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Les gestes à faire et... à ne pas faire

Comment gagner la guerre des boutons

Ah les boutons ! Avec ou sans le port du masque, peu importe, on est régulièrement confronté à leur apparition en plus ou moins grand nombre. Mais, que faire? Faut-il les percer ou bien les laisser vivre? Et quels produits utiliser pour les combattre ? Flora Fischer, médecin spécialisé en dermatologie et vénéréologie et auteur de “Confidences d’une dermatologue”, répond à nos questions.

Comment gagner la guerre des boutons Fizkes/ iStock

  • Publié le 22.11.2021 à 14h00
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- Mieux Vivre Santé : L’idée selon laquelle les populations jeunes seraient plus susceptibles d’avoir des boutons est très répandue. Mais qu’elle est véritablement la tranche d’âge la plus touchée ?

Flora Fischer : On parle davantage de lésions d'acné que de boutons, puisque le terme “bouton” ne correspond pas à grand-chose. Mais, il est vrai que les jeunes sont plus touchés.  

Plus spécifiquement, la tranche d’âge la plus susceptible d’avoir de l’acné est celle des 13/18 ans. Cependant, elle peut également apparaître plus tôt, soit dès la primaire ou à la prépuberté, donc bien avant l'adolescence. 

Pourquoi les jeunes sont-ils nombreux à avoir de l’acné ? Parce qu’avec les changements hormonaux, l’état de la peau change. Plus précisément, il y a l’apparition d’une hyperséborrhée -l’augmentation de la production de sébum par la glande sébacée-, les pores se dilatent peu à peu, la peau devient luisante puis ces mêmes pores comment à se boucher et on arrive alors à ce que l’on appelle les lésions rétentionnelles. Lésions rétentionnelles qui sont les microkystes ou comédons fermés que l’on dénomme communément les points blancs et les comédons ouvertes c’est-à-dire les points noirs. Par la suite, il peut y avoir une inflammations de ces lésions rétentionnelles laquelle donne lieu à l’apparition de boutons rouges qui sont soit des lésions papulo-pustuleuse (lésions rouges avec une tête blanche) soit, et c’est c’est plus grave et plus douloureux, des lésions nodulaires (boutons rouges plus gros).

Mis-à-part les enfants et adolescents, l’acné peut toucher d'autres populations. 30% femmes de plus de 35 ans font ainsi des lésions acnéiques mais, en réalité, il s’agit ici d’un seul et même acné. En effet, les lésions reviennent car elles n’ont pas été assez traitées à l’adolescence. Par exemple, la prise d’une pilule contraceptive a pu les faire disparaître, mais le problème n’ayant pas été résolu en profondeur, elles reviennent plus tard. 

En revanche, ce qui change c’est la localisation de ces lésions : chez les jeunes elles seront plutôt sur le haut du visage et chez les adultes elles se trouveront davantage sur le bas du visage, sur le cou, le décolleté et le dos.

- A partir de quand une éruption cutanée peut-être considérée comme étant de l’acné ? Et, à partir de quand faut-il consulter ?

Cela dépend, certains “boutons” ressemblent à de l’acné mais n’en sont pas. Je pense par exemple, à la rosacée, c’est-à-dire aux lésions inflammatoires de la couperose : elles peuvent donner lieu à des lésions papulo-pustuleuse (boutons rouges à tête blanche) mais ce n’est pas de l’acné et ce ne sont pas les mêmes populations qui sont touchées.

Pour ce qui est de la marche à suivre, je conseillerai d’aller consulter si l’acné perdure même après être allé en pharmacie et après avoir acheté les bons produits d’hygiène (crème de jour pour les peau acnéiques) et changé ses habitudes (alimentation, soin de la peau...)

- Y a-t-il un réel rapport entre alimentation et boutons ? Et entre hygiène et boutons ?

En ce qui concerne le lien entre alimentation et acné, contrairement à ce que l’on pouvait entendre encore récemment, il existe réellement. Il y a vraiment des aliments à limiter comme les produits laitiers, les aliments gras, la charcuterie, le sucre et le chocolat. Il n’est pas nécessaire de faire un régime mais il faut faire attention à ce que l’on consomme. D’ailleurs, nombreux sont ceux qui font le lien par eux-même : par exemple, il n’est pas rare que l’on ait des boutons après avoir mangé un pot ou beaucoup de Nutella la veille. 

Pour l’hygiène c’est à double tranchant : bien sûr une bonne hygiène est essentielle, mais trop en faire peut également aggraver la situation. Si on se lave beaucoup trop, que l’on fait trop de masques ou que l’on exfolie trop souvent sa peau, on risque de faire de l’hyperséborrhée et donc d’avoir plus d’acné. 

