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Gluten : faut-il vraiment s'en priver ?

Manger sans gluten est indéniablement à la mode depuis quelques années, mais est-ce vraiment une bonne idée ? Devrions-nous tous nous priver de gluten ? Ou, au contraire, ferions-nous une grosse bêtise ?

Gluten : faut-il vraiment s'en priver ? a_namenko/iStock

  • Publié le 21.05.2021 à 10h00
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Dans les supermarchés les rayons sans gluten se multiplient, sur internet les articles vantant les bienfaits d’un régime sans gluten sont légion et tout le monde, ou presque, semble à présent souffrir d’une sensibilité ou d’une hypersensibilité au gluten. Info ou intox ? Le gluten, mérite-t-il véritablement toute cette mauvaise presse ? 

Une remise en question qui date

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ces questionnements multiples autour du gluten et de son impact délétère ou non sur la santé ne sont pas récents. “Ce n’est pas venu d’un seul coup” assure Julien Venesson, journaliste scientifique spécialisé en nutrition. 

En effet, poursuit-il, “on se pose des questions sur l’impact du gluten sur notre santé depuis les années 1980. A cette époque, beaucoup de personnes souffrant de maladies auto-immunes ou chroniques ont commencé à essayer le régime sans gluten et ont observé les effets positifs qu’il pouvait avoir sur leur santé”. Impressionnés par les effets sur leur santé de cette nouvelle habitude alimentaire, “ils en ont parlé autour d’eux” ajoute l’auteur de “Gluten, comment le blé moderne nous intoxique”.

Résultat, trente ans plus tard le gluten est encore sous le feu des projecteurs. D’une réflexion autour de son impact sur la santé, on est désormais passé à l’éloge du sans-gluten. 

Un questionnement fondé

Mais pourquoi tant de haine ? Derrière l’effet de mode, il y a-t-il des raisons sérieuses de se méfier de cette substance ? Oui, confie Arnaud Cocaul, nutritionniste : “Le traitement de l’alimentation actuelle, autant en termes de fabrication des plats que d'industrialisation, n'est pas sans conséquence. Sans s’attaquer à leur qualité, on peut dire, qu’en raison du petit nombre de variétés sélectionnées, les semences de blé sont plus réduites qu’elles ne l’étaient auparavant. Ceci, ajouté à une alimentation, en général, moins variée, se matérialise par une hausse de la sensibilité au gluten”. 

Ainsi, renchérit Julien Venesson, “étant donné qu’il n’existe pas de chiffre précis en France, si l’on se base sur les données récoltées en Angleterre ou en Italie, on peut estimer que plus de 10% de la population française est sensible ou hypersensible au gluten”.

Bien distinguer intolérance et sensibilité ou hypersensibilité

D’accord, la sensibilité et l’hypersensibilité au gluten sont, aujourd’hui, très répandues mais, attention tout de même à ne pas tout confondre. On parle bien ici de sensibilité, et non d’intolérance. Cette dernière n’a rien à voir. Elle se traduit par la maladie de Coeliaque, une maladie auto-immune qui donne lieu à des problèmes digestifs, des douleurs articulaires et, dans ses formes les plus graves, peut être à l'origine d’un cancer.

Par ailleurs, elle est nettement moins répandue. Combien de Français en souffrent ? Dur de le savoir.. Certains, comme le docteur Cocaul estime qu’elle “concerne 1% de la population française” ; d’autres comme le journaliste considèrent qu’elle “est très fortement sous diagnostiquée”. 

Quoiqu’il en soit, elle est largement moins répandue que la sensibilité au gluten et autrement plus inquiétante. Symptômes et traitements n’ont donc rien selon qu’il s’agit de la maladie de Coeliaque ou d’une sensibilité/hypersensibilité. 

Ainsi, si l’on est atteint de la maladie de Coeliaque, qui se diagnostique grâce à une prise de sang, il n’est pas question de diminuer la présence du gluten dans son alimentation, mais carrément, de le bannir. Une éviction complexe, puisque comme le note Arnaud Cocaul, “le gluten est très présent dans notre nourriture quotidienne. S’en priver c'est risquer de perdre, en partie, le plaisir de manger. En plus, il faut être très bon en cuisine pour préparer des plats sans gluten qui aient du goût”.

En comparaison, et comme le remarque Julien Venesson, “s’il n’existe pour l’instant aucun test pour diagnostiquer la sensibilité ou l’hypersensibilité au gluten”, il est bien plus facile de vivre avec. Outre le fait, qu’une fois encore les risques et douleurs ne sont en rien comparables, celle-ci “n’implique pas de sortir complètement le gluten de son alimentation mais plutôt d’en réduire la dose ou de l’enlever de sa nourriture quotidienne pendant une courte période et de l’y réinsérer après” décrit le docteur Cocaul.

Et pour ceux qui n'auraient ni l’un, ni l’autre, ni maladie de Coeliaque ni sensibilité, quelle est la marche à suivre ? Faut-il, comme on peut l’entendre souvent, surveiller de près sa consommation en gluten? 

Se priver de gluten n’est pas synonyme de perte de poids

A cette question, Julien Venesson, tout comme le nutritionniste Arnaud Cocaul, s’accordent pour dire “qu’il n’y aucun intérêt à se priver du gluten si sa consommation n’a aucun impact néfaste sur notre santé”. 

En d’autres termes, l’idée très répandue selon laquelle une alimentation sans gluten occasionnerait une perte de poids est “un mythe” tranche le journaliste. Un mythe qui, qui plus est, est complètement infondé, insiste le nutritionniste. 

Ce n’est pas parce que vous supprimez le gluten de votre alimentation quotidienne, que vous maigrirez magiquement ! En outre, souligne Arnaud Cocaul, “on peut tout à fait souffrir de la maladie de Coeliaque, avoir totalement éliminé le gluten de son alimentation et être quand même en situation de surcharge pondérale !”. 

D’autre part, qui dit nourriture sans gluten ne dit pas forcément alimentation plus saine. Comme le relève le médecin, on peut très bien “avoir de la malbouffe sans gluten”. 

Comprenez : une alimentation naturelle avec ou sans gluten vaut toujours mieux que des produits industriels transformés. En somme, résume Julien Venesson, “des biscuits industriels, même sans gluten, restent des biscuits industriels : ils seront toujours plus mauvais pour la santé que des biscuits faits maison”. 

Verdict : si votre but est de maigrir, passez votre chemin. Mais, si vous pensez souffrir d’une sensibilité ou d’une hypersensibilité au gluten, arrêtez-vous un instant. Non, vous n’êtes pas forcément influencé par la mode actuelle et de toute façon, vous ne risquez rien à réduire votre consommation en gluten.

Essayez quelques jours et vous verrez : si votre digestion est moins douloureuse, bingo ! Si, par contre, rien n’a changé, alors, manque de chance, votre enquête ne fait que commencer !

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