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Avancée médicale

Allergies : la piste d'un nouveau traitement de précision

Par Joséphine Argence

Des scientifiques américains ont découvert comment un type rare de cellules T auxiliaires peut conduire à une réaction allergique. Cette avancée ouvre la voie à de nouvelles approches thérapeutiques destinées aux patients allergiques. 

Kiwis/IStock
Les lymphocytes ou cellules T auxiliaires s’activent lorsqu’elles rencontrent des virus, des bactéries ou d’autres agents pathogènes.
Des chercheurs ont récemment observé que les cellules Th9, un type rare de lymphocytes T, peuvent conduire à une maladie allergique.
Cette nouvelle piste pourrait amener au développement de nouveaux traitements destinés aux patients souffrant d’allergies.

Les lymphocytes T auxiliaires sont essentiels au bon fonctionnement du système immunitaire, car ils s’activent lorsqu’ils rencontrent des virus, des bactéries ou d’autres agents pathogènes. Également appelés cellules T, les lymphocytes accélèrent ensuite la production de  cytokines, des protéines inflammatoires, afin de protéger l’organisme. Les cellules T s'activent donc principalement lorsque leur récepteur reconnaît un antigène, c'est-à-dire une caractéristique spécifique d'identification d'une menace.

Le rôle des cellules Th9 lors des réactions allergiques 

Dans une nouvelle étude publiée dans le revue Nature Immunology, des chercheurs de Pittsburgh (États-Unis) et des National Institutes of Health ont observé que les cellules Th9, un type rare de lymphocytes T, peuvent conduire à une maladie allergique. "Les cellules Th9 sont en quelque sorte le mouton noir des cellules T auxiliaires (…) Elles ont besoin d'une tempête parfaite d'événements pour apparaître, et elles ne vivent pas longtemps, ce qui les rend difficiles à étudier. L'autre particularité des cellules Th9 est qu'elles restent fonctionnelles sans voir leurs antigènes", a expliqué Daniella Schwartz, auteure principale de l’étude et professeure adjointe de rhumatologie à la faculté de médecine de Pittsburgh. 

Lors de cette recherche, l’équipe américaine a souhaité en savoir plus sur la manière dont les cellules Th9 sont activées dans les réponses allergiques. Les scientifiques ont donc mesuré l'IL9, une cytokine produite par les cellules Th9, dans les cellules T de patients touchés par une dermatite atopique, une affection allergique qui provoque une éruption cutanée et des démangeaisons, et dans celles de volontaires sains. 

Les chercheurs ont alors observé que les cellules Th9 des patients atteints par la dermatite atopique réagissaient à l’activation spontanée, mais pas celles des volontaires sains. "Cela nous a appris qu'il existe une sorte de point de contrôle qui empêche l'activation non spécifique des cellules Th9 chez les personnes en bonne santé (…) Chez les patients allergiques, nous avons émis l'hypothèse que le point de contrôle s'effondre, ce qui entraîne la production de cytokines même sans restimuler les cellules avec l’antigène", a précisé Daniella Schwartz. 

Réactions allergiques : de nouvelles approches thérapeutiques étudiées 

Les scientifiques ont ensuite découvert que les cellules Th9 ont un type de régulation différent. Elles sont activées par des facteurs de transcription, appelés STAT5 et STAT6, qui se lient à la région ouverte de l'ADN autour de l'IL9 pour activer le gène. Chez les patients présentant des allergies, l'ADN se referme avec le temps, ce qui arrête la production d’IL9. Or, chez les personnes en bonne santé, ce mécanisme d'ouverture et de fermeture agit comme un point de contrôle pour éviter que les réponses immunitaires ne soient activées en permanence. Lorsque ce point de contrôle s'effondre en cas d'allergie, l'ADN reste donc ouvert, ce qui maintient le gène IL9 activé et favorise l'inflammation allergique.

Au cours de l’étude, les chercheurs ont également examiné les données médicales de patients souffrant d'asthme allergique. Ils ont constaté que les sujets qui présentaient des niveaux plus élevés de cellules Th9 avaient une plus grande activation des gènes liés à STAT5 et STAT6. Aux yeux des responsables de la recherche, cette découverte pourrait permettre d’utiliser les cellules Th9 en tant que biomarqueurs, afin de déterminer les patients susceptibles de répondre aux inhibiteurs de JAK, qui sont actuellement utilisés pour les maladies inflammatoires chroniques. Cette avancée médicale ouvre donc la voie à de nouvelles approches thérapeutiques pour traiter les allergies.