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Alimentation et santé

Les bonnes recettes pour se soigner en cuisinant

Dans "Cuisiner pour se soigner", Estel Barellon, pharmacienne, naturopathe et co-autrice de l'ouvrage, nous explique comment notre alimentation, alliée à un mode de vie sain, peut nous aider à nous soigner. Il n'est pas question de remède magique, mais de petits conseils qui, mis bout à bout, peuvent améliorer notre quotidien.

Les bonnes recettes pour se soigner en cuisinant Denis Komarov/ iStock

  • Publié le 02.12.2021 à 12h00
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- Mieux Vivre Santé : Pour écrire “Cuisiner pour se soigner” vous êtes partie du constat que les gens mangent souvent moins bien qu’ils ne le pensent. Qu'est-ce qui vous amené vers ce constat ?

Estel Barellon : Je suis pharmacienne et au comptoir les gens me parlent énormément. Ce qui est assez amusant, c’est que lorsqu’on leur demande comment ils s’alimentent, la grande majorité d’entre eux répondent qu’ils mangent très bien. Pour autant, si on creuse un peu la question, on se rend rapidement compte que c’est faux et que beaucoup d’erreurs sont faites. 

En effet, les gens mangent encore beaucoup trop de pain, beaucoup trop de sucres et leur consommation de légumes n’est pas adéquate ou alors ils les font trop cuire. Ces erreurs sont dûes à un manque d’informations. Il y a quelques années, les médecins et les  pharmaciens donnaient des conseils en diététique, mais aujourd’hui ça n’est plus le cas. Or, les patients et clients ne peuvent pas être au courant de tout, et c’est notre travail à nous professionnels de santé de les aider.

- Au cours de ces dernières années, les tendances healthy et bien-être sous toutes leurs formes se sont imposées sur le devant de la scène. Diriez-vous qu’elles ont eu un impact positif sur la manière dont les gens s’alimentent ? 

Je suis partagée sur le sujet. L’aspect positif de la tendance healthy, c’est que l’on fait plus attention à son alimentation, mais on continue à faire beaucoup d’erreurs. Par exemple, on remplace le sucre par du sucre de coco, mais on continue à manger trop de sucre ou encore, on achète des cookies sains mais, sains ou pas, ça reste des cookies et il ne faut pas en manger tous les jours… !

En somme, on fait les mêmes erreurs, on les fait juste différemment en achetant des substituts. C’est pour ça que j’aimerais bien que le corps médical s’empare du sujet.

- Dans votre ouvrage, vous rappelez qu'Hippocrate disait de l’alimentation qu’elle était la première médecine. En quoi une bonne alimentation est-elle si essentielle ? 

Afin de comprendre pourquoi s’alimenter correctement est si important, on peut prendre l’exemple d’une voiture. Une voiture qui roule à l’essence ne fonctionnera pas au diesel; avec une essence de mauvaise qualité, elle roulera, mais moins bien; et avec une essence de bonne qualité, elle roulera parfaitement.

C’est la même chose avec la nourriture : l’alimentation c’est l'essence que vous mettez dans votre moteur. Or, cette essence doit avoir une certaine composition, certains éléments sont obligatoires. Elle doit contenir des choses que le corps ne sait pas fabriquer comme les oligo-éléments ou bien les Oméga-3. Bien entendu, si vous ne les apportez pas par votre alimentation, le corps se débrouillera, mais vous serez moins en forme.  

- Aujourd’hui, quels sont les aliments que l’on ne consomme pas assez régulièrement et, au contraire, ceux que l’on surconsomme ? Quelles sont les mauvaises habitudes alimentaires les plus répandues ? 

Côté carences, je dirai que, globalement, on ne mange pas assez de poisson (carences en Oméga-3), pas assez de graines, pas assez d’aliments riches en magnésium, et que l’on manque souvent d’oligo-éléments parce que l’on fait trop cuire les légumes.

Pour ce qui est des aliments que l’on mange trop souvent et que l’on gagnerait à consommer avec modération, il y a le pain, les produits laitiers et tous les produits trop sucrés. On mange également encore trop de viande, mais je dirai que cela s’améliore au fil des années. 

Au niveau des mauvaises habitudes, il est clair que l’on mange bien trop vite et que l'on ne mâche pas assez la nourriture. Il faut beaucoup mastiquer, le pré-travail de digestion a lieu dans la bouche. 

De plus, on mange encore trop de desserts, ce qui tous les jours et deux fois par jour n’est pas nécessaire, et on gagnerait à manger des fruits non pas en fin de repas mais seuls, entre les repas. Effectivement, manger des fruits en fin de repas peut provoquer des ballonnements parce qu’ils fermentent et ralentissent la digestion. 

- Dans le livre, vous proposez des programmes alimentaires autour de quatre thématiques (sommeil, rhume, douleurs, fatigue). Pour ce qui est du sommeil, et de manière globale, comment peut-on ajuster son alimentation pour mieux dormir ? 

Les conseils que l’on donne dans le livre ne sont pas magiques. Incorporés à une démarche de bien-être globale, ils peuvent nous aider à nous soigner -c’est pour cette raison que l’on a appelé le livre “Cuisiner pour se soigner”- mais il ne s’agit pas d’un remède magique. 

