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Votre psy est-il fait pour vous ?

Se résoudre à aller voir un psy pour régler son problème, c'est une première étape vers la guérison. Encore faut-il pouvoir trouver le bon, celui ou celle qui nous donnera envie de rester sur son divan... On vous dévoile quelques conseils prodigués par deux psychiatres spécialistes de la question.

Votre psy est-il fait pour vous ? Drazen Zigic/ iStock

  • Publié le 01.02.2022 à 12h00
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« Est-ce que tu connais un bon psy ? » On vous a sans doute déjà posé la question, mais y répondre directement, c’est sûrement déjà faire fausse route : un psy qui a été bon pour vous ne le sera peut-être pas pour d’autres. Choisir son thérapeute est un acte particulièrement intime qui nécessite réflexion et probablement quelques tâtonnements. Nombre de Français sont passés par là : d'après un sondage YouGov publié en 2020, plus d’un sur cinq (22 %) a déjà consulté un psy. Un chiffre constant depuis quelques années, mais qui a explosé par rapport à 2001 (5 %). La crise sanitaire n’a rien arrangé, au contraire : selon les enquêtes et les praticiens, les demandes de consultations n’ont cessé d’augmenter depuis le tout premier confinement. Et le remboursement (partiel) de certaines séances de psy, prévu par la loi dès cette année, pourrait bien motiver quelques indécis à frapper la porte d’un cabinet.

La demande est donc là. Problème, l’offre thérapeutique ne suit pas toujours, et trouver un professionnel de santé approprié peut s’avérer un parcours du combattant sur lequel beaucoup trébuchent : près de 40 % des Français ayant demandé l’aide d’un psy ont rencontré des difficultés pour dénicher celui qui correspondait à leurs attentes... Comment choisir « le bon » ? Celui qui vous fait parler de tout, de votre premier mensonge à votre plus grand traumatisme, en passant par vos désirs et frustrations ? Celui qui engage à confier vos états d’âme, qui vous aide à surmonter vos difficultés, bref celui qui vous fait aller mieux ?

Distinguer les types de psy

Avant d’en entamer une, mieux vaut connaître les différentes thérapies existantes, et ne pas se tromper parmi les dizaines d’étiquettes de « psy ». Parmi les grandes familles, on compte les psychiatres, des médecins spécialistes qui prescrivent des médicaments et dont les consultations peuvent être prises en charge par la Sécurité sociale. Il y a les psychologues, qui ont validé une formation universitaire de cinq ans en psychologie. Les psychothérapeutes, dont le titre est reconnu par la loi depuis 2010 mais l’exercice non encadré, englobent de nombreuses pratiques (analytiques, comportementales...), et sont souvent psychiatres ou psychologues à l’origine. Quant à la psychanalyse, elle n’est ni reconnue ni encadrée, mais un thérapeute uniquement psychanalyste doit théoriquement avoir suivi une formation et avoir été lui-même psychanalysé. Enfin, des psychopraticiens, sophrologues, hypnothérapeutes, psychosomaticiens et autres praticiens formés par des organismes privés peuvent être estampillés « psy », bien que leur profession ne soit pas réglementée. Vous êtes prévenu.

Pour déterminer quel psy vous convient, « il faut d’abord vous demander quel est votre objectif thérapeutique », explique Sylvie Wieviorka, psychiatre et auteure de Dans la tête de ma psy – Et comment choisir le sien (éd. Humensis, 2021). « Par exemple, êtes-vous prêts à vous engager dans un processus thérapeutique au long terme, avec l’intention de connaître votre fonctionnement psychique et votre histoire, avec des résultats qui ne seront ni immédiats ni toujours satisfaisants, ou bien cherchez-vous à régler un problème en particulier, comme une phobie, des angoisses ou des insomnies ? »

Sylvie Angel, également psychiatre et auteure de Bien choisir sa psychothérapie – Comment s’y retrouver dans la galaxie psy (éd. Larousse, 2010), abonde : « La première étape, c’est de connaître vos besoins. A chacun, sa solution psy. Si vous êtes en burn-out et que vous allez voir un psychologue de couple, vous risquez en effet d’être déçu... Les gens doivent se tourner vers une thérapie qui leur convient, adaptée à leurs attentes et à leur parcours de vie. » Quitte à suivre, dans certains cas, plusieurs thérapies associées : « En cas de dépression, par exemple, on peut avoir besoin d’un traitement médicamenteux ou d’une thérapie comportementale et cognitive, donc consulter plutôt un psychiatre, et en même temps, avoir besoin d’effectuer un travail sur soi, avec un psychothérapeute ou un psychologue. »

Trouver son psy

Si vous êtes suffisamment à l’aise pour en parler autour de vous, le bouche-à-oreille est un premier pas à faire dans la quête du « bon psy ». Selon Sylvie Wieviorka, « votre médecin traitant est souvent un bon prescripteur, mais vous pouvez aussi demander à un ami, un pharmacien de confiance, votre kiné... Internet peut aussi être une bonne source, à condition d’être prudent sur les notations : un psy noté 5 étoiles avec seulement 7 avis, cela n’augure rien de bon ! ».

Mais attention, il y a des limites à demander conseil à votre entourage, prévient sa consoeur Sylvie Angel. « Trouver le psy qui correspond, c’est un travail de dentelle, du sur-mesure. Le psy qui a été utile pour un parent ou un patient de votre généraliste ne le sera pas forcément aussi pour votre cas, car il y a trop d’éléments subjectifs qui entrent en jeu. Par exemple, un psy qui use beaucoup de silences dans ses entretiens pourra mettre mal à l’aise quelqu’un, mais très à l’aise un autre, qui se sentira écouté. Même le lieu de consultation peut jouer : certains préfèrent être reçus dans un environnement très feutré, d’autres dans un studio vétuste avec une planche en bois et des tréteaux pour tout bureau ».

