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Parcours de soins

Maladies cardiovasculaires : le Nord-Pas-de-Calais prend en charge les femmes

Aujourd'hui, les femmes sont les premières victimes des maladies cardiovasculaires. Pourtant, leurs spécificités face à ces pathologies sont méconnues.  

Maladies cardiovasculaires : le Nord-Pas-de-Calais prend en charge les femmes SUPERSTOCK/SUPERSTOCK/SIPA

  • Publié le 29.09.2015 à 08h00
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Au cours de ces dix dernières années, les pathologies cardiaques n’ont cessé d’augmenter chez les femmes, alors qu’elles diminuent chez les hommes. Chaque année, en Europe, près d’une femme sur deux meurt d’une maladie cardiovasculaire. Première cause de mortalité – loin devant les cancers –, les maladies cardiovasculaires sont pourtant trop souvent sous-estimées, et les femmes sont les grandes oubliées.
Pour lutter contre ce fléau grandissant, le Pr Claire Mounier-Vehier, cardiologue au CHRU de Lille et présidente de la Fédération Française de Cardiologie (FFC), a lancé en 2013 un parcours de soins multidisciplinaire dédié aux femmes dans la région Nord-Pas-de-Calais.
Un plan mis à l’honneur par Pourquoidocteur à l’occasion de la Journée mondiale du Cœur.

Plus vulnérables, mais moins bien dépistées

« Les femmes se croient protégées par leurs hormones, les œstrogènes. Elles se disent que tant qu’elles ne sont pas ménopausées, elles n’ont pas de souci à se faire », relève le Pr Claire Mounier-Vehier. Or, depuis qu’elles ont adopté les mêmes comportements à risque que les hommes (tabac, alcool), elles sont victimes d’accidents cardiovasculaires, et de plus en plus jeunes. 

Ecoutez...
Claire Mounier-Vehier, cardiologue au CHRU de Lille et présidente de la Fédération Française de Cardiologie : « Certes, la femme est plus sensible aux facteurs de risques, mais elle est plus sensible aux effets protecteurs d’une alimentation riche en fruits et en légumes et à l’activité physique qui est le médicament numéro 1 chez la femme. »


Moins bien protégées des pathologies cardiaques, les femmes sont aussi moins bien dépistées, car elles ne présentent pas les mêmes symptômes que les hommes. Chez ces derniers, une douleur dans le thorax qui irradie dans le bras gauche jusqu’à la mâchoire évoque un infarctus. Mais chez les femmes, les signes d’alerte sont plus subtils et difficiles à identifier. « Chez une femme, ces symptômes sont moins fréquents qu’une douleur d’oppression où elle présentera des difficultés à respirer, voire un essoufflement à l’effort, ou encore des palpitations. Elles se plaignent aussi de douleurs mimant celles d’un ulcère, parfois elles ont des remontées acides. Ces symptômes digestifs sont très particuliers, mais très fréquents chez la femme », détaille le Pr Claire Mounier-Vehier.

 

En outre, moins attentives à ces symptômes annonciateurs, les femmes n’alertent pas immédiatement les urgences lorsqu’elles sont victimes d’un accident cardiovasculaire. En moyenne, elles sont prises en charge une heure plus tard que leurs homologues masculins. « Une succession de pertes de chances pour les femmes », déplore la cardiologue.

Un parcours de soins dédié

Toutes ces spécificités mettent en évidence le besoin de s’occuper autrement du cœur des femmes. Avec le parcours « Cœur, artères et femme », le Pr Claire Mounier-Vehier s’est donnée pour objectif d’améliorer leur prise en charge. Lancé dans la région Nord-Pas-de-Calais en 2013, le plan implique les cardiologues, les gynécologues, les médecins généralistes et du travail ainsi que des pneumologues autour de 3 grandes étapes hormonales clés : la contraception, la grossesse et la ménopause.

Dans ce parcours imaginé avec le Dr Brigitte Letombe, la prise en charge des femmes à risque repose sur la coordination entre les différents spécialistes en lien avec le médecin traitant. Ainsi, si le gynécologue ou le médecin traitant détecte une hypertension, il peut adresser la patiente au cardiologue. A l’inverse, un cardiologue peut diriger une patiente hypertendue qui souhaite avoir un enfant vers un gynécologue afin de débuter au mieux la grossesse.

Ecoutez...
Brigitte Letombe, gynécologue au CHRU de Lille : « En tant que gynécologue, on a la possibilité d’avoir en consultation des femmes qui viennent pour une contraception, parce qu’elle sont enceintes ou encore qu’elles ont une symptomatologie de ménopause. »


Bientôt déployé à l'Hexagone

Aujourd’hui, 500 femmes présentant au moins un facteur de risque (hypertension, diabète, surpoids et obésité ou encore tabagisme) sont suivies dans le cadre de ce parcours et les résultats sont probants, assure la cardiologue. « On a arrêté 20 % de contraceptions inutiles, dépisté des lésions coronariennes et détecté des cancers gynécologiques », indique le Pr Claire Mounier-Vehier.
Malgré ces progrès, tous les professionnels ne jouent pas le jeu, notamment les cardiologues masculins. Une inertie qui ne décourage pas la présidente de FFC.

« En février 2016, je mettrai en place une commission nationale Cœur de femme afin que le parcours de soins coordonné soit diffusé à l’échelle nationale. Le but est qu’il ne reste pas confidentiel, confie celle qui parcourt les colloques, les congrès et les formations professionnelles pour présenter son circuit de soins.
Pour le moment, seules Lille, Valenciennes et Douai ont mis en place le parcours « Cœur, artères et femme ». Elles pourraient prochainement être rejointes par le groupe hospitalier Saint-Joseph à Paris.

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