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BCG, diphtérie, tétanos...

Pénuries de vaccins : les pharmaciens tirent la sonnette d'alarme

Depuis des mois, plusieurs vaccins sont introuvables en région parisienne. Ceux contre la diphtérie, le tétanos et la polio, obligatoires pour les enfants qui vont rentrer à l’école ou à la crèche, en font partie. Les pharmaciens tirent la sonnette d'alarme.

Pénuries de vaccins : les pharmaciens tirent la sonnette d'alarme DUCLOS ALEXIS/SIPA




« C'est insupportable, comment peut-on manquer de vaccins en 2015 en France ? Si la situation dure des années, cela pourrait être dramatique en termes de santé publique, on a l'impression de devenir un pays sous-développé ». Voilà le cri de colère d'une pharmacienne installée à Nanterre (Hauts-de-Seine, 92) face à la pénurie de vaccins qui sévit actuellement en Ile-de-France.

 

Les tiroirs des pharmacies vides 

Dans les tiroirs de cette pharmacie où s'est rendu Pourquoidocteur, les lots de vaccins se font, en effet, rares. Plus de doses du BCG (Bacille de Calmette et Guérin) destiné à protéger contre la tuberculose, depuis septembre 2014 ; pareil pour l'Infanrix tetra (diphtérie, tétanos, poliomyélite, coqueluche) et l'Infanrix quinta (diphtérie, tétanos, poliomyélite, coqueluche, hiB) qui sont absents des rayons depuis décembre 2014.
Une situation problématique pour de nombreux parents à un mois de la rentrée scolaire, puisque les vaccins contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite sont obligatoires pour les enfants qui vont rentrer à l’école ou à la crèche (calendrier vaccinal 2015) en septembre.
Seule bonne nouvelle dans cette officine, les carences pour les vaccins ROR (Rougeole-Oreillons-Rubéole) viennent de se terminer.

Pour pallier les pénuries encore d'actualité, cette pharmacienne avoue qu'elle conseille à ses patients de se rendre dans les services de protection maternelle et infantile (PMI) et/ou dans des dispensaires antituberculeux. « Certains d'entre eux qui sont livrés en priorité vaccinent encore, mais pas longtemps, eux aussi rencontrent des tensions d'approvisionnement », rajoute-t-elle.
Pour cette raison, des familles vont aussi s'approvisionner dans d'autres régions françaises, moins touchées qu'en Ile-de France, ou à l'étranger (Suisse, Belgique, Espagne).

 

Les produits de substitution redoutés des parents 

Mais, dans ce contexte déjà tendu, un autre problème voit le jour, il concerne les craintes qu'ont certains parents quant à certains produits de substitution qu'ils jugent dangereux. C'est le cas par exemple sur l'Infanrix hexa (diphtérie, tétanos, poliomyélite, coqueluche, hiB) qui vaccine aussi contre l'hépatite B.
Un malaise difficile à gérer pour les autorités sanitaires, surtout que le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) a recommandé justement d'utiliser ce vaccin qui est le seul actuellement disponible en pharmacie (pour les nourrissons avec 3 doses à 2, 4 et 11 mois).
De nombreux parents qui ne souhaitent pas faire vacciner leur enfant contre l'hépatite B – l'accusant de favoriser le développement de la sclérose en plaques (SEP) –, se servent donc de cette non-obligation comme argument. Précision importante, le lien entre l'hépatite B et la SEP n'a pas été établi, selon l'Organisation mondiale de la santé.

 

Le travail de sape du lobby anti-vaccination

Pour leur part, les experts de la vaccination s'inquiètent de cette situation. Contacté par la rédaction, le Dr Robert Cohen, pédiatre et infectiologue au Centre hospitalier de Créteil (94), insiste : « Contre le tétanos, la diphtérie, la poliomyélite ou la rougeole, il n'y a pas d'autres formes de lutte que la vaccination. Le seul traitement préventif, c'est le vaccin ».

Coordinateur du réseau InfoVac, ce médecin conseille donc aux patients d'accepter tous les vaccins du calendrier vaccinal. « En fait, il n'y a pas de carences, sauf pour le BCG qui est recommandé essentiellement dans la région parisienne pour les sujets à risque (enfants) ».  
Le médecin insiste, par ailleurs, sur le danger des pétitions anti-vaccination comme celle du Pr Henri Joyeux qui a déjà récolté 727 251 signatures sur Internet. « C'est une catastrophe. Je vous rappelle le cas récent de tétanos à Tours, ou encore le décès d'un garçon de 6 ans des suites d'une diphtérie en Espagne. Enfin, il y a une épidémie de rougeole actuellement en Alsace. 99 % des malades sont des non-vaccinés ou des "pas assez vaccinés". Or, pour ce produit, le vaccin est là, il n'y a aucune pénurie », conclut-il. 

De leur côté, les laboratoires attribuent cette pénurie, d'une part, à l'augmentation de la demande mondiale, d'autre part, aux temps de fabrication qui vont de 12 à 24 mois. 
L'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) indiquait, elle, en avril, que la pénurie de vaccins contre la tuberculose (BCG) allait se poursuivre pendant encore quelques mois, mais que les stocks devraient suffire pour répondre aux demandes concernant les enfants à risques.

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