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Eau potable : pourquoi vaut-il mieux boire celle du robinet

En 2020, 67% des Français buvaient de l'eau du robinet chaque jour ou presque, alors que 50% privilégiaient celle en bouteille. Un choix qui s'explique notamment par les vertus de cette première, mais aussi par des motivations économiques et environnementales.

Eau potable : pourquoi vaut-il mieux boire celle du robinet greenaperture/iStock

  • Publié le 23.05.2021 à 10h00
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Le 22 mars marquait la Journée mondiale de l'eau, instituée par l'Organisation des Nations unies en 1993. Bien que passée, nous avons décidé de nous saisir de l'occasion pour faire le bilan sur la consommation d'eau potable des Français. Les chiffres, d'abord. En 2020, 67% de la population buvaient de l'eau du robinet chaque jour ou presque, contre 50% pour celle en bouteille, selon le baromètre réalisé par Kantar pour le Centre d'Information sur l'Eau. "Je préconise l'eau du robinet", tranche Marillys Macé, la directrice générale de l'organisme. En premier lieu, elle invoque sa richesse en minéraux. "Certaines personnes achètent de l'eau en bouteille pour son calcium ou son magnésium, mais il y en a dans celle du robinet", assure-t-elle.

Elle contient également du fluor, du potassium et du sodium, dont les teneurs varient en fonction de la nature géologique des sols et des terrains qu'elle traverse. "La différence, c'est que, lorsqu'il y a trop d'un minéral, on en retire un petit peu pour atteindre une moyenne qui ne soit pas gênante pour la santé, fixée par des normes à ne pas dépasser, précise la spécialiste. Les marques ne pratiquent pas ce genre d'abattement : certaines eaux en bouteille ne sont pas bonnes pour des problèmes de santé spécifiques". Elle évoque notamment celles qui sont trop riches en sodium, nocives pour les personnes nécessitant une alimentation sans sel. En conséquence, il est recommandé de porter une attention particulière à l'étiquette.

Appuyons-nous sur l'exemple du fluor. Fixée à 1,5 mg/l dans l'eau de distribution publique, sa teneur maximale peut atteindre plusieurs milligrammes dans les eaux minérales naturelles en bouteille. Le problème : s'ils en ingèrent en trop grande quantité, les enfants en bas âge risquent la fluorose dentaire, qui colore l'émail de petites taches blanches ou de stries brunâtres. De fait, l'arrêté du 14 mars 2007 stipule que si la concentration en fluor est supérieure à la norme, les marques doivent inscrire la mention : "Ne convient pas aux nourrissons et aux enfants de moins de sept ans pour une consommation régulière " sur leur emballage.

"Boire de l'eau du robinet est un choix éco-responsable"

L'existence de ce règlement souligne une autre problématique inhérente à l'eau en bouteille : son emballage, généralement en plastique. Or, selon un rapport publié en 2019 par les ONG Earthwatch Europe et Plastic Oceans UK, les bouteilles arrivent en tête du classement des déchets plastiques que l'on trouve le plus dans les lacs et rivières d'Europe. Une donnée qui peut sembler "légère" face à l'étendue de la pollution des océans, mais ce serait oublier que 80% des déchets plastiques présents dans nos mers viennent des rivières. À cela s'ajoutent la pollution induite par la production de l'emballage et les gaz à effet de serre émis par le transport des packs. 

"Boire de l'eau du robinet est un choix éco-responsable, estime Marillys Macé. Pour la produire, on dépense beaucoup moins d'énergie, de pétrole, et d'eau que pour fabriquer des bouteilles ". De même, l'eau du robinet est très peu chère. "Pour en avoir un litre, il faut compter le tiers d'un centime", indique la directrice générale du Centre d'Information sur l'Eau. En comparaison, quand il s'agit de contenants d'un litre et demi, le prix d'un litre d'eau en bouteille dépasse en moyenne les 30 centimes – bien plus, dès lors que l'on opte pour les petits formats.

"C'est le produit alimentaire le plus contrôlé" 

Par ailleurs, malgré la mise en demeure de la Commission Européenne en octobre dernier pour un taux de nitrate trop élevé dans certaines zones géographiques – environ 430 000 habitants étaient concernés en 2018, selon le ministère de la Santé – Marillys Macé assure que la qualité de l'eau du robinet française est "très bonne". Elle invoque notamment la manière dont elle est produite, la majorité – 64% – étant puisée dans les nappes phréatiques, et le reste dans les torrents, rivières et lacs. "Ensuite, elle passe par des traitements qui permettent d'atteindre des critères sanitaires très exigeants", affirme la spécialiste.

Sans s'appesantir plus que de raison sur le processus de potabilisation de l'eau, rappelons qu'il est essentiellement constitué du tamisage, de la décantation, de filtrations et de la chloration. "C'est le produit alimentaire le plus contrôlé", martèle l'experte, qui met en avant la "transparence" liée à sa réglementation. Elle fait allusion à la carte du gouvernement répertoriant les résultats du dernier contrôle sanitaire de la qualité de l'eau potable dans chaque commune de France. Il suffit de cliquer sur son département, puis de choisir sa ville, pour qu'un bulletin complet apparaisse – dont l'apparence n'est pas sans rappeler celle d'une analyse de prise de sang.

Les carafes filtrantes, pas une si bonne option

En dépit de cette mesure à visée rassurante, il n'est pas rare que le consommateur opte pour une carafe d'eau filtrante, puisque plus de 20% des foyers en étaient équipés en 2020, selon l'Anses (l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail). Le principe : une cartouche à charbon actif absorbe le chlore, le calcaire, le plomb, ainsi que les résidus de matières organiques présents dans l'eau, et rend son goût plus neutre. "Ce n'est pas une bonne solution, avertit Marillys Macé. D'abord, parce que l'on ne manipule pas toujours très bien ces carafes au niveau sanitaire". Effectivement, en plus de suivre les recommandations spécifiques à chaque marque, il convient de garder l'eau au réfrigérateur et de la consommer dans les 24 heures qui suivent sa filtration. 

Autre point essentiel : nettoyer régulièrement sa carafe et en changer la cartouche tout aussi fréquemment. "D'autre part, il n'y a pas d'intérêt à en utiliser, puisque son filtre peut relarguer des contaminants", ajoute la directrice générale du Centre d'Information sur l'Eau. Dans son avis relatif à l'évaluation de l'innocuité et de l'efficacité des carafes filtrantes, datant de mars 2017, l'Anses évoque notamment l'ion argent, le sodium, le potassium, et l'ammonium. En parallèle, si l'organisme stipule que "les données actuellement disponibles ne permettent pas de mettre en évidence un risque pour la santé", il précise que l'utilisation d'une carafe filtrante peut conduire à "un abaissement du pH, voire à une altération de la qualité microbiologique de l’eau".

Un problème persiste. Comment s'en passer lorsque l'on n'aime pas le goût de l'eau du robinet mais que l'on préfère éviter de recourir aux bouteilles ? "Si c'est en raison de sa caractéristique géologique, il n'y a pas beaucoup de solutions, si ce n'est d'y mettre un petit peu de jus de citron", envisage Marillys Macé. Un autre motif peut être à l'origine d'un goût déplaisant : une odeur de javel parfois marquée, inhérente à la présence du chlore dans l'eau potable. "Pour retirer ce désagrément, il suffit de la laisser s'aérer dans une carafe non filtrante et sans bouchon pendant une heure", préconise la spécialiste. En somme, des gestes simples et peu contraignants.

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