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Petite histoire du vin, de la Gaule à nos jours...

La France est connue pour son vin, et les Français pour l'amour qu'ils y portent. Un amour qui trouve ses origines dans l'histoire bien ancienne... Petit point sur l'histoire de celui que l'on appelle le nectar des Dieux avec le sociologue de l'alimentation et auteur d'un ouvrage sur le vin, Eric Birlouez.

Petite histoire du vin, de la Gaule à nos jours... SergeyKlopotov/iStock

  • Publié le 13.06.2021 à 14h00
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La France est le premier pays producteur de vins au monde, et ses vins bénéficient d'une renommée mondiale. Grands et (moins grands) crus français se vendent comme des petits pains aux quatre coins du globe. 

Mais il n'y a pas qu'à l'étranger que le vin français fait fureur, dans l'hexagone il est tout aussi apprécié. Et si les Français aiment le vin et font partie de ses premiers consommateurs à l'échelle mondiale - non pas les premiers! Les Américains nous avancent-d'où leur proviennent cet amour ? Historiquement, comment explique que l'on accorde autant d'importance à celui que l'on appelle le nectar des dieux ? 

- A quand remonte l'apparition du vin en France ? 

Eric Birlouez : Contrairement à ce que l'on peut penser, on boit déjà du vin en France, et en assez grande quantité, avant même la christianisation de la Gaule qui a lieu à la fin de l'Antiquité. 

Ainsi, le vin fait son apparition sur le territoire qui deviendra plus tard, la France, avec la fondation de la ville de Marseille. Ville qui a été fondée par les Phocéens, des colons grecs, en l'an 600 avant Jésus-Christ. Lorsqu'ils arrivent dans la citée Phocéenne, les Grecs plantent des vignes. C'est là la première trace du vin sur le territoire que l'on appellera ensuite la Gaule. 

En revanche, pendant longtemps, le vin est très peu cultivé en Gaule. On trouvera des vignes uniquement dans le sud de la France, c'est-à-dire donc dans la région de Marseille et un peu également sur les bords de la méditerranée. 

Cependant, cela ne veut pas dire que les peuples de la Gaule ne buvaient pas de vin, au contraire, ils n'en produisaient pas mais en buvaient beaucoup. Ils importaient notamment du vin en provenance d'Italie, en témoignaient les grands courants d'importation du vin que l'on retrouve dans les siècles qui précèdent l'ère chrétienne.

- Si les peuples gaulois ne produisaient pas de vin, comment expliquer qu'ils en buvaient beaucoup ? D'où vient ce goût prononcé pour le vin ? 

La première explication est de l'ordre symbolique. Les Gaulois pratiquaient une religion polithéiste païenne et utilisaient le vin dans leurs rites religieux. Ils finirent notamment par des libations pour honorer les dieux, c'est-à-dire qu'ils versaient du vin sur la terre.

Symboliquement, ils associaient le vin au sang, ce qui explique notamment, qu'à la différence des Romains et des Grecs qui buvaient le vin coupé avec de l'eau et après les repas, les Gaulois le consommaient au moment du repas et pur. Une pratique qui scandalisait les Romains qui associaient leur manière de boire à un signe de barbarie et les percevaient comme étant des alcooliques impénitents. 

Une interprétation fausse : les Gaulois avaient tout simplement l'interdiction de mélanger eau et sang, et donc vin et eau. Cette symbolique est également la raison pour laquelle ils ne buvaient que du vin rouge et non du vin blanc pourtant plus apprécié et plus prestigieux à l'époque. 

S'ajoute également une dimension sociale. Le vin se buvait durant les banquets, on en offrait en grande quantité aux gens que l'on invitait à la manière dont on offrait, alors, de la viande. C'était un moyen d'exercer son pouvoir. 

Cette dimension symbolique s'agrémente plus tard d'une dimension religieuse, qui est cette fois-ci issue de la religion catholique. Après avoir été dans un premier temps déterminé par les Phocéens, la vigne est plus tardivement implantée en Gaule, par les Romains, lors de la conquête du territoire gaulois au 1er siècle avec JC. Les colons romains s'implantent durablement en Gaule et se lancent à planter du vin un peu partout : le long Méditerranée, le long du Rhône mais aussi en Aquitaine. 

