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Coronavirus

Les lieux de contamination encore méconnus de la Covid-19

Avec une circulation en hausse du virus, l’identification des lieux de contamination est primordiale. Pointés du doigt, les foyers de transmission, les clusters, ne représentent que 10% des infections à la Covid-19. Pour le reste, les défauts du système de traçage empêchent de déterminer où elles ont lieu.

Les lieux de contamination encore méconnus de la Covid-19 yusufozluk/iStock




L'ESSENTIEL
  • Sur les 16 747 nouvelles contaminations cette semaine, 1 300 viennent de clusters.
  • La durée d’incubation du virus de 15 jours rend l’identification du lieu d’infection impossible.
  • La stratégie de dépistage, ou plutôt l'absence de stratégie, est aussi pointé du doigt.

Le coronavirus poursuit sa percée sur notre territoire avec 16 747 nouvelles contaminations cette semaine, selon des données de Santé publique France. Pour endiguer cette propagation, il est important d’identifier où ont lieu ces nouvelles infections à la Covid-19. Les clusters, les foyers de transmission où trois cas au moins de Covid-19 apparaissent en sept jours dans un même lieu, sont régulièrement pointés du doigt alors qu’ils ne représentent que 10% des infections. Pour preuve, sur les 16 747 nouvelles contaminations, 1 300 sont issues de foyers épidémiques. Au total, il y a actuellement 892 clusters en France.

Un manque de personnel

Aucune donnée ne permet d’identifier où ont lieu 90% des infections. “Je ne sais pas où on se contamine dans ma ville ni comment le virus circule”, admet ­Fabrice ­Giraud, directeur de la Santé publique à Aubervilliers, au Journal du Dimanche (JDD). “Il faut arrêter de fantasmer sur les clusters, c'est la partie émergée de l'iceberg, poursuit ­Alexis ­Hautemanière, médecin épidémiologiste à l'hôpital d'Avranches-Granville. Aujourd'hui, l'immense majorité des contaminations sont sporadiques et on ne sait pas où elles se produisent. Il y a une grosse faille dans le traçage.” Pour un traçage efficace, le gouvernement a lancé début juin l’application StopCovid pour identifier plus facilement les personnes atteintes par la Covid-19. Près de trois mois plus tard, cette application est un échec et a été trop peu utilisée avec seulement 2,3 millions de téléchargements et 81 notifications envoyées.

Derrière l’application, le traçage mené par les autorités de santé est largement insuffisant. Les caisses primaires d'Assurance maladie des départements sont chargées de retracer les contacts à risque des cas positifs en lien avec les médecins généralistes. Problème, la durée d’incubation du virus de 15 jours rend l’identification du lieu d’infection impossible. La personne positive peut s’être infectée n’importe où durant cette période, que ce soit au travail, dans les transports, chez des amis, au restaurant… “C'est surtout qu'ils manquent de temps et de bras, replace une source hospitalière au JDD. Ils font la liste des contacts, mais n'ont pas le temps d'aller chercher pourquoi et où l'on se contamine. Ça, c'est faisable quand on a quelques centaines de cas par jour et beaucoup de monde sur le terrain. En ce moment, on a des milliers de cas par jour et très peu de gens sur le terrain. C'est l'une des raisons du port du masque généralisé : on suspecte que n'importe qui peut nous contaminer n'importe où, à n'importe quel moment.” Sur les 30 000 personnes souhaitées sur le terrain par le conseil scientifique, seules 7 000 sont mobilisées.

Pas de stratégie de dépistage

La stratégie de dépistage est l’autre point qui empêche de connaître les lieux de contamination à la Covid-19. “À l’heure actuelle, les tests de dépistage du Covid-19 se font sans aucune stratégie identifiable, lance l’épidémiologiste Catherine Hill au Monde. (…) Les personnes les plus probablement positives ne sont pas particulièrement incitées à se faire dépister. Ce n’est pas ainsi que l’épidémie va être contrôlée.” Plusieurs voix s’élèvent pour réclamer un dépistage plus ciblé pour plus d’efficacité. “On voudrait des statistiques de façon géographique pour orienter des dépistages ciblés, avance au JDD ­Jacques ­Battistoni, président du syndicat des médecins généralistes MG France. Il faut faire des enquêtes qui nous permettent d'évaluer l'origine des cas. On a un réseau de 50 000 médecins répartis sur toute la France, qui vont être consultés. Ça serait vraiment dommage de ne pas l'exploiter pour faire de l'épidémiologie de qualité.”

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