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Anorexie mentale à début précoce : «L’activité physique problématique est un symptôme fréquent»

Dans l’anorexie mentale prépubère, l’activité physique problématique est en lien avec une dysrégulation des hormones impliquées dans la régulation de l’appétit.

Anorexie mentale à début précoce : \ LumineImages/iStock




L'ESSENTIEL
  • L’activité physique problématique (APP) semble être un trait caractéristique de l’anorexie mentale à début précoce dans un grand nombre de cas, voir un symptôme cardinal du trouble.
  • Elle est liée à une dysrégulation des hormones leptine-ghréline.
  • Ce symptôme fréquent est associé à un trouble du comportement alimentaire plus sévère, plus de comorbidités, à un impact corporel, endocrinien et psychologique négatifs.

Prise de poids plus sévère et plus rapide, incapacité à avaler, restriction hydrique, nausées… Ces signes peuvent indiquer une anorexie mentale à début précoce (AMP). Cependant, "l’activité physique problématique (APP), qui peut être volontaire ou involontaire et compulsive, est aussi un symptôme fréquent" de ce trouble rare. C’est ce qu’a précisé Briac Daniel, interne en psychiatrie à l'Hôpital Robert-Debré (Paris), lors des "Endocrinolympiades" organisées par la Société Française d’Endocrinologie le 5 avril. En effet, elle est présente dans 30 à 80 % des cas.

L’activité physique problématique, un symptôme annonciateur de la survenue d’un TCA

"L’activité physique est jugée problématique lorsque les enfants font du sport à outrance et que cela met en danger leur santé. Par exemple, un de nos patients faisait des jumping jacks jusqu’à faire un malaise vagal. Certains étaient sans cesse en position de gainage. On les appelle les champions de la planche ! En clair, ces jeunes, qui sont dénutris, n’arrivent pas à rester assis ou allongés, sauf durant leur sommeil. C’est plus fort qu’eux", a expliqué Coline Stordeur, psychiatre de l'enfant et de l'adolescent à l’Hôpital Robert-Debré. Elle a signalé qu’en cas d’anorexie mentale prépubère, on ne parle pas d’hyperactivité, car "les patients touchés à la fois par l’AMP et le trouble déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) sont rares. À l’hôpital, on n’a que deux patientes dans ce cas."

Selon Briac Daniel, l’activité physique problématique est associée à des marqueurs de sévérité des troubles du comportement alimentaire (TCA). "On observe une vitesse de perte de poids plus importante, une hospitalisation plus longue et un frein à la renutrition. Les patients souffrent aussi de symptômes anxieux, dépressifs et de troubles du sommeil." L’APP a également des conséquences sur l’évolution de l’anorexie mentale prépubère à long terme. "Il y a plus de rechutes et plus de chronicisation, un moins bon pronostic et une moins bonne qualité de vie." En cas d’activité physique problématique, les deux pédopsychiatres ont rapporté plus d’aménorrhée secondaire, une baisse des taux d’hormones thyroïdiennes et gonadotrophines, des risques plus élevés de maladies cardiovasculaires et d’ostéoporose, "quels que soient l’IMC ou l’âge".

AMP : une dysrégulation des hormones leptine-ghréline en cause

Pour déterminer comment l’activité physique problématique survient, les spécialistes ont émis deux hypothèses physiopathologiques. "Une expérience menée sur des rongeurs montre que la restriction alimentaire entraîne une réduction des apports alimentaires associés à une hausse de l’activité physique." Dans le cadre de l’hypothèse hormonale, les médecins ont constaté que l’APP provoquait une baisse des taux de leptine et une hausse des taux de ghréline. "Chez les animaux, l’activité physique problématique combinée à une injection de leptine entraîne une disparition du comportement hyperactif !" Ainsi, l’APP est en lien avec une dysrégulation des hormones leptine-ghréline. En ce qui concerne l’hypothèse comportementale, les pédopsychiatres ont observé que les patients souffrant d’AMP présentaient une addiction à l’activité physique. "C’est une conséquence d’une tendance à utiliser le sport comme un moyen de gestion émotionnelle."

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