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QUESTION D'ACTU

Hypothermie

Béziers : une hypothermie lui permet de survivre à un arrêt cardiaque de 18 heures. Explications

A Béziers, un homme de 53 ans, retrouvé en arrêt cardiaque et en hypothermie a survécu à un arrêt cardiaque de 18 heures grâce aux techniques de pointe mises en place par le service de réanimation du CHU Lapeyronie. Une série de circonstances a sauvé cet homme. Explications.

Béziers : une hypothermie lui permet de survivre à un arrêt cardiaque de 18 heures. Explications shironosov /ISTOCK


  • Publié le 06.04.2018 à 11h25
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  • Mise à jour le 06.04.2018 à 17h36
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Un homme de 53 ans, hospitalisé dans le service de réanimation du CHU Lapeyronie (Béziers) a survécu à un arrêt cardiaque de 18 heures. Selon Midi Libre, il avait été retrouvé inanimé par ses proches au bord d’une rivière, l'Orb. Il était inconscient et son cœur battait très lentement (bradycardie extrême), car ayant probablement passé la nuit dehors, la température de son corps était tombée à 22 degrés : il était donc en hypothermie.

Arrêt cardiaque à l’arrivée des pompiers

Dès leur arrivée sur les lieux, les pompiers ont constaté un arrêt cardiaque et ont entrepris un massage cardiaque. En vain. Le SMUR, appelé sur les lieu, a alors branché l'homme sur une machine qui assure un massage cardiaque, le LUCASTM. A l’issue de 4h30 de massage cardiaque le malade a été transporté en réanimation où des techniques de pointes ont été mises en place.

Pour suppléer le cœur, le malade été mis sous « circulation extracorporelle » (ou CEC), c’est-à-dire que la circulation du sang du malade a été assurée, à la place du cœur, grâce à une pompe externe avant d’être réinjecté dans le corps, vers tous les organes.

Parallèlement, comme les différents organes ne fonctionnent pas bien quand la température est à 22°C, il a fallu les suppléer également avec d’autres machines, une respiration artificielle, une hémofiltration (sorte de rein artificiel). Une fois que la situation du malade a été stabilisée, il a été possible de réchauffer progressivement le sang et le corps du malade et, au bout de 18 longues heures, son cœur a finalement redémarré, avec l’aides de chocs électriques, pour à nouveau fonctionner de façon autonome. Comment expliquer un tel phénomène ? Pourquoi les secours ont-ils réalisé un massage cardiaque aussi long ? Qu'est-ce qui a sauvé cet homme ? 

Un cœur au ralenti assure un apport minimal au cerveau

L’arrêt cardiaque était récent lorsque les pompiers sont arrivés sur place. Sinon, malgré tous les efforts fournis, la réanimation n’aurait servi à rien car le cerveau et les autres organes auraient été irrémédiablement abîmés. 

Le fait que la température du corps soit descendue à 22 degrés a protégé ces organes en ralentissant leur fonctionnement et donc en réduisant leurs besoins en sang oxygéné et chargé de nutriments, des apports qui pouvaient donc être assurés par un cœur en bradycardie.

La baisse de la température s’est produite lentement ce qui signifie que cet homme est progressivement tombé dans le coma, sans connaître un arrêt cardiaque brutal et long, qui aurait détruit ses cellules nerveuses. Même un cœur très ralenti assure la vascularisation du cerveau, qui est toujours une priorité du corps. C’est inscrit dans nos gènes. C’est d’ailleurs pour cette raison que le massage, même de mauvaise qualité, sauve des vies en poursuivant la fourniture de sang au cerveau.

Pourquoi un massage cardiaque aussi long ?

Généralement, les messages cardiaques durent beaucoup moins longtemps que celui réalisé sur cet homme. C’est la température basse du corps, protectrice en elle-même, qui a justifié cette réanimation hors norme. Cela fait d’ailleurs longtemps que les urgentistes planchent sur la question.

S’inspirant des survies miraculeuses lors de noyades dans l’eau glacée, ils proposent désormais des sortes de casques réfrigérants et des substances glaçantes qui, injectées très tôt, permettent d’augmenter la survie du cerveau de plusieurs dizaines de minutes après un arrêt cardiaque. Un progrès immense.

L’ancien ministre Jean-Pierre Chevènement avait bénéficié de cette technique de « réfrigération » du cerveau dans les suites d’une intervention chirurgicale anodine pendant laquelle une allergie aux produits anesthésiants lui avait provoqué un arrêt cardiaque.

De 1982 à 2014 : d'autres miraculés du froid

En janvier 1982, une jeune fille avait survécu à un crash aérien à Washington, aux Etats-Unis. Son avion s’était englouti dans les eaux glacées du Potomac : elle était alors restée plusieurs heures sans respirer. Là aussi le froid l’avait sauvée.

En 2014, un adolescent de 16 ans a survécu après avoir passé cinq heures et demie dans le train d'atterrissage d'un appareil lors d'un vol entre San José (Californie) et Maui (Hawaï). Exposé à une température de moins de 60 degrés et au manque d’oxygène dû aux 11 580 mètres d'altitude du vol, il est probable qu'il ait « perdu conscience à 10 000 pieds », soit environ 3 000 mètres d'altitude, et retrouvé ses esprits une heure après l'atterrissage, selon le FBI. C'est alors qu'il est descendu sur le tarmac où le personnel de la compagnie aérienne l'a découvert

Explication : à l’extérieur d’un avion de ligne, quand il est à son altitude de croisière, il fait entre - 40 et – 60°.  Mais le logement du train d’atterrissage est relativement isolé de l’extérieur, tous les systèmes hydrauliques et les pneus ayant été mis en chauffe par le roulage et le décollage de l’avion. Le froid est arrivé progressivement, l'ado a donc perdu connaissance petit à petit.

L’utilisation du froid appliqué à la chirurgie cardiaque

Le principe de l’utilisation du froid pour ralentir le cœur et protéger les autres organes a été mis à profit depuis longtemps en chirurgie cardiaque.

D’abord pour les interventions qui peuvent être réalisée à cœur fermé. Le refroidissement du cœur par des poches de glaces a été réalisé dès les années 30 et 40, et il a permis le traitement chirurgical de différentes malformations cardiaques.

Puis ces techniques de refroidissement du cœur ont été appliquées à la chirurgie à cœur ouvert et un arrêt de 5 à 10 minutes en hypothermie par refroidissement de surface du cœur (26°C), ce qui a permis des fermetures de communications anormales à l’intérieur du cœur et des dilatations de valves sténosées. Puis, cette technique a permis les premiers pontages coronaires et elle est enfin toujours utilisée lors des transplantations cardiaques.

Jusqu'à combien peut baisser température corporelle ?

La température moyenne du corps est de 37°C. Lorsqu'elle descend en dessous de 35°C, on parle d'hypothermie : les fonctions vitales sont alors en danger. 

On a cependant réussi à sauver des personnes, en montagne ou en mer, malgré des températures corporelles très basses, comme 17°C. Mais généralement, on a très peu de chances de sauver une personne dont la température corporelle descend en-dessous de 25°C, même en milieu hospitalier, avec de l'oxygène et des moyens techniques pour réchauffer le corps. C’est dire si la performance de l’équipe du Pr Capdevila, à Montpellier, est remarquable.

Comment résister à la baisse des apports en oxygène

Pour l’oxygène, l’exemple du passager clandestin a aussi une explication : à 10 000 ou 11 000 mètres d'altitude, il ne reste pas beaucoup d’oxygène. Il faut savoir qu’au-delà de 6 000 ou 7 000 mètres, sans bouteille de secours, on tombe dans le coma.

C’est pourquoi le jeune passager clandestin pour Maui a dû perdre connaissance au bout d'une demi-heure de vol maximum. Mais comme il était en hypothermie et qu’on consomme dans ces cas-là, beaucoup moins d’oxygène qu’à température corporelle normale, le froid l’a protégé du manque d’air !

Le plus incroyable est qu’il s’est réchauffé progressivement pendant toute la descente, a repris conscience, a été retrouvé en train de marcher et parler normalement. Pas de séquelle neurologique, ni de gelures des membres. 

Attention, le froid tue aussi

Attention, s'il peut conserver, le froid peut aussi tuer. Il ne suffit pas de se trouver dans un environnement froid pour que la température de l'organisme baisse. Même exposé à une température extérieure normale, le corps peut subir un dérèglement du thalamus, une structure du système nerveux central chargée de réguler la température corporelle. Notamment après une insuffisance thyroïdienne ou encore un excès d'alcool ou de barbituriques. Le froid endort alors l'organisme, jusqu'à altérer progressivement le rythme cardiaque.

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