Si parmi tous les conseils que nous donnons dans le livre pour cette problématique nous ne devions en retenir que trois, ce serait d’avancer l’heure du dîner pour laisser du temps à la digestion, de respecter les premiers signes de sommeil, et côté alimentation de manger des féculents le soir. 

En effet, ça peut paraître bête, mais pour bien dormir il faut savoir gérer son stress tout au long de la journée et respecter ses horaires de coucher, c’est-à-dire ne pas lutter contre les premiers signes de sommeil sous peine de rater le train. Ensuite, on a tendance à manger trop tard sans laisser le temps à l’organisme de digérer, or, il faudrait essayer d’avancer l’heure du dîner pour laisser deux trois heures à la digestion avant d’aller se coucher. Par ailleurs, manger des féculents au dîner sous la forme de pâtes ou de riz aux légumes par exemple permet d’éviter les pics d’insuline. De plus, on choisit des féculents complets ou semi-complets, si le goût nous dérange : les farines blanches n’ont aucun intérêt, elles sont tellement raffinées qu’il ne reste que du sucre.

- Pour aider à guérir d’un rhume, vous appuyez sur l’importance de manger végétarien. Pourquoi ? 

SI j’avais du retenir un seul enseignement de mes trois années de formation en naturopathie, c’est que lorsque l’on est malade, notre corps a besoin d'énergie or plus cette énergie est accaparée pour la digestion, moins on en a pour combattre un rhume.

En d’autres termes, si notre corps utilise moins d’énergie pour la digestion, il disposera davantage d'énergie pour combattre le rhume. C’est pourquoi il est bon de manger beaucoup de végétaux quand on est malade : ils sont digérés beaucoup plus rapidement que la viande et que les produits laitiers et, comme ils sont basifiants, ils ne créent pas d’acidité donc ne créent pas d’inflammation. En résumé : mettez vous donc au végétal pendant deux trois jours, cela réduira l’inflammation.

- Notre alimentation a beaucoup d’incidence sur notre terrain inflammatoire et par conséquent sur nos douleurs. Quels sont les aliments les plus néfastes ?

Je dirai que c’est un ensemble : les aliments qui peuvent être les plus problématiques sont les produits laitiers, la charcuterie, le sucre, la viande en trop grande quantité et, parfois, les céréales. 

Dans ce chapitre nous nous sommes concentrés sur les symptômes, les douleurs, mais en réalité ces règles sont à adopter au quotidien. En effet, il y a l’inflammation bruyante (j’ai mal au dos, j’ai une tendinite..) et il y a l'inflammation sourde, assez silencieuse et c’est celle-ci que l’on suspecte d’être à l’origine de la plupart des maladies du siècle. Ce que l‘on espère, c’est que les lecteurs gardent des habitudes dans leur alimentation au quotidien pour faire de la prévention santé à long terme.  

- Dans le chapitre sur les douleurs, vous soulignez l’importance de manger des aliments riches en probiotiques et donc, indirectement, vous abordez rapidement la question de la flore intestinale. Que pouvez-vous nous dire à son sujet ?

Actuellement et depuis quelques années, la flore est le sujet le plus étudié par la communauté scientifique et nous ne sommes qu'au début des découvertes. 

Ce que l’on sait, c’est que pour avoir une flore en “bonne santé”, il faut surveiller son niveau de stress car la flore est très sensible au stress. Ensuite, il faut la nourrir correctement, c’est-à-dire apporter des bonnes bactéries et beaucoup de fibres que l’on trouve dans les fruits et les légumes. Après, quand notre flore à souffert (à la suite d’un épisode de diarrhée ou après la prise d'antibiotiques par exemple), il peut être bon de manger du kéfir ou de la choucroute, naturellement riches en probiotiques, pour aider notre microbiote. 

Lorsque l’on se penche sur chacune des thématiques de l’ouvrage, on se rend compte que vos conseils se recoupent souvent. Améliorer son alimentation pour lutter contre un problème en particulier, n’est-il pas, finalement, bénéfique pour traiter tous les maux dont on peut souffrir ? 

Vous avez percé le secret du livre ! Bien sûr qu’il y a des redites car une bonne alimentation est valable pour tout. Si vous mangez bien, vous allez mieux dormir, vous serez moins malade, vous aurez moins mal et vous serez moins fatigué. 

Après, j’ai joué le jeu de répondre aux demandes les plus fréquentes, ce qui, comme vous le soulignez, est une manière détournée de répondre à tout. 

- Bien s’alimenter en mangeant majoritairement des produits issus de l’agriculture biologique, du poisson, des graines… a un coût. En ce sens, vos conseils sont-ils véritablement à la portée de tous ?

Oui, dire que manger sainement coûte plus cher est faux. Si l’on sait faire ses courses, que l’on respecte les saisons, que l’on achète en vrac... je pense même que l’on arrive à un panier moyen moins cher en alimentation saine qu’en alimentation classique. 

D’ailleurs, nous avons lancé une enquête à ce sujet et dans tous les critères reconnus sur l’alimentation saine, son coût n’inquiète que très peu. En effet, sur 118 personnes interrogées, seules 3% ont parlé du budget. Il faut donc surtout changer de paradigme. 

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