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La vie en rose

Psycho : l’optimisme, ça se cultive !

L’optimisme, c'est bon pour la santé. Mais face aux aléas du quotidien et aux tracas du monde, nous sommes nombreux à ne pas voir la vie du meilleur côté. On vous explique comment apprendre à voir (enfin) le verre à moitié plein, avec l'aide d'un psy expert du sujet.

Psycho : l’optimisme, ça se cultive ! Ridofranz / iStock

  • Publié le 25.04.2022 à 12h00
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Certains avancent dans la vie d’un pas sûr, motivés et enthousiastes, car ils « s’attendent à vivre des expériences positives dans le futur », d’après les travaux des chercheurs Charles Carver et Michael Scheier, deux psychologues précurseurs dans la recherche sur l’optimisme. Pendant ce temps-là, d'autres inquiets, résignés, marchent avec des pieds de plomb, parce qu’ils « s’attendent à vivre des expériences négatives ». Sans surprise, les Français font plutôt partie du second peloton. Selon une enquête Ipsos menée en 2020 dans une trentaine de pays, l’Hexagone reste même l’un des pays les plus pessimistes du monde et, sur certains sujets, le plus pessimiste de tous. 

Causes à effets

Mais pourquoi sommes-nous si soucieux ? Une réponse se trouve « du côté de la biologie et de l’évolution », assure le psychologue Jacques Lecomte, spécialiste de la psychologie positive et auteur de nombreux ouvrages sur le sujet, dont Le monde va beaucoup mieux que vous ne le croyez ! (2017, Les Arènes). « Les animaux ont développé une capacité de vigilance plus grande à l’égard du danger : une gazelle assoiffée qui voit un plan d’eau luxuriant aura tendance à s’assurer d’abord qu’il n’y ait pas un lion caché dans les hautes herbes. » Une règle de survie à laquelle les humains ne dérogent pas, prêtant naturellement plus attention au négatif qu’au positif, aux mauvaises nouvelles qu’aux bonnes. Sans compter que l’histoire personnelle de chacun (traumatisme d’enfance, éducation négligée...) peut pousser encore un peu plus vers les chemins de la négativité.

Le pire, c’est que nous restons pessimistes alors même qu’on sait que ce n’est pas bon en soi. Il n’y a qu’à regarder les études sur les bienfaits de l’optimisme. Niveau psy, les partisans du bon côté éprouvent moins de stress et plus de satisfaction relationnelle. Ils sont aussi plus productifs et persévérants dans leur travail. Enfin, et surtout, ils présentent un système immunitaire plus efficace, sont moins sujets aux maladies cardio-vasculaire et vivent globalement plus longtemps, selon une enquête de 2019 publiée dans le Journal of the American Medical Association. Il n’y a que des avantages à voir le verre à moitié plein, alors pourquoi pas ne pas changer de lunettes ?  

"Opti-réalisme"

Attention, il ne s’agit pas de foncer tête baissée dans « l’optimisme béat, celui de l’attente passive », prévient Jacques Lecomte. Car, de la même façon que le pessimisme radical mène à l’apathie et à la résignation, l’optimisme irréfléchi empêche l’action : persuadés que tout ira toujours bien, on risque de sombrer dans l’insouciance ou la paresse. Il peut même être fatal : imaginez quelqu’un qui traverse systématiquement la route sans regarder, un peu trop convaincu de sa bonne étoile... D’après le psychologue, friand de néologismes, il convient plutôt de faire preuve d’« opti-réalisme ». « Il s’agit de faire une analyse pragmatique de la situation, de ses bons et ses mauvais côtés, avec une question en filigrane : qu’est-ce qu’on peut faire ? C’est un optimisme de l’engagement actif. Quand des militants écologistes protègent une zone humide, c’est parce qu’ils sont "opti-réalistes" : ils savent cette zone en danger, mais ils ont l’espoir d’y faire quelque chose. » L’idée n’est donc pas de changer de lunettes pour voir la vie en rose fluo, mais de les réajuster sur son nez pour avoir une vision d’ensemble et faire avec la réalité existante, sans s’encombrer de trop de désespoir.
La bonne nouvelle, c’est que l’optimisme, la confiance en soi et en la vie, ça s’apprend ! D’après Martin Seligman, le père de la psychologie positive, c’est la façon dont nous nous « expliquons » les événements, qui fait de nous un optimiste ou un pessimiste. Prenez un match de football. S’ils gagnent, les optimistes vont mettre leur victoire sur le compte de leur stratégie, de leur forme physique, de leur talent, tandis que les pessimistes vont invoquer des causes externes (la chance, l’infériorité de l’adversaire, « c’est l’exception qui confirme la règle »...). C’est le même biais en cas d’échec : les optimistes qui perdent un match vont l’attribuer à l’excellent coup de pied de l’adversaire, alors que les pessimistes iront jusqu’à remettre en question toute leur carrière !

Place à l’action !

Tout l’enjeu serait donc de parvenir à changer le système de croyances, d’explications vis-à-vis les situations auxquelles nous sommes confrontés. Revoir la vie du bon côté, en somme. Facile à dire, mais comment faire concrètement ? La réponse est dans la question : il faut faire place à l’action, et positive s’il vous plaît ! Ce qui implique de prendre quelques bonnes habitudes. Par exemple, tenter de repérer les rayons de soleil dans sa journée. « A chaque événement positif (rencontre avec des amis, une nouvelle idée, un oiseau que vous avez vu chanter...), notez-le dans un carnet, que vous relirez avant de vous coucher », conseille Jacques Lecomte. Cela peut paraître un peu scolaire, mais « la méthode a fait ses preuves, notamment sur les personnes dépressives, qui peinent à repérer les moments agréables de la vie, ou les oublient vite ».

Autre habitude à adopter pour cultiver son optimisme, selon le psy : « S’informer avec des sources qui prennent en compte tant les aspects positifs que négatifs d’un événement, même dramatique. En cas de catastrophe naturelle, il y a certes la tragédie, la désolation, mais on oublie souvent toute la bonté naturelle de l’humanité qui s’exprime, à travers des actes altruistes et solidaires. » En prenant conscience des (quelques) bonnes nouvelles parmi les mauvaises, « il y a de grandes chances que vous soyez inspiré et qu’à votre tour, vous agissiez ».

Qu’on s’entende : il n’est pas question ici de sauver le monde entier, mais d’agir « à son échelle, comme on peut, chacun d’entre nous, en s’inscrivant par exemple dans une action qui peut dépasser l’individu ». Rejoindre une association de quartier, adopter un animal de la SPA, accueillir une famille de réfugiés, donner régulièrement son sang... sont autant d’initiatives qui nous font voir la vie d’un œil plus positif. Sans parler de l’effet boule de neige qu’aura votre petit grain de sel : « S’engager, c’est l’occasion de sociabiliser autour de valeurs communes, de rencontrer des gens lumineux qui éprouvent la même satisfaction d’être au service des autres ou d’une cause. Il y a donc une spirale vertueuse qui va se mettre en place, grâce à votre action. » Vous l’aurez compris, l’objectif n’est finalement pas de voir le verre à moitié plein, mais bien de le remplir vous-mêmes !
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