- Quels sont les gestes à adopter ou à éviter pour limiter, au maximum, l’apparition de boutons ? 

Comme je l’ai dit plus haut, il est important d’acheter des crèmes adaptées mais il faut également acheter le bon maquillage, si on a l’habitude d’en porter. Bien entendu, surcharger sa peau avec du maquillage lorsque l’on a de l’acné n’est pas une très bonne idée, mais il existe des produits adaptés. En ce sens, une adolescente ne devrait pas emprunter le maquillage de sa mère mais acheter des produits pour peaux acnéiques.  

Par ailleurs, pour éviter d’aggraver l’inflammation de la peau, il est bien sûr recommandé de ne pas utiliser certains produits d’hygiène que sont les masques, les exfoliants et les gommages. Ainsi, si l’on entend parfois qu’il faut faire un gommage une ou deux par semaine, c’est faux : un par mois, c’est largement suffisant ! 

Quant au nettoyage de la peau le soir, j’ai toujours pensé qu’il n’était pas nécessaire d’en faire des tonnes. Il n’y a pas besoin de multiplier les étapes : on nettoie sa peau avec une lotion micellaire spéciale ou un gel nettoyant anti-acné et ensuite on applique sa crème et éventuellement un produit supplémentaire anti-bouton mais mettre de la lotion tonique, etc, je n’en vois pas l’intérêt !

- Y a-t-il des astuces à suivre pour se débarrasser d’un bouton qui viendrait d’apparaître ? Et, à contrario, que faut-il ne surtout pas faire ?  

Avant de parler des différentes choses à faire ou à ne pas faire, revenons sur l’importance de percer, ou non, ses boutons. Pour ma part, j’estime que ce n’est pas la chose à faire, sauf si l’on fait un nettoyage de peau chez un dermatologue. Effectivement, percer ses boutons seul, c’est risquer d’avoir des cicatrices qui seront plus difficiles à traiter .

Pour ce qui est du traitement, il varie en fonction du type d’acné. Mais, globalement, côté médicament on a trois choix qui s'offrent à nous : l’acide rétinoïque pour agir sur les comédons et microkystes ; le peroxyde de benzoyle que l’on applique directement sur le bouton et que l’on peut trouver en pharmacie sans ordonnance et les antibiotiques. 

En dehors des traitements médicamenteux, on peut également venir mettre de l’acide salicylique sur le bouton pour qu’il disparaisse plus vite ou avoir recours à quelques solutions naturelles. En outre, on peut utiliser de l’huile essentielle d’arbre à thé, du citron, du sel marin ou de l’argile verte qui sont tous les quatre des anti-inflammatoires naturels.  

Pour ce qui est des remèdes qui ne fonctionnent pas, je pense à l’idée de venir mettre du dentifrice sur son bouton : non seulement ça ne servira à rien mais ça pourrait aggraver l’inflammation !

- Au cas où le bouton ne partirait pas assez rapidement, que peut-on faire pour le camoufler sans pour autant empirer l’irritation ?

Si l’on veut camoufler un bouton, il y a des correcteurs spéciaux qui existent sur le marché. Je pense par exemple aux correcteurs spécial peaux grasses et qui contiennent de l’acide salicylique. 

Pour le teint, on peut l’unifier avec des crèmes teintées ou des crèmes spéciales acné, par exemple.

- Le port du masque provoque des irritations et éruptions cutanées chez de nombreuses personnes. A quoi celles-ci sont-elles dûes ? Que faire si l’on est confronté à ce problème ? Comment se débarrasser rapidement de ces boutons et éviter qu’ils ne réapparaissent ? 

Le masque maintient la peau dans une certaine humidité et peut donner lieu à un excès de sébum, c’est pour ça qu’il faut en changer souvent. Il n’y a pas réellement de “masque idéal” : certains supporteront mieux les masques en tissus d’autres non, ça varie vraiment en fonction des profils. Le mieux, c’est le masque en soie, mais attention il ne protège pas suffisamment, ils se portent donc uniquement lorsqu’il y a peu de monde et que les distances entre nous et les autres sont importantes. En clair : on oublie le masque en soie dans les transports. 

Pour éviter de développer de l’acné à cause du port du masque, on change sa routine de soin et on évite de se maquiller ou au pire, on applique très peu de maquillage. 

Pour l’entretien de la peau, si l’on a déjà tendance à faire de l’acné on choisit des gels lavants ou mousses nettoyantes conçues pour les peaux grasses ou mixtes et on nettoie sa peau deux fois par jour, ensuite on applique une crème pour peaux grasses ou mixtes le matin ou le soir; si on a plutôt la peau sèche on applique une bonne crème barrière le matin et le soir.  

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