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Stress post-traumatique… même le ministre de la Santé

François Braun, l'un des premiers urgentistes arrivés sur les lieux après l'attentat contre Charlie Hebdo en 2015, a confié avoir fait un infarctus le lendemain. Même le ministre de la Santé n’échappe pas au stress post-traumatique…

Stress post-traumatique… même le ministre de la Santé demaerre / iStock

  • Publié le 21.07.2022 à 13h00
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C’était le 7 janvier 2015. Notre nouveau ministre de la Santé est aussi le président de Samu-Urgences de France ; il sera donc un des premiers à intervenir au siège de Charlie Hebdo après l’attaque terroriste qui allait faire huit morts parmi la rédaction du journal satirique.

Il n’oubliera “jamais”, confie-t-il dans une interview au Figaro. D’autant que son corps va lui rappeler très vite cette intervention dramatique sous la forme… d’un infarctus qui le frappera le lendemain. Un accident qui le marquera à vie.  Dans une récente interview accordée au Parisien, il confie : “Je ne peux pas oublier, ne serait-ce que par les médicaments que je dois prendre tous les matins…”.

Rien d’extraordinaire : 600 000 Français sont victimes, chaque année, des conséquences psychologiques d’un événement stressant. Avec des conséquences graves qui pourraient pourtant être évitées.

Il n’y a pas de différence entre notre ministre, le rescapé d’un tsunami, le miraculé d’une grosse chute de ski et une grand-mère qui s’est fait braquer son sac au coin d’une rue. Tous souffrent d’une maladie que la médecine appelle le « SSPT* », acronyme d’origine anglo-saxonne qui définit les conséquences du stress post-traumatique, en clair, tout ce qui découle de la rencontre avec l’immédiateté de sa propre mort. C’est un problème de santé publique insoupçonné en raison d’un mauvais dépistage, d’une prise en charge encore balbutiante, et d’une méconnaissance des conséquences qui en découlent. Constat terrible, d’autant que ceux qui doivent bénéficier de ce dépistage ne sont pas que les victimes évidentes de catastrophes, mais aussi toutes celles ou ceux qui, à tort ou à raison, se sont sentis menacés, que ce soit par la maladie, la nature ou la société. 

Les psychiatres définissent trois situations qui n’ont pas les mêmes conséquences en termes de développement du SSPT : 10 à 20% de risque en cas de catastrophes naturelles, 20 à 40% pour celles dites d’origine humaine, comme les accidents de la route, et 80, voire 100%, pour les agressions sexuelles graves ou les prises d’otage. Une fréquence qui nécessiterait un repérage systématique, dès l’accueil aux urgences, avec la recherche d’un signe simple et constant : la déconnexion de la pensée, en particulier une incapacité à ressentir réellement la blessure... Par manque de psychiatres, cet examen, qui pourrait être délégué aux infirmiers, n’est la plupart du temps pas effectué.

Si aucun traitement n’est institué, le SSPT se manifeste rapidement, au bout de quelques semaines, par trois types de symptômes : cauchemars avec répétition de l’accident, manifestations pseudo-dépressives, en particulier l’évitement du sujet, enfin une vigilance ou une méfiance inhabituelle. Les conséquences à long terme sont, à tort, rarement rattachées à l’accident. Pourtant, on sait que c’est le cas de nombreuses dépressions, prises de stupéfiants, ou résistances aux médicaments contre la douleur. On estime, par exemple, que 80% des prises de drogues importantes sont la conséquence de ce type d’accidents. Des données très récentes montrent que le risque de suicide est multiplié par 6.

Désormais, il faut rechercher le traumatisme antérieur dans de nombreuses souffrances inexpliquées. Agir dès les premières heures est simple et efficace. Moins avec des médicaments qu’avec des techniques centrées sur le traumatisme psychique et qui font appel à la réexposition au souvenir et un travail psychologique sur l’événement traumatique. Il faut mettre des mots sur les images… C’est la seule méthode qui ait réellement prouvé son efficacité. Malheureusement, en France, moins d’un traumatisé sur deux rencontre un médecin susceptible de prendre des mesures efficaces.

Aujourd’hui, avec François Braun à l’avenue de Ségur, on peut espérer que les choses puissent changer…

 

* syndrome de stress post-traumatique

 

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