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QUESTION D'ACTU

Accident vasculaire cérébral

Même modérée, la consommation d’alcool ne protège pas contre l'AVC

Une nouvelle étude, publiée dans The Lancet, contredit l’idée selon laquelle boire un à deux verres d’alcool par jour pouvait protéger contre les accidents vasculaires cérébraux.

Même modérée, la consommation d’alcool ne protège pas contre l'AVC MaximFesenko / istock




"Pour votre santé, l’alcool c’est maximum deux verres par jour, et pas tous les jours". Cette phrase vous dit peut-être quelque chose. Il s’agit de la nouvelle formule, élaborée par Santé publique France et l’Institut national du cancer (INCa), pour résumer les nouveaux repères de consommation d’alcool en France. Après un travail d’expertise, les deux agences ont conclu que ces repères désignaient une consommation d’alcool à moindre risque pour la santé.

Des recherches précédentes avaient même démontré que les consommateurs d’alcool modérés (un à deux verres par jour) présentaient un risque légèrement inférieur d’accident vasculaire cérébral et de crise cardiaque que les non-buveurs. Or, une nouvelle étude, publiée dans The Lancet, met à mal l’hypothèse d’un "effet protecteur" de l’alcool modéré.

Utiliser la génétique pour analyser les effets de l’alcool

Dans les populations d’Asie de l’Est, il existe des variantes génétiques réduisant considérablement la tolérance à l’alcool. Les personnes qui en sont dotées réduisent donc leur consommation d’alcool car elles ont une sensation très désagréable chaque fois qu’elles boivent. Ces facteurs génétiques, qui influent sur les habitudes de consommation d’alcool, sont attribués de manière aléatoire à la conception et persistent toute la vie. Les scientifiques se sont appuyés sur ce facteur pour mener leurs travaux.

Les chercheurs de l’université d’Oxford (Royaume-Uni), de l’université de Pékin et de l’Académie chinoise des sciences médicales ont mené une vaste étude sur plus de 500 000 hommes et femmes en Chine. Chaque participant était interrogé sur sa consommation d’alcool et suivi pendant dix ans. Chez plus de 160 000 de ces adultes, les chercheurs ont mesuré deux variantes génétiques (rs671 et rs1229984) qui effectivement réduisent la consommation d’alcool.

Un verre en plus, des risques en plus

Chez les hommes, ces variations génétiques entrainaient des différences de consommation, allant d’environ zéro à quatre verres d’alcool par jour. Les chercheurs ont observé que les variations génétiques diminuaient aussi la pression artérielle et le risque d’accident vasculaire cérébral. Ainsi, d’après leurs conclusions, l’alcool augmente le risque de subir un AVC d’environ 35% pour quatre verres supplémentaires par jour. Il n’ont observé aucun effet protecteur lors d’une consommation modérée.

Les femmes chinoises, elles, consomment généralement très peu d’alcool. Moins de 2% des femmes de l’étude buvaient lors des semaines de suivi, et lorsqu’elles le faisaient, c’était beaucoup moins que les hommes. Ainsi, les variantes génétiques responsables de l’intolérance à l’alcool avaient peu d’effet dans les résultats. Ce qui démontre que les femmes, dans cette étude, forment un groupe de contrôle utile. Cela confirme que les effets de ces variantes génétiques sur le risque d’AVC chez les hommes ont été causés par la consommation d’alcool, et non par un autre mécanisme.

L’alcool, responsable de 8% des AVC en Chine

Une telle étude ne pourrait être menée dans les pays occidentaux car les populations sont très peu dotées de ces variations génétiques. Cependant, les chercheurs estiment que les conclusions tirées sur les effets de l’alcool sont applicables partout dans le monde.

En Chine, les AVC font diminuer l’espérance de vie. D’après l’étude, l’alcool est la cause de 8% des AVC dus à un caillot sanguin dans le cerveau chez les hommes chinois. Et de 16% de tous les accidents vasculaires cérébraux dus à un saignement. "Les AVC sont une cause majeure de décès et d’invalidité. Cette vaste étude collaborative a montré que les taux d’accidents vasculaires cérébraux sont augmentés par l’alcool. Cela devrait aider à éclairer les choix personnels et les stratégies de santé publique", déclare le professeur Liming Li, co-auteur de l’étude.

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