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Menace pour la santé mondiale

Antibiotiques : des chercheurs pensent avoir découvert le secret des bactéries multirésistantes

Les bactéries capables de résister aux antibiotiques seraient entourées d’une membrane plus épaisse que les autres, ce qui rallongerait le temps nécessaire aux médicaments pour les éliminer. 

Antibiotiques : des chercheurs pensent avoir découvert le secret des bactéries multirésistantes anamejia18/ISTOCK




Des chercheurs canadiens tentant de percer les mystères de l’antibiorésistance semblent avoir découvert le mécanisme de défense des bactéries face aux antibiotiques. Leurs résultats sont parus dans la revue Nature Communications Biology

Test sur la polymyxine B 

Les scientifiques se sont intéressés à la polymyxine B, l’un des antibiotiques les plus forts. En général, les médecins l’utilisent en derniers recours, lorsqu’aucun traitement n’a pas fonctionné dans le cas d’infections urinaires, de méningites ou de certaines infections du sang. Mais en 2016, des bactéries résistantes à la polymyxine B ont été découvertes. Elles ont donc été passées au crible par les chercheurs.

"Si vous prenez la bactérie et que vous ajoutez le médicament (la polymyxine B, NDLR), des trous se forment dans la membrane, comme avec une perforeuse, et cela tue la cellule", explique Adree Khondker, l’un des co-auteurs de l'étude. Cette action n'est possible que parce que la bactérie et l'antibiotique s'attirent. Le phénomène suit un principe scientifique connu, dont on tire l'expression "les opposés s'attirent". Lorsque deux aimants se collent, c'est parce que leur pôles magnétiques sont contraires : l'un est positif, l'autre négatif. L'action de l'antibiotique sur la bactérie est rendue possible par le même phénomène : il est chargé positivement, la bactérie négativement, ils vont automatiquement se rapprocher. 

En revanche, lorsque la bactérie est résistante, sa charge est réduite, ce qui diminue l’attirance. Dans le même temps, sa membrane s'épaissit, l’antibiotique a alors plus de mal à la pénétrer pour la détruire, comme le décrit le chercheur : "c’est comme passer de couper de la gelée à couper un rocher". Il espère pouvoir utiliser ces résultats à la fois pour fabriquer des antibiotiques plus efficaces, mais aussi pour mieux prédire l’antibiorésistance. 

Une menace pour la santé mondiale

La résistance aux antibiotique a fait 33 000 morts en 2015 dans l’Union européenne d’après une recherche de The Lancet Infectious Diseases. "Le fardeau de ces infections est comparable à celui de la grippe, de la tuberculose et du VIH/Sida combinés", s’inquiètaient les scientifiques. 

Parmi les victimes, une majorité d’enfants de moins de 12 ans, ainsi que de personnes âgées de 65 ans et plus. L’Italie et la Grèce sont particulièrement touchés par ces infections aux bactéries multi-résistantes. L’Italie, notamment, compte à elle seule pour plus d’un tiers des morts associées aux bactéries résistantes aux antibiotiques. En 2015, 10 000 personnes y sont décédées d'infections, notamment par la bactérie Escherichia coli(E. coli) et le staphylocoque doré.

Pour les médecins, la surconsommation d’antibiotiques est bien à l’origine de ces décès. Sur le total des 670 000 infections par une bactérie multi-résistante estimées en 2015, près de 75% ont été contractées en milieu hospitalier. D’où "l’urgence d’une prise en compte de la résistance aux antibiotiques comme une donnée de santé vitale pour les patients et le besoin de concevoir des traitements alternatifs pour les patients qui ont d'autres maladies et qui sont vulnérables du fait de défenses immunitaires amoindries ou de l'âge". Si rien n’est fait pour réduire l’impact de l’antibiorésistance, elle pourrait engendrer 10 millions de décès à travers le monde d'ici à 2050.

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