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Transplantation

Chirurgie : la première double greffe des mains a 20 ans

Il y a 20 ans, le 13 janvier 2000, une équipe du CHU de Lyon réalisait avec succès la première double greffe des mains. Retour sur prouesse chirurgicale qui a ouvert la voie à des interventions similaires.

Chirurgie : la première double greffe des mains a 20 ans monkeybusinessimages/iStock




Rappelez-vous : il y a vingt ans, le 13 janvier 2000, était réalisée la première double greffe des mains à l’hôpital Édouard-Herriot, à Lyon. Le patient : Denis Chatelier, 33 ans. Cet ancien peintre en bâtiment, marié et père de deux enfants, avait perdu ses deux mains en 1996, alors qu’il manipulait une fusée artisanale.

Une opération très lourde

Réalisée par le professeur Jean-Michel Dubernard et son équipe, l’intervention avait duré dix-sept heures. Elle avait nécessité la mobilisation de près de cinquante soignants, dont dix-huit chirurgiens. Interrogé par RTL, celui-ci se souvient du défi que représentait l’opération à l’époque. “Premièrement le défi immunologique, ou comment empêcher le rejet des tissus qui composent la greffe. Deuxièmement le défi technique : j'ai monté pour l'opération une équipe internationale de microchirurgiens. Et le défi psychologique, ou comment vivre avec les mains de quelqu'un d'autre sous les yeux en permanence.”

La greffe des mains de Denis Chatelier a un précédent : celle de Clint Halam, un Néo-Zélandais de 48 ans, qui a été transplanté de tout l’avant-bras le 23 septembre 1998. Cependant, contrairement à lui, Denis Chatelier n’a été transplanté qu’à quelques centimètres des poignets, ce qui lui a permis de recouvrer une meilleure motricité et une plus grande sensibilité des mains.

L’opération, très lourde, a depuis été scrupuleusement suivie puisqu’elle nécessite la prise d’un traitement antirejet à vie, aux nombreux effets secondaires. “Le problème de rejet chronique existe pour tous les organes. On sait que l’espérance de vie d’un rein c’est autour de 10 ans. Il y a une attaque progressive et continue des vaisseaux qui se referment petit à petit, et il n’y a plus d’irrigation. Mais cette durée est très variable selon les patients… 20 ans après, Denis Chatelier va bien par exemple ! c’est un espoir”, explique à Franceinfo le professeur Laurent Lantieri, chirurgien plastique et reconstructeur à l’Hôpital européen Georges Pompidou.

Des progrès techniques mais un manque de financement

Vingt ans après, cette grande première a ouvert la voie à d’autres transplantations, encore plus élaborées grâce, notamment, à la modélisation 3D. “Des efforts sont faits aussi pour améliorer le transport de greffon avec un transporteur d’oxygène, comme l’hémoglobine de vers marins. Ça permet de conserver l’organe, qu’il ne souffre pas d’une absence d’oxygène”, analyse le professeur Laurent Lantieri.

Toutefois, ce type d’opération reste encore rare en France, estime le professeur Dubernard, qui pointe le “problème de financement” et le manque d’équipes dédiées à ces transplantations. “On a besoin d'une réorganisation très sérieuse du système hospitalier. On a fait au total huit greffes, une d'une main, 7 des deux mains. Sur ces 7, il y en a deux que l'on a dû amputer, l'une pour rejet et la deuxième, car le patient ne supportait pas le traitement. Les autres vont bien, mais les choses ne sont pas organisées pour que ça marche”, conclut le chirurgien.

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