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L'avis de l'experte

Rencontres d'été : comment composer avec leur caractère éphémère ?

Illustrations parfaites du caractère éphémère des instants qui constituent notre vie, les rencontres d'été renvoient à la notion de perte au sens large, qu'il s'agisse de celle d'un emploi, d'un logement ou d'une amitié. Psychothérapeute, coach et conférencière, Nadine Sciacca nous livre ses clés pour accepter au mieux les "au revoir".

Rencontres d'été : comment composer avec leur caractère éphémère ? bernardbodo/iStock

  • Publié le 22.06.2021 à 12h00
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- Comment gérer le caractère éphémère des rencontres faites en vacances ou en voyage ?

Nadine Sciacca : Cette question me fait penser aux stoïciens, à Marc Aurèle, Épictète, et la sagesse de leur philosophie. Elle consiste à faire ce qui dépend de nous dès qu'on le peut, que l'on a de la marge de manœuvre, mais à lâcher prise quand on n'en a aucune. Qu'elle soit amicale ou amoureuse, si une rencontre a priori éphémère semble importante dans notre vie, il ne tient qu'à nous d'entretenir la relation d'une manière ou d'une autre, même si l'on ne vit pas dans la même ville ou le même pays. Confinements mis à part, on a tous les outils pour : la possibilité de se déplacer, d'échanger par messages, de s'appeler… Il n'y a pas de fatalité ni d'obligation à dire adieu. En revanche, il est aussi possible que la rencontre soit assez superficielle, comme un vin d'été rafraîchissant, auquel cas se dire au revoir n'est pas forcément triste.

- Une fois sorties de leur contexte, ces rencontres ne perdent-elles pas en saveur ? 

Si elles sont vraiment belles, elles survivront au changement de cadre. Pour reprendre mon exemple, quand on revient chez nous avec nos vins frais d'été, on sait qu'ils ne nous tenteront pas au cœur de l'hiver. En revanche, quelle que soit la saison, les grands vins sont toujours savoureux ; tout dépend de l'importance des rencontres.

- Comment savoir si elles comptent réellement ?

Il y a des personnes au sujet desquelles on se dit assez rapidement qu'elles deviendront des amies de toute une vie, par exemple. Ce sont des cadeaux rares, mais, lorsque l'on se connaît bien, on se rend compte assez rapidement d'une rencontre majeure, surtout si l'on écoute son intuition, son cœur. Quand on est très cartésien, il arrive qu'on ne le fasse pas suffisamment. L'inconscient, qui représente 80% de l'activité du cerveau, capte tout un tas de signaux, d'informations, que le conscient ne peut percevoir. C'est pour cela qu'il nous arrive de penser : "Je ne le sens pas, mais je ne saurais pas dire pourquoi". L'inconscient, lui, le sait : notre intuition peut être une bonne boussole, notamment en matière de relations interpersonnelles.

- De par leur caractère éphémère, les rencontres d'été questionnent notre rapport à la perte plus largement, qu'il s'agisse de celle d'un logement, d'un emploi, d'une amitié… Comment l'accepter ? 

En se remémorant que ce que l'on a vécu nous a nourri, que c'est en nous, que ça fait partie de qui on est, donc qu'on ne le perd pas totalement. Globalement, l'humain n'aime pas le changement. L'incertitude est stressante pour l'organisme : le manque de visibilité crée de la charge mentale car le cerveau est câblé pour essayer en permanence d'anticiper ce qu'il se passera demain. Si on n'a pas de visibilité, il mouline un peu à vide, ce qui est épuisant. De fait, le moment le plus dur est celui où l'on a conscience que l'on va perdre quelque chose mais que l'on ne sait pas encore quand. Au moins, lorsque l'on est réellement confronté à la perte, on n'essaie plus de faire des plans de manière infructueuse : on vit et on gère.

- Plutôt qu'anticiper la perte, ne vaut-il pas mieux apprendre à profiter davantage de l'instant présent ?

Si, tout à fait : là encore, je pense qu'il est bon d'adopter la philosophie stoïcienne. La méditation peut aussi être une bonne alliée. En remusclant notre attention, elle nous permet d'être beaucoup plus ancrés dans ce que l'on vit à un instant T, de calmer un petit peu notre cerveau, qui rumine et ressasse constamment ce qui a été vécu pour essayer d'en tirer des leçons. Ce fonctionnement était très adapté à nos ancêtres du paléolithique, qui évoluaient dans des environnements dangereux, mais moins à nos vies modernes, confortables. De manière générale, je trouve que la méditation est une bonne réponse à des maux contemporains comme la dispersion, ou le fait de mettre un couvercle sur ses émotions.

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