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Réponse immunitaire

Cancer : comment prédire l'efficacité de l'immunothérapie

De petites structures autour des tumeurs pourraient jouer un rôle important dans la réponse immunitaire au cancer. A terme, ces découvertes pourraient aider à prédire l’efficacité des traitements par immunothérapie et ne pas exposer inutilement les patients aux effets secondaires. 

Cancer : comment prédire l'efficacité de l'immunothérapie Rostislav_Sedlacek/iStock




Ces dernières années, le cancer n’a pas arrêté de progressé dans le monde. Selon le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), un homme sur cinq et une femme sur six développeront un cancer au cours de leur vie et un homme sur huit et une femme sur onze en mourront. Quand un cancer est diagnostiqué, il est traité par radiothérapie, chimiothérapie ou par immunothérapie. Depuis quelques temps, cette technique qui consiste à essayer de déclencher une réponse immunitaire du corps contre les cellules cancéreuses, est de plus en plus utilisée. Malheureusement, elle n’est efficace durablement que chez 25% des patients en moyenne et varie grandement d’un cancer à un autre. 

Aujourd’hui, des équipes d’équipes internationales ont découvert, grâce à trois études différentes, que de petites structures autour des tumeurs pourraient jouer un rôle important dans la réponse immunitaire au cancer. A terme, leurs découvertes pourraient aider à prédire l’efficacité des traitements par immunothérapie et ne pas exposer inutilement des patients à leur toxicité (les malades se plaignent notamment de troubles cutanés, de fatigue, de constipation, d’une perte d’appétit ou encore d’œdèmes). Les trois études sont parues simultanément le 15 janvier dans la revue Nature.

Jusqu’ici, pour identifier des marqueurs prédisant la réponse immunitaire au cancer, les chercheurs se focalisaient surtout sur les lymphocytes T, des globules blancs chargés de reconnaître et d'attaquer les cellules infectées ou cancéreuses. Cette fois-ci, les scientifiques se sont concentrés sur les lymphoïdes tertiaires (SLT), agrégats de cellules dans l'environnement immédiat des tumeurs.

“Les lymphocytes B pourraient jouer un rôle antitumoral”

En analysant 608 tumeurs de patients atteints de sarcome des tissus mous, des chercheurs ont découvert qu’une “réponse immunitaire antitumorale s’initiait” au sein des SLT. Ces dernières fonctionnent comme “des usines ou des écoles” où les cellules immunitaires apprennent à reconnaître les cancéreuses, explique à l’AFP Wolf Fridman, professeur d'immunologie à l'université de Paris, qui a co-dirigé cette étude.

Ces agrégats de cellules sont riches en lymphocytes B, les globules blancs qui produisent les anticorps. Cela montre “que les lymphocytes B pourraient jouer un rôle antitumoral”, expliquent l'Inserm, l'université de Paris et l'université de la Sorbonne, dont sont issus les chercheurs de l'équipe du professeur Fridman, dans un communiqué. Jusque-là, l’abondance de lymphocytes B était plutôt vu comme un signe de mauvais pronostic chez une personne cancéreuse.

Ces résultats préliminaires “apportent un nouvel espoir pour le traitement des sarcomes des tissus mous”, qui se développent dans les muscles, les tissus graisseux ou les vaisseaux sanguins et les nerfs, car ils sont “particulièrement résistants aux traitements classiques”, développe le communiqué.

“Ces résultats ouvrent un tout nouveau domaine”

Dans une autre étude co-signée par l’équipe de Fridman et réalisée par l’université du Texas (Etats-Unis), des chercheurs ont analysé des échantillons de patients atteints d'un mélanome avancé ayant reçu un néoadjuvant, ou des inhibiteurs de contrôle pré-chirurgicaux. Ils ont alors “mis en évidence que les lymphocytes B sont plus que de simples spectacteurs et contribuent eux-mêmes, de façon significative, à la réponse immunitaire antitumorale.”

“Ces résultats ouvrent un tout nouveau domaine — que les cellules B sont en fait de grands moteurs dans l'immunothérapie du cancer, en particulier le blocage des points de contrôle, explique l’autrice correspondante Jennifer Wargo, professeur de médecine génomique et d'oncologie chirurgicale. Cela pourrait nous conduire à des biomarqueurs importants pour la réponse à la thérapie ainsi qu'à de nouvelles options thérapeutiques potentielles”, se félicite la chercheuse qui a également collaboré à la troisième étude, dirigée par Göran Jönsson et des chercheurs de l'université de Lund (Suède). 

Dans cette dernière, les scientifiques ont analysé un groupe de patients atteints de mélanome métastatique. Au cours de leurs expériences, ils ont également observé l’importance des cellules B au sein des structures lymphoïdes. Ainsi, les cellules B pourraient produire des anticorps spécifiques aux tumeurs qui pourraient être utilisés pour de futurs traitements ayant pour but d’améliorer le blocage des points de contrôle. A terme, la recherche pourrait permettre à davantage de patients de bénéficier de l'immunothérapie, “en mettant au point un traitement qui augmente la formation des SLT”, espère Göran Jönsson.

“Améliorer l’efficacité de l’immunothérapie du cancer chez tous les patients”

Si les chercheurs ignorent encore pourquoi ces structures se forment dans certaines tumeurs et pas dans d’autres ni quel est le rôle exact des lymphocytes B dans le succès de l’immunothérapie, ces résultats pourraient commencer par aider à choisir quels patients seront traités de la sorte. Et ce, “grâce à un simple test permettant d'identifier ceux ayant des tumeurs immunologiquement riches”, note l’Inserm sur son site. Ainsi donc, ces travaux “pourraient être utilisés pour améliorer l'efficacité de l'immunothérapie du cancer chez tous les patients”, s’enthousiasme Lawrence Young, directeur du Cancer Research Centre de l'université de Warwick (Royaume-Uni), extérieure à ces études.

En février 2019, une analyse réalisée par l’Institut Curie (France) avait montré que l’immunothérapie avait des résultats durables pour 25% des patients. En effet, selon les résultats de 19 recherches internationales menées sur 11 640 malades, entre 12 et 39 % des personnes soignées par immunothérapie ont une réponse durable au traitement, soit une moyenne d’un quart.

On parle d’une réponse durable quand la durée de survie sans progression du cancer est trop fois plus longue que la durée de survie médiane sans progression du cancer pour la totalité des patients. Dans le cas des traitements par chimiothérapie ou thérapie ciblée, le taux de réponse durable est de 11 %. Par ailleurs, 30 % des patients soignés par immunothérapie ont une durée de survie deux fois plus importante que la moyenne. Pour les autres traitements, ce taux est de 23 %. 

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