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QUESTION D'ACTU

Grève administrative

Projet de loi : les jeunes médecins refusent de prendre en otage les patients

Le syndicat des jeunes médecins installés a décidé de ne pas boycotter la télétransmission et de ne pas s’associer au combat des autres médecins contre le tiers payant généralisé. 