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Perte de poids

Alimentation : manger moins et perdre du poids permettent-ils de vivre plus longtemps ?

C’est l’objet d’une polémique très actuelle, suscitée par une étude publiée dans le journal de l’American Medical Association et qui conclue paradoxalement : « On meurt moins quand on est en surpoids que lorsque l’on a un poids normal ». Un pavé dans la mare des médecins ; un argument qui arrange bien des consciences… Comment en arriver à cette conclusion ?

Alimentation : manger moins et perdre du poids permettent-ils de vivre plus longtemps ? VectorKIF

  • Publié le 07.04.2018 à 16h04
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  • Mise à jour le 07.04.2018 à 19h45
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D’abord l’ampleur du travail. C’est ce que l’on appelle une méta-analyse, c’est-à-dire que les chercheurs compilent des études différentes dont le but n’était pas de répondre à cette question, mais qui en donne les éléments. Ce sont les données de 97 études, concernant presque 3 millions de personnes, qui ont été passées au crible de Katherine Flegal, une épidémiologiste américaine. Les résultats tiennent en un tout petit chiffre, mais qui interpelle bigrement : une baisse de 6 % du risque de mortalité toutes causes confondues.

En fait, on retrouve bien un risque de surmortalité, mais il ne concerne que de très grosses obésités, avec un IMC – voir l’étape qui lui est consacrée – supérieur à 35. Cette étude impose-t-elle de revoir la notion de poids idéal ? La réponse, du professeur Nicolas Danchin, de l’hôpital Georges Pompidou à Paris, un de nos plus brillants cardiologues.

Que penser de cette étude ?

ND : C’est une étude bien faite et qui conclut, c’est une notion très nouvelle, que l’espérance de vie est bien meilleure pour des IMC (voir plus bas)  compris entre 25 et 30 ; Qu’elle est  égale à celle des gens dits « normaux » entre 30 et 35 ; Il faut attendre des valeurs supérieures à 35, c’est-à-dire de vraies obésités, pour voir l’espérance de vie chuter…

Donc un certain degré de surpoids n’est pas mauvais pour la santé !

Il y a donc un paradoxe de l’obésité ? Puisque vous êtes capable de dire que certains gros sont protégés et dans le même temps que l’obésité est un facteur majeur de risque d’infarctus.

ND : Oui, j’en suis conscient, mais ces données sur l’espérance de vie sont incontestables. Tant que cela reste du surpoids, sans rien d’autre… ce n’est pas une mauvaise chose pour la durée de la vie.

Vous percevez cependant les dangers de cette affirmation ; D’une part l’évidence qui consiste à dire que l’idéal serait d’être un « gros pas malade » et de l’autre, l’effet dévastateur pour certains domaines de la médecine, ceux qui lutte au quotidien contre des maladies comme le diabète, et qui passent leur vie à lutter contre le surpoids…

ND : Oui, c’est vrai que l’on ne  doit pas s’en tenir qu’à une vision  « cardiologique ». Mais ces résultats existent et il faut en tenir compte… Il est important aussi de savoir qu'il y a un vrai risque à "déraper" du surpoids vers l'obésité, puis vers la grande obésité : une certaine vigilance s'impose donc malgré tout !

Et il fait quoi de tout cela le « gros » ?

ND : Il se dit que,  s’il se sent  bien dans sa peau, avec un surpoids modéré, il n’a pas à céder au « terrorisme » de la minceur et faire des efforts immodérés pour maigrir.  IL existe clairement un poids protecteur pour des IMC entre 25 et 30 ; Ce n’est d’ailleurs pas incompatible avec le message essentiel qui consiste à demander au gens de bouger et de manger mieux.

Mais pour être totalement honnête, je me suis servi de ces résultats surprenants, pour écrire une tribune dont le vrai message est qu’il faut faire attention aux messages de santé publique que l’on lance, car dans ce domaine on ignore encore beaucoup de choses.

De  manière générale, les raccourcis médiatiques sont  dangereux, surtout en médecine.

L’IMC, bon ou mauvais ?

Il paraît que lorsque l’on demande aux Français comment ils trouvent leur silhouette, un tiers d’entre nous s’estiment trop gros. Au-delà du débat sur la silhouette qu’exige la mode du moment, on ne parle en termes de santé que d’obésité légère, moyenne ou majeure.

Comment mettre des chiffres sur ces définitions ?

C’est une des mesures les plus délicates à faire : calculer son poids idéal. Car il est souvent difficile, même pour un médecin, de juger le poids d’une personne rien que du regard, tant certains paraissent creux et d’autres remplis de métal. La notion de calcul du poids idéal est assez récente. On peut le comprendre : pendant des siècles, l’homme était plus préoccupé à trouver sa pitance quotidienne que par sa courbe de poids.

La plupart des livres de nutrition donnent des tables de poids idéal en fonction de la taille, mais il faut apporter à cela une précision. A partir du moment où la médecine a démontré que l’embonpoint n’était pas bon pour la santé, il n’est pas étonnant que les premiers barèmes de poids idéal aient été l’œuvre… des compagnies d’assurance vie ! Avec, comme on peut s’en douter, une dérive évidente à proposer des objectifs irréalisables, pour pouvoir justifier de primes plus élevées. La ficelle était un peu grosse, mais pourtant les formules qui permettaient de définir ce poids idéal ont eu longtemps la vie dure. D’où, lorsqu’un candidat à la perte de poids effectue ces calculs, un vrai sentiment d’impossibilité et de découragement.

Bien qu’elle ne soit pas totalement parfaite, les médecins du monde entier utilisent désormais une mesure simple, qui s’appelle l’IMC, l’indice de masse corporelle, et qui permet de quantifier l’obésité. C’est une mesure fiable si vous avez de 20 à 65 ans, si vous n’êtes pas un super athlète plein de muscles très lourds, ou bien évidemment une femme enceinte ou qui allaite.

Le calcul est on ne peut plus simple ! Vous commencez par effectuer une première opération : multiplier votre taille par elle-même. Prenons un exemple aisé.

Vous mesurez 2 mètres, ce chiffre sera donc 2 x 2 = 4.

Puis vous divisez votre poids en kilos par ce chiffre. On poursuit l’exemple.

Vous mesurez 2 mètres et pesez 100 kilos, votre IMC est 100 divisé par 4 soit 25.

Si vous avez une calculatrice, c’est encore plus simple : vous entrez votre poids en kilos, vous divisez par votre taille en mètres, vous appuyez deux fois sur « égal » et vous avez votre IMC. En France, car bien évidemment, cela varie en fonction des morphotypes des différents pays :

  • de 18,5 à 25, on est d’une corpulence normale ;
  • de 25 à 30, en surpoids ; on dit « enveloppé » dans le langage courant, ou la version plus drôle : « j’ai les os très lourds » ;
  • de 30 à 35, en obésité modérée ;
  • qui devient sévère au-dessus de 35 ;
  • en dessous de 15, on parle de famine…

Toutefois, les morphologies sont extrêmement variables d’un individu à l’autre. Chacun connaît parfaitement sa morphologie et peut donc adapter à 5 à 10 % près les chiffres qui conviennent.

A vos calculatrices !

 

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