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Coronavirus : la crise sanitaire a-t-elle changé les habitudes alimentaires des Français ?

Si de nombreux français se sont mis à consommer plus bio et local pendant le confinement, ces habitudes ont changé davantage par contrainte que par choix. Il n'est pas certain qu'elles perdurent à long terme, une fois l'angoisse du virus passée, analyse Sylvain Zaffaroni, cofondateur de Pour nourrir demain, interrogé par Pourquoi docteur. 

Coronavirus : la crise sanitaire a-t-elle changé les habitudes alimentaires des Français ?  kasto80/iStock




L'ESSENTIEL
  • De nombreux français se sont mis à consommer bio et local pendant le confinement.
  • Souvent, ces habitudes ont été prises plus par contrainte que par choix.
  • Désormais, un pouvoir d'achat en berne risque de modifier la tendance.
  • Pour Sylvain Zaffaroni, co-fondateur du média engagé "Pour Nourrir demain", il faut aujourd'hui privilégier le brut.

La crise du coronavirus a-t-elle poussé les Français à consommer plus bio et local ? Selon une enquête Nielsen, la première semaine du confinement, le bio a enregistré une hausse de 63% par rapport à 2019, contre +40% pour les produits traditionnels. La semaine d’après, la hausse s’est poursuivie avec +49%. L'Institut de recherche et d’innovation (IRI) a également observé cet essor du bio depuis le début de la pandémie (+13%). Pour Sylvain Zaffaroni, cofondateur de Pour nourrir demain, média engagé “pour influencer positivement l’ensemble des maillons de la chaine agro-alimentaire pour nourrir demain !”, à l’initiative d’une communauté du même nom, “la crise sanitaire a fondamentalement changé les habitudes des Français sur le local et le bio sur la durée du confinement”. Toutefois, “ce changement a été fait davantage par contrainte”, nuance-t-il auprès de Pourquoi docteur.

Avant, les personnes qui consommaient local le faisaient car cela les rassurait : elles voulaient diminuer leur impact carbone et faire travailler les petits artisans ou les agriculteurs français. Pendant le confinement, les achats locaux ont été justifiés par la proximité : les Français se sont rapprochés des magasins les plus proches de chez eux”. Qui plus est, les petits producteurs n’ont pas souffert de pénurie de produits quand certains supermarchés manquaient de denrées de base.

Quant au bio, toutes les personnes qu’on a interrogées qui s’y sont mises pendant le confinement ont été poussées par la contrainte sanitaire et la peur du virus. Le fait de se dire que les aliments étaient cultivés sans pesticides les rassuraient. Les gens ont voulu se protéger en mangeant mieux. Donc finalement, dans les deux cas, ces habitudes ont été prise de manière contrainte et forcée”, argumente le spécialiste. C’est pourquoi, ce dernier ne mise pas sur un changement des habitudes dans la durée. Pour lui, “les nouveaux réflexes adoptés pendant le confinement vont continuer tant qu’il y aura la peur de virus mais à moyen ou à long terme, il est peu probable que l’usage du bio et du local continuent à croître de la sorte”.

Un déconfinement à deux vitesses 

D’autant plus qu’à la crise sanitaire, se superpose la crise économique. Selon un sondage Odoxa paru le 10 mai, 24% des Français craignent aujourd’hui pour leur emploi. Qui plus est, interrogés sur le principal critère qui orientera désormais leur achats alimentaires, 43% des sondés ont répondu “le prix”, selon une enquête PwC réalisée avec Kantar, réalisée également à la veille du déconfinement. Cette réponse a ainsi pris le devant sur “une consommation française” (32%) et “une composition saine et/ou bio” (20%).

On va bientôt assister à un problème de pouvoir d’achat. Or, consommer bio coûte cher” (30% du budget en plus en moyenne), commente Sylvain Zaffaroni. Et, même pendant le confinement, si l'achat de bio et de local a largement augmenté, on a aussi assisté à une explosion de la consommation de boîtes de conserve. De la mère de famille surmenée avec ses quatre enfants à la maison à l’étudiant seul dans son studio à Paris, il y a eu autant de confinements que de Français.

Chaque confiné était différent en fonction de sa situation géographique ou familiale. Le seul point commun observé au début chez tout le monde c’était la peur de la pénurie. Tous les Français se sont rués sur les produits basiques bruts comme la farine et les œufs et, globalement, dans les premières semaines du confinement, chacun s’est mis à cuisiner ou même à essayer de faire son pain”, poursuit l’expert. Puis, la situation s’est délitée en fonction des capacités individuelles. “De nombreuses familles ont notamment dû essayer de pallier au fait de ne plus avoir de cantine pour les enfants ou de restauration d’entrepris”, détaille-t-il.

Se recentrer sur les produits bruts

Toutefois, bio ou pas bio, une chose est sûre : à l’heure actuelle, le brut est à privilégier. En effet, rappelons que les aliments les moins transformés, les plus sains et les plus vertueux (sans packaging par exemple) sont aussi souvent les moins cher. “Recentrons-nous sur les recettes qui ont fait que nos grands-parents se suffisaient à eux-mêmes avec les éléments-clés d’une cuisine familiale saine. Il faut aussi se faire plaisir avec des sorties au restaurant mais à la maison, il faut que les gens rachètent des produits à éplucher”, insiste Sylvain Zaffaroni. “L’alimentation a un coût et la qualité ont un coût : c’est à nous d’aller chercher des petits producteurs et de cuisiner. C’est un effort qui n’est pas accessible à tout le monde pour des raisons de temps ou d’énergie mais il n’y a pas de secret : il faut revenir au basique”, conclut-il.

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