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MIEUX VIVRE

L'art de la "kiffance"

Et si l'on oubliait quelques instants la folie du monde ?

Après la méditation, place à la tendance "keyif". C'est-à-dire, le mode de vie qui voudrait que l'on vive dans l'instant présent et que, finalement, on en profite bien plus. Mais de quoi s'agit-il vraiment ? Et surtout, comment ça marche ?

Et si l'on oubliait quelques instants la folie du monde ? Fizkes / iStock

  • Publié le 18.12.2021 à 10h00
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En 2021, après la pandémie de coronavirus et les confinements, il n’est jamais paru aussi important de prendre soin de soi, de prendre du temps pour soi. Et après la méditation, une nouvelle tendance a fait son apparition : le keyif.

Le keyif, mode de vie à la turque, se traduit par “kiffance” en français. L’idée est simple : il faut donc kiffer, profiter, vivre à fond l’instant présent. Mais de quoi s’agit-il véritablement ?

Pratiquer le keyif reviendrait-il à ne faire que ce que l’on veut, quand on veut ? Ou, à l’instar, de la méditation, le keyif ne nous inviterait-il pas plutôt à changer de regard sur notre quotidien, à être plus positif sans pour autant n’en faire qu’à notre tête ? Et, si tel est le cas, comment y accéder ? Autant de points sur lesquels Pascal Neveu, psychothérapeute, nous apporte son éclairage. 

Le ke, quoi ?

Comme on l’a dit, le keyif, que l’on peut traduire en français par “kiffance”, est un art de vivre qui nous vient directement de Turquie. Un art de vivre qui prône le recentrage sur soi et l’acceptation de ses émotions. 

“Ce que nous propose cette tendance est intéressant. Pratiquer le “keyif”, ça n’est pas mettre son cerveau sur pause, c’est se poser, se déconnecter pendant quelques minutes. C’est profiter de la vie, de l’instant présent mais sans devenir autocentré pour autant”, explique Pascal Neveu

Il n’est donc pas question de devenir obsédé par soi-même, ni d’oublier nos obligations quotidiennes, mais bien de prendre, au moins, quelques minutes quotidiennes pour se recentrer sur soi, se détendre. 

C’est ce point qui, d’après le psychothérapeute, est essentiel : Si on n’a pas quelques minutes par jour à consacrer à des exercices de relaxation, c’est grave. Cela veut dire que l’on s'oublie complètement, que l’on n’existe plus, que l’on est en burnout”

Et, ce n'est pas tout. En effet, note le spécialiste, si cette pratique a autant de bon, c’est aussi parce qu’en plus de nous pousser à nous reconnecter à nous-même, elle nous pousse par-là même occasion, à nous déconnecter quelques instants du monde qui nous entoure. C'est la même chose dites-vous ? Non, enfin oui, enfin pas vraiment... 

Le keyif, l’art de faire la part des choses 

D'accord, le keyif est l'art de faire la part des choses. L'art de se déconnecter du monde pour se reconnecter à soi. Mais, cela va plus loin et c'est là toute la nuance. En ce sens, Pascal Neveu, estime que le keyif fait référence à “la nécessité de se poser”. Or, développe-t-il, “si l’on se pose c’est également pour se couper pendant quelques minutes d’un monde hyper connecté, régi par l’immédiateté. Un monde dans lequel, sans prendre de temps de pause, on se perd”.

On vous l'a dit tout est dans la nuance ! Certes, il y a dans le keyif le côté zen et bien-être, mais le fait qu’un art de vivre ancestral turc trouve une telle résonance dans notre société actuelle, en dit bien plus long.  

Pourquoi devient-il soudainement populaire dans l’hexagone ? C’est simple, répond Pascal Neveu, “cela signifie que l’on a besoin d’un monde nouveau”. Au-delà de son côté new age amusant, souligne le thérapeute, la montée en puissance du keyif nous révèle aussi “que notre société va très mal. On a besoin de faire le vide en soi, de se poser, parce que le monde va trop vite, qu’il est devenu trop violent”.

En d’autres termes, résume-t-il, si le keyif plaît “c’est parce que le monde a besoin de renouveau, qu’il y a un manque de discussions avec nous-même et un manque de vigilance envers les autres”.

Ok... tout d’un coup tout paraît plus lourd. La tendance sympathique se couvre d’un nuage bien gris. Attention, cela ne veut pas dire qu’il faut subitement arrêter le keyif ou que la pratique est néfaste. Non, cela signifie seulement que derrière l’apparente légèreté se cache des maux plus profonds.

Entre retombées positives et limites

Maintenant que l’on a vu le pourquoi et le comment, retour au plus positif avec les bienfaits santé de la pratique. Parce que oui, si la tendance est plus nuancée qu'elle ne pouvait le paraître, elle a quand même de nombreux bénéfices. Des bénéfices semblables à ceux de la méditation.

Bon, si vous n’avez pas lu nos articles sur la question, on les reprend pour vous, ou plutôt Pascal Neveu, les reprend pour vous. “Comme pour la méditation dont de nombreuses études scientifiques ont prouvé les bienfaits, pratiquer le keyif aura de très nombreuses retombées positives. Pour n’en citer que quelques-unes : moins de stress, moins de fatigue, plus d’énergie, moins de colère…”.  

Mais désolé, et oui, on revient encore avec un mais -tout est dans la nuance, on vous l'a dit- si l’essentiel est positif, l’expert met en garde contre un aspect qui l’est un peu moins. “Ce qui me dérange c’est la traduction du mot keyif, c’est-à-dire, “kiffance”. En effet, ce qui me gène c’est le côté trop orienté sur le moi et la peur qu’ensuite on en vienne à oublier l’autre, que l’on se parle qu’à soi-même face à un monde qui fait peur”.

Comprenez : le keyif c’est chouette, mais il ne faut pas non plus tomber dans les extrêmes. “Il ne faut pas tomber dans l’extrémisme de ce genre de pratique. Il ne faut pas oublier non plus l’affect, ses amis, l’aspect social” met en garde Pascal Neveu. 

Ainsi conclue-t-il, si l’idée est bonne, il faut prendre un peu de recul. "Il n’est pas forcément nécessaire de méditer ou de pratiquer le keyif  pour se poser. Se poser, c’est aussi se faire plaisir, prendre du temps pour soi, ça peut être écouter de la musique, lire un livre, regarder un film…”. 

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