une fois, de plus repoussées, voilà qu’ils craignent maintenant pour leurs – souvent maigres – économies.
Un des textes du projet de loi de financement 2016, discuté ce mardi à l’Assemblée nationale, prévoit en effet que l’allocation versée aux adultes (AAH), soit modulée si le bénéficiaire détient un petit pécule. Une pétition, lancée par l’Association des paralysés de France, a déjà rassemblé 20 000 signatures, rapporte ce matin Libération.
C’est en fait par souci d’équité que l’Etat prévoirait de prendre en compte l’épargne des adultes handicapés pour calculer le montant de l’AAH. En effet, RSA et minimum vieillesse sont d’ores et déjà calculés de cette manière, rappelle Libération.
Les associations mettent cependant en avant que, si les personnes handicapées disposent d’un bas de laine, c’est le plus souvent grâce à leurs parents, qui anticipent le moment où ils ne seront plus là pour aider leurs enfants. Plusieurs témoignages recueillis par le quotidien rappellent également qu’en tant que bénéficiaires de l’AAH, les personnes en situation de handicap ne peuvent prétendre à aucun prêt bancaire ; mieux vaut donc avoir quelques centaines d’euros devant soi pour faire face aux imprévus du quotidien.
Parmi le million de Français qui touchent l'AAH, ce sont les 200 000 qui présentent une incapacité supérieure à 80 % qui seraient le plus pénalisés. Avec ce dispositif, un seul petit euro d’intérêt touché grâce à un livret d’épargne pourrait les priver de leur complément logement, souligne Libération. Une perte de revenus qui se chiffrerait entre 1 000 et 2 000 euros par an.
Ségolène Neuville, secrétaire d'Etat aux personnes handicapées, s'est voulue rassurante, et promet une mesure appliquée de manière "équitable". Certains ont cependant préféré prendre les devants, et ont d'ores et déjà vidé leurs livrets.