Quatre à cinq siècles plus tard, la civilisation gallo-romaine s'effondre avec l'arrivée des envahisseurs en provenance de l'Est, ce que l'on nomme généralement les “invasions barbares”. Durant cette période quelque peu obscure, on observe une régression, parmi d'autres, de la culture des vignes.

Néanmoins, la vigne ne disparaît pas complètement parce qu'elle est préservée par les hommes de l'Église, aussi bien par les moines à la campagne que par les évêques dans les villes. En outre, on a besoin du vin pour la messe, plus précisément pour l'eucharistie, et comme à l'époque le vin ne se conserve pas plus d'une année et peut donc difficilement voyager, on le produit local et c'est ainsi que la vigne est sauvegardée. 

Il ne faut pas non plus négliger le facteur culturel. Les hommes apprécient le vin pour son côté euphorisant et aiment le boire lorsqu'ils font la fête.

Dernier point, qui concède également au vin une certaine importance : au Moyen-Âge, les médecins recommandaient sa consommation. En effet, ils considéraient qu'une bonne petite ivresse de temps en temps était bénéfique pour la santé. Le vin étant un breuvage sacré à la manière du pain, on lui donne des vertus médicinales. On fait ainsi des vins aromatisés à des herbes, comme la verveine, pour lutter contre diverses maladies.

Il faut également noter que jusqu'au 19ème siècle, on estime que le vin est plus hygiénique que l'eau. Le grand Louis Pasteur disait par exemple que de toutes les boissons la plus hygiénique est le vin. Cela s'explique par le fait que l'eau, encore au 19ème et également bien avant, est polluée par les déjections des animaux, des humains, des tanneries… On s'est donc rapidement rendu compte qu'elle pouvait être très dangereuse, qu'elle pouvait donner des flux de ventre (maux de ventre) et qu'on pouvait en mourir. Ainsi, on avait pris pour habitude de couper l'eau avec du vin, et l'on accordait à l'éthanol une vertu purificatrice, ce qui explique qu'on pourrait également boire aux enfants.

- A l'époque, le vin était-il réservé à l'élite ou au contraire, consommé par tous ? A partir de quand la consommation du vin se démocratise-t-elle ?

Le vin de qualité était un produit réservé à l'élite. Les pauvres ne buvaient pas beaucoup de vin sauf dans les régions viticoles. Dans les autres régions, ils n'avaient pas d'accès au vin et consommaient plutôt des boissons fermentées qui étaient plus économiques comme la bière (la bière) ou le cidre. Lorsqu'ils buvaient du vin, c'étaient dans les tavernes en ville, et alors ils consommaient de la piquette de la pire qualité et très peu alcoolisée. 

C'est comme le pain : il ya le pain de blé destiné au seigneur et le pain gris de seigle ou d'orge destiné au paysan. 

- Si jusqu'au 19ème siècle sur une habitude de couper l'eau avec du vin, quand comprendra-t-on que celui-ci peut être dangereux pour la santé ? 

On a toujours su que l'alcool en excès pouvait être dangereux pour la santé. Mais c'est vraiment siècle à partir du 19ème siècle que l'on se rend compte de manière plus médicale que l'alcool peut faire des ravages et davantage au cours du 20ème siècle. 

Par exemple, lors de la Première Guerre mondiale, l'État-Major français distribuait du vin aux soldats afin de les abrutir et de les rendre plus obéissants sur le front. A cet effet, on faisait venir par bateaux -les pinardiers- du vin d'Algérie en grande quantité. A la fin de la guerre, on observe donc les ravages de l'alcool sur ces anciens soldats devenus alcooliques.   

Pour autant, le vin reste longtemps associé, à l'instar de la viande rouge, au sang. Ainsi, il est perçu comme étant une boisson donnant de la force et de l'énergie, un fluide vitale. Rappelons, par exemple, que jusque dans les années 1950, on servait du vin aux enfants dans les internats et les cantines scolaires. 

Il a donc fallu beaucoup de temps pour changer les mentalités tant que le vin disposait, en France, d'un poids culturel et d'une connotation symbolique mais aussi médicale très importante.

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