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Oncologie

Cancer : un médicament restaure la capacité du système immunitaire à combattre les tumeurs

Par Joséphine Argence

Une équipe scientifique américaine a mis au point un médicament en mesure de ralentir la croissance des tumeurs et de renforcer l’efficacité de l’immunothérapie. 

Pornpak Khunatorn/IStock
Présente dans de nombreux cancers, la délétion 9p21 entrave le fonctionnement normal des cellules immunitaires et bloque l'efficacité des immunothérapies.
Des scientifiques ont développé un médicament permettant de restaurer l’efficacité des cellules immunitaires.
Ce médicament a notamment ralenti la croissance de tumeurs chez des souris.

Les cancers présentant la délétion 9p21 sont associés à de moins bons résultats des traitements et à une résistance aux immunothérapies. La délétion génétique est un mécanisme, qui se traduit par la perte d'un fragment plus ou moins important d'ADN, constituant une cause de mutation. 

L’utilisation d’une enzyme pour lutter contre le cancer 

La délétion 9p21, la plus fréquente de tous les cancers, provoque la perte de certains gènes clés dans les cellules cancéreuses, en particulier une paire de gènes produisant des régulateurs du cycle cellulaire. En raison de la perte de ces gènes, les cellules peuvent se développer de manière incontrôlée et devenir cancéreuses. Un gène produisant une enzyme, qui décompose la toxine MTA, est également supprimé, ce qui entrave le fonctionnement normal des cellules immunitaires ainsi que l’efficacité des immunothérapies.

Dans une étude publiée dans la revue Cancer Cell, des chercheurs ont mis au point un médicament capable de restaurer l’efficacité des cellules immunitaires, afin de lutter contre le cancer. 

Pour le développement de ce médicament, les scientifiques de l’université de Texas à Austin (États-Unis) ont utilisé l’enzyme produite naturellement par l’organisme pour décomposer la toxine MTA, et y ont également ajouté des polymères flexibles. "Il s'agit déjà d'une très bonne enzyme, mais nous devions l'optimiser pour qu'elle dure plus longtemps dans l’organisme (…) Si nous injections uniquement l'enzyme naturelle, elle serait éliminée en quelques heures. Chez la souris, notre version modifiée reste en circulation pendant des jours. Chez l'homme, elle durera encore plus longtemps", a expliqué Everett Stone, auteur principal de l’étude et professeur associé de recherche au département des biosciences moléculaires et d'oncologie à la Dell Medical School. 

Médicament PEG-MTAP : des premiers résultats prometteurs 

Les responsables de ces travaux ont constaté que leur médicament a ralenti la croissance des tumeurs, a prolongé la durée de vie et a renforcé l'efficacité de l’immunothérapie chez des souris touchées par des cancers de la vessie et du côlon, des leucémies ainsi que des mélanomes. Prochainement, l’équipe américaine souhaite débuter des tests de sécurité sur leur médicament, appelé PEG-MTAP. Une levée de fonds est aussi prévue, afin de le soumettre à des essais cliniques chez l'Homme.