Et les caractéristiques du psy, dans tout ça ? « Il faut ressentir une certaine proximité avec son thérapeute. Ce n’est pas facile de confier son enfant adolescent à un psy de 75 ans, probablement moins susceptible de comprendre ses difficultés », admet la psychiatre. Mais il ne faut pas se focaliser sur l’identité du psy, selon Dr Wieviorka. « Vouloir consulter à tout prix un homme, une femme, un jeune, un moins jeune, quelqu’un issu d’un milieu proche du sien... Ce sont des a priori, des préjugés. Dans la réalité, on peut faire le même travail sur soi quel que soit le psy, car une fois que la relation s’installe, les différences s’estompent. C’est la personnalité qui va compter : vous allez lui raconter votre problème, il est donc crucial de sentir en face un minimum d’empathie et d’écoute... »

Enfin, conseil pratico-pratique, il serait judicieux de consulter un psy « qui n’exerce pas trop loin de votre domicile ou lieu de travail », car la perspective d’un long trajet pourrait bien vous décourager d’y aller ou vous achever après une séance particulièrement éreintante.

Assurer son premier entretien

Vous avez un psy dans le viseur ? C’est le moment de fixer le premier rendez-vous, de préférence par téléphone plutôt que directement en ligne, car cela permet d’avoir une première impression, de lui expliquer vos attentes et de lui poser déjà d’éventuelles questions sur ses tarifs ou ses pratiques. Une façon d’éviter les surprises le jour J, comme se rendre compte trop tard que le psy a exactement la même voix que votre père... 

Au cours d’un entretien thérapeutique, et d’autant plus le premier, c’est souvent le psy qui pose les questions (quel est votre problème ? Vous pouvez préciser votre pensée ? Oui, mais encore ?). Mais c’est aussi à vous de les poser, ne serait-ce que pour fixer les règles du contrat thérapeutique, comme la fréquence des séances, leur durée ou leur coût. Et plus, si affinités ? « Le premier entretien, c’est une évaluation. De la part du psy mais aussi du patient qui, sans aller jusqu’à exiger le CV du thérapeute, doit poser des questions légitimes pour instaurer un climat de confiance : comment travaille-t-il ? quelle formation a-t-il suivi ? quelle thérapie propose-t-il ? quels sont les retours de ses patients ? », préconise la psychiatre Sylvie Angel.

Mais au-delà des réponses que le psy apportera à vos questions, c’est d’abord votre perception de l’entretien qui compte, rappelle sa consoeur Dr Wierviorka. « Les patients perçoivent inconsciemment des messages non verbaux que le psy envoie implicitement : sa façon d’être, de parler, d’écouter, de répondre, d’être silencieux... Messages qui vont être décisifs dans leur choix. Par exemple si votre psy s’interrompt plusieurs fois pour regarder son téléphone, s’il écorche régulièrement votre nom ou arrive toujours en retard, ou s’il vous répond d’une manière ambigüe, c’est mal parti. »

La spécialiste va même jusqu’à comparer psychothérapie et... histoire de coeur : « Le patient doit être à l’écoute de ces impressions, de ces émotions. C’est comme la première fois que vous voyez en vrai une personne rencontrée sur une appli : on sait presque immédiatement si cela va coller ou non. C’est le coup de foudre ou rien ! Alors certes, ce n’est pas au premier rendez-vous qu’on va savoir si la thérapie a été utile (ou si le couple va durer). Mais on peut savoir si on se sent assez bien accueilli pour pouvoir parler intimement de soi. »

Comment savoir si son psy est le bon ?

« Si on a envie de revenir le voir, c’est bon signe ! », résume Sylvie Angel. « Et si on n’a pas envie, il faut identifier ce qui n’a pas fonctionné (pourquoi étais-je mal à l’aise ? n’était-il pas assez empathique, trop mutique, trop froid ?) pour ne pas reproduire les mêmes choix. Un contrat thérapeutique, c’est une relation humaine, avec deux protagonistes. Cela ne peut pas fonctionner avec tout le monde. Des psys, comme dans chaque métier, il y en a des plus directifs que d’autres, des bienveillants et des moins bienveillants. Le bon psy, c’est d’abord celui qui vous correspond. »

A l’inverse, comment savoir si son psy n’est justement pas le bon ? « A la différence du gourou, un thérapeute est reconnu par ses pairs, donc vous pouvez déjà oublier celles et ceux qui n’ont aucune formation particulière : on ne s’improvise pas thérapeute. Savoir écouter pendant des centaines d’heures, cela s’apprend. » Oubliez également, ajoute la psychiatre Sylvie Wieviorka, ceux « qui vous proposent d’être constamment présent (à votre domicile, les week-ends...), qui prennent des libertés avec le secret professionnel ou qui vous proposent des choses inhabituelles : un lieu de rendez-vous loufoque, un entretien de trois heures d’affilée, des tarifs exorbitants (être psy est un commerce !) ou trop beaux pour être vrais... Mais celui qui dit avoir 100 % de bons résultats avec ses patients, qui dit régler votre problème en trois séances, qui vous promet la guérison, celui-là est le plus charlatan, et il vaut mieux le fuir ».
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