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Académie nationale de pharmacie

Pénurie de médicaments : les ruptures de stock se répètent et s'amplifient

Une augmentation de 30% des ruptures de stock de médicaments en France en 2017 par rapport à 2016. Pour les anticancéreux, c’est par exemple le cas du 5FU ou de la vincristine. Pour les antibiotiques, il s’agit, entre autre, de l’amoxicilline. Pour le Parkinson, c'est le Sinemet®. Une situation insensée et pourtant largement prévisible.

Pénurie de médicaments : les ruptures de stock se répètent et s'amplifient Viperfzk/istock


  • Publié le 28.10.2018 à 22h10
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  • Mise à jour le 29.10.2018 à 10h53
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530 ruptures de stock de médicaments ont été signalées en France en 2017, dont beaucoup concernent des médicaments "d'intérêt thérapeutique majeur", notamment les anticancéreux, les antibiotiques, les anti-parkinsoniens et les vaccins, soit une augmentation de 30% par rapport à 2016. 200 000 malades souffrant d'une maladie de Parkinson, et réunis dans un collectif, dénoncent cette situation ubuesque.

Il ne s’agit pas ici de produits nouveaux, dont la non-disponibilité est associée le plus souvent à des problèmes économiques d'accès au marché les premières années. Il s'agit ici de produits anciens dont l’usage thérapeutique est considéré comme ayant un apport majeur et dont on connaît presque à l'avance la consommation. Mais ces difficultés concernent l’ensemble des médicaments et des vaccins, qu’il s’agisse de médicaments d’intérêt vital (dits "médicaments d’intérêt thérapeutique majeur") principalement dispensés à l’hôpital, ou de médicaments d’usage quotidien vendus en officine. 

Pour les anticancéreux, c’est par exemple le cas du 5FU ou de la vincristine. Pour les antibiotiques, il s’agit, entre autre, de l’amoxicilline. "Parmi les anti-infectieux, la classe particulière des vaccins a également fait l'objet de ruptures de stock et/ou de tensions d'approvisionnement depuis 2015", ajoute l'ANSM. Mais ce sont aussi les anti-parkinsoniens et l'association France Parkinson alerte les pouvoirs publiques sur des ruptures de stock qui empêchent le traitement des malades.

Pertes de chance

"Ces ruptures conduisent à des pertes de chance inacceptables pour les patients et mettent en danger la qualité et le fonctionnement de notre système de santé. Du fait de la délocalisation à l’étranger de la plupart des structures de production de médicaments, c’est l’indépendance sanitaire de notre pays qui est désormais remise en cause", indique le Sénat.

L'anticancéreux Ametycine® est par exemple introuvable, et les conséquences sont importantes : les malades doivent se soumettre à une cystectomie (ablation de la vessie qui se double de celle de la prostate chez les hommes), une intervention lourde sur le plan humain et financier.

Une importante pénurie de Sinemet® inquiète les associations de malades souffrant du Parkinson. Ce traitement, prescrit à 60% des 200 000 malades, est actuellement en rupture de stock et ne sera pas réapprovisionné avant mars 2019. Le 19 septembre, l'Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) a annoncé la mise en place d'un plan d'action et d'un calendrier de rupture afin d’éviter toute interruption de traitement chez les patients concernés, mais les malades déclarent que ce calendrier n'est même pas tenu.

Des causes de ruptures nombreuses et multifactorielles

D'après l'Ordre des Pharmaciens, les causes de ces ruptures sont « nombreuses et multifactorielles ». Parmi les principales, la capacité de production insuffisante, le retard de production, l'incapacité de production (manque de matières premières responsable de 17% des ruptures selon l’ANSM). 70 % des molécules permettant de fabriquer les traitements, sont fabriqués aux États-Unis ou en Asie, sur un nombre restreint de sites. Au moindre problème dans une usine, c’est la catastrophe.

Le phénomène est aggravé par le principe des flux tendus : pour éviter les coûts liés aux stocks, les laboratoires réduisent ceux-ci au maximum, alors que la demande mondiale augmente. L'Ordre cite aussi la mondialisation de la demande et la libre circulation des biens : quand les quantités de médicaments sont trop limitées et la demande tendue, les laboratoires préfèrent vendre aux pays les plus offrants. Ce qui n’est pas le cas de la France.

Des mesures pour améliorer la surveillance

Les États-Unis, confrontés au même problème, ont déjà réagi et mis en place des solutions qui semblent porter leurs fruits. Il est urgent que la France, et plus largement l’Union Européenne, prenne les mesures qui s’imposent pour le bien des patients qui vivent difficilement ces situations", explique encore l’académie nationale de pharmacie.

Pour faire face à la situation, le Sénat a créé une mission d'information qui a fait des propositions. Les principales visent à relancer une production pharmaceutique de proximité, instituer un programme public de production et distribution de quelques médicaments essentiels, responsabiliser les industriels, faciliter l’exercice professionnel des distributeurs et développer la coopération européenne.

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