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Comment la crise sanitaire a bouleversé l'industrie agro-alimentaire française

Si la crise économique liée au coronavirus risque de freiner les bonnes habitudes alimentaires prises par les Français pendant le confinement, ce dernier aura malgré tout eu le mérite de faire bouger les choses au niveau de l’industrie agro-alimentaire, analyse Sylvain Zaffaroni, co-fondateur du média engagé Pour Nourrir Demain. 

Comment la crise sanitaire a bouleversé l'industrie agro-alimentaire française industryview/iStock




L'ESSENTIEL
  • L'industrie agro-alimentaire a permis aux Français de continuer à s'approvisionner durant le confinement
  • Un spécialiste note un retour des circuits courts dans ce secteur
  • L'autre effet de la crise est une avancée du bio et des productions plus vertueuses sur le plan environnemental

Le confinement a poussé les Français à consommer de manière plus responsable. Selon un sondage OpinionWay pour Max Havelaar, réalisé à la veille du 11 mai, pour 69% des Français cette crise est "l’illustration qu’il faut changer nos modes de consommation pour des produits plus responsables (locaux, bio, équitables, sans emballage etc.)". Mais consommer mieux a un coût et, avec la crise économique qui s’amorce, il se peut que ces nouvelles bonnes habitudes ne durent pas très longtemps. En effet, d’après une autre étude (PwC France réalisée avec Kantar), dorénavant, la majorité des Français (43%) comptent faire du prix leur principal critère de décision quand ils iront au supermarché. Mais pour Sylvain Zaffaroni, co-fondateur de Pour nourrir demain, média créé en 2015 avec pour objectif d’apporter des solutions pour une meilleure alimentation en France, si la crise freine les bonnes résolutions des consommateurs, elle aura malgré tout eu le mérite de changer la donne au niveau de l’industrie agro-alimentaire.  

Au moment du confinement, « l’industrie agroalimentaire française, ainsi que beaucoup de PME et d’artisans, ont su faire face en quelques jours. Ces derniers ont dû changer leurs façons de produire, activer des systèmes de logistiques, faire des partenariats avec la distribution alors qu’ils étaient en guerre avant la Covid. Résultat : il n’y a pas eu de pénurie autre que celle provoquée par les gens qui se sont affolés et ont vidé les rayons. C’est quand même à noter », rappelle Sylvain Zaffaroni à Pourquoi Docteur.

« L’agro-alimentaire, c’est complexe », insiste-t-il. « Avant qu’un produit arrive dans les rayons, il y a des centaines d’étapes et tout cela s’est fortement raccourci en quelques jours ». Désormais, « les Français seront plus reconnaissants envers l’agriculteur », espère-t-il, rappelant que de nombreuses marques « souvent nationales, ont aussi su faire face ». Pour le spécialiste, celles « qui ont été le plus réactives face à la Covid sont celles qui produisent en France comme Alpina Savoie, qui fait ses pâtes en Savoie et a un système d’emballage dans les Pays de la Loire, par exemple ». « Notre système a beau ne pas être parfait, il a permis de nourrir tout le monde dès le premier jour du confinement », poursuit-il.

La crise sanitaire a donné aux marques « l’envie d’être plus vertueuses »

Aussi, si la crise sanitaire devrait ralentir les innovations de produits en tant que telles dans les mois à venir, cela devrait au contraire améliorer le processus de production en amont. « Les marques vont essayer d’anticiper les crises à venir, sanitaires ou économiques. Cet événement a accéléré leur envie d’être plus vertueuses, de mettre en place des usines éco-conçues qui utilisent moins d’énergie, de réduire les emballages, d’être plus en phase avec le consommateur… Aujourd’hui, les marques veulent éviter d’avoir appel à la Chine. Il est en train de se produire ce qui est arrivé après la Seconde Guerre mondiale : on veut produire français pour les Français. Le changement de système aura d’ailleurs un impact écologique car il va générer beaucoup moins de transports et des cultures beaucoup plus raisonnées », argumente Sylvain Zaffaroni.

Ce dernier et Marion Mashhady, avec qui il a fondé Pour Nourrir demain, comptent d’ailleurs lancer une communauté du même nom pour faire « travailler les marques ensemble avec des experts pour construire une meilleure alimentation » à partir du mois de juin. « Nous avons casté 18 marques que l’on connaît et que l’on sait sincères pour aller vers alimentation plus positive en France. Comme D’aucy qui passe en agro-écologie et compte passer au bio dans les cinq prochaines années ou Fleury Michon qui va intensifier la filière du bio en France… Il s’agit de projets qui étaient déjà lancés avant le Covid mais la crise les a accélérés », explique l’expert. « Aujourd’hui, les changements sont tellement violents que les marques doivent s’entraider. L’idée est donc de les faire travailler ensemble avec des experts, de leur demander une fois par mois de s’allier ensemble autour d’une nouvelle thématique, telle que « Comment réduire l’emballage » par exemple. Ce programme devrait durer un an. Puis, on verra si cette façon de travailler et d’échanger peut vraiment changer le monde de l’industrie agroalimentaire », détaille-t-il.

Dans leur volonté d’être plus vertueuses, les marques pourront, on l’espère, compter sur le soutien des Français qui le pourront. Selon l'étude PwC France/Kantar, 36% des Français comptent désormais privilégier les commerçants ayant œuvré positivement dans la lutte contre le coronavirus et 26% veulent se montrer solidaires des commerçants qui ont souffert. Enfin, que l’alimentation de demain soit bio ou pas, elle se devrait se recentrer surtout sur les produits basiques et bruts. Le confinement a redonné l’envie de cuisiner à de nombreuses personnes. Dans la crainte d’une seconde vague, celles-ci devraient continuer, pendant quelques mois au moins, à acheter beaucoup de farine, d’œufs et de légumes à éplucher, pas forcément plus chers, bien au contraire. Ainsi, « nous allons être dans l’écho ce qui a été fait pendant le confinement pendant longtemps », prédit Sylvain Zaffaroni.

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