- La radiothérapie interne vectorisée permet de mieux cibler les cellules tumorales.
- Cela améliore la qualité de vie des patients et leur espérance de vie.
- Déjà utilisée au CHU de Nantes, des médecins militent pour que cette technique soit généralisée.
Un nouveau traitement est utilisé pour traiter le cancer de la prostate. Au CHU de Nantes, des spécialistes ont démontré l’efficacité de la radiothérapie interne vectorisée. Déjà utilisée pour les cancers de la thyroïde, la technique est réservée pour l‘instant aux cas les plus graves. "L'idée est d'amener le rayonnement, la radiothérapie au plus près de la cellule tumorale pour la détruire, et non pas les tissus adjacents autour", précise Matthieu Barbaud, médecin nucléaire au CHU de Nantes, dans un article de France Info.
Cancer de la prostate : comment fonctionne ce traitement innovant ?
Dans un communiqué, le CHU de Nantes précise que la radiothérapie interne vectorisée (RIV) est une "discipline utilisant les propriétés physiques des atomes pour combattre les cellules cancéreuses au sein de l’organisme". Elle permet de mettre au point un médicament dit "radiopharmaceutique". Dans l’article de France Info, Matthieu Barbaud compare le traitement à une serrure et une clé : "le traitement qu'on va injecter, il va parcourir l'ensemble du réseau de l'organisme, chercher la cible qui l'intéresse, les cellules tumorales, se fixer dessus. Et ce n'est qu'à ce moment-là que le rayonnement va agir." En résumé, la RIV permet de cibler seulement le PSMA, un antigène membranaire surexprimé dans les cancers de prostate. Le procédé actif, appelé Lutétium 177, un isotope radioactif, agit ensuite pour détruire les cellules ciblées.
Un traitement déjà utilisé dans d’autres cancers
"Cette approche est utilisée depuis longtemps dans les cancers thyroïdiens mais son essor est important depuis 2017 (…), développe le CHU de Nantes. Le procédé a depuis été étendu à d’autres tumeurs et notamment les cancers de la prostate (qui reste le premier cancer en incidence chez les hommes dans les pays développés)." Selon les scientifiques nantais, la technique est une avancée significative pour la prise en charge des "cancers de la prostate métastatiques déjà multi-traités, notamment résistants aux hormonothérapies et après chimiothérapie classique". Les principaux résultats cliniques, parus en 2021, le démontrent. "Les résultats à l'heure actuelle sont assez incroyables, se réjouit Matthieu Barbaud sur France Info. Ce sont des résultats qu'on n'avait pas obtenus à ce stade-là de la maladie actuellement, avec vraiment une amélioration de la qualité de vie des patients, une amélioration de leur espérance de vie. Actuellement, c'est le meilleur traitement à ce stade de la maladie."
Cancer de la prostate : vers une généralisation de ces traitements ?
À Nantes, 70 patients ont été traités depuis 2022 et les médecins du CHU espèrent voir la technique se développer ailleurs. Deux problèmes se posent : le coût du traitement, assez élevé, et la logistique nécessaire pour le mettre en place. D’après France Info, plusieurs médecins nantais, dont le professeur Jérôme Rigaud, directeur du service d’urologie du CHU de Nantes, ont rencontré des sénateurs et des députés pour demander des moyens pour "démocratiser ce nouveau traitement". "La RIV nous permet de déployer une prise en charge personnalisée et adaptée à chaque patient, souligne le Dr Matthieu Barbaud, médecin nucléaire. Son administration illustre parfaitement la médecine du XXIème siècle."