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Cancer du sein : comment le stress peut empirer la maladie

D'après une nouvelle étude suisse, les hormones de stress peuvent compliquer le traitement du cancer du sein. À terme, cette découverte pourrait permettre à l'aboutissement de nouveaux traitements pour les cas de tumeurs triple négatives. 

Cancer du sein : comment le stress peut empirer la maladie SIphotography/iStock




Si l’on sait depuis longtemps que le stress est néfaste pour la santé, on a aujourd’hui plus de détails sur ces effets directs sur le cancer du sein, notamment le triple négatif. En effet, des chercheurs suisses ont réussi à déchiffrer les mystérieux mécanismes moléculaires liant cancer du sein métastatique et les hormones du stress. Ils ont également découvert que des dérivés synthétiques des hormones de stress, souvent utilisés comme thérapie anti-inflammatoire dans le traitement de la maladie, diminuaient l’efficacité de la chimiothérapie. Leur étude, publiée le mardi 13 mars dans la revue scientifique Nature, est porteuse d’espoir pour les 15% de femmes atteintes de cette forme de tumeur si compliquée à traiter.

Pour en arriver à ces conclusions, des chercheurs de l’Université de Bâle (Suisse) ont travaillé sur des souris atteintes d’un cancer du sein triple négatif, soit le plus difficile à soigner car il résiste aux traitements classiques. Ils ont ainsi découvert que les métastases avaient augmenté l’activité du récepteur des glucocorticoïdes (RG), qui régule les effets d’hormones du stress comme le cortisol. Dans le détail, les concentrations d’hormones du stress étaient plus élevées chez les souris avec des métastases que chez les autres. Ainsi, des niveaux élevés d’hormones du stress activent le RG, augmentant l’invasion des cellules cancéreuses et diminuant à terme l’espérance de vie.

Le RG équilibre également les effets des dérivés synthétiques du cortisol comme la dexaméthasone, largement utilisée pour traiter les effets secondaires de la chimiothérapie. Or, les chercheurs ont découvert que dans les groupes de souris malades, l’efficacité des chimiothérapies pour cancer du sein diminuaient quand elles étaient administrées avec de la dexaméthasone. Les spécialistes doivent donc faire très attention quand ils prescrivent des hormones glucocorticoïdes aux patients atteints de cancer du sein, note alors l’étude. 

Exercice physique et relaxation pour améliorer l'espérance du vie du malade 

"L’hétérogénéité de la tumeur est un obstacle important dans le traitement. Ces découvertes mettent en lumière l’importance de bien gérer le stress des patients, particulièrement chez ceux qui souffrent de cancer du sein triple négatif", explique le Professeur Bentires-Alj, qui a dirigé l’étude. En effet, alors que la maladie progresse, la tumeur se diversifie et la différence entre les cellules cancéreuses peuvent mener à un traitement inadéquat. "Les exercices modérés et les techniques de relaxations augmentent la qualité de vie et l’espérance de vie du patient. Cela est prouvé", rappelle-t-il également.

Le cancer du sein est le plus diagnostiqué chez la femme. En 2017, près de 60 000 nouveaux cas ont été diagnostiqués en France. Cette même année, la maladie a causé 12 000 décès. Toutefois, son taux de mortalité a grandement diminué en 15 ans en raison d’un meilleur dépistage et de thérapies plus efficace. Aujourd’hui, le taux de survie cinq ans après le diagnostic varie de 80 à 90% selon l’âge et le type de cancer. Mais si la plupart des tumeurs sont éradiquées grâce à des traitements très précis, 15% des malades souffrent d’un cancer du sein triple négatif, soit sans aucun marqueur connu à la surface des cellules cancéreuses, susceptible de répondre à une thérapie ciblée connue.  

"Les femmes touchées sont souvent plus jeunes que la moyenne. Dans certains cas, il s’agit d’une forme héréditaire de cancer du sein, avec une mutation génétique", explique la Pr Martine Piccart, spécialiste internationale des cancers du sein sur le site de l’Institute Curie. "L’urgence, aujourd’hui, est de trouver des traitements qui fonctionnent pour ces femmes, L’espoir est là, et un grand nombre de protocoles se focalisent aujourd’hui sur ces tumeurs, notamment en immunothérapie", insiste-t-elle. Il est donc indispensable que les chercheurs approfondissent leur compréhension des cancers triple négatifs. Espérons que les découvertes de l’Université de Bâle puissent ouvrir la voix à de nouveaux traitements pour ce genre de tumeur.

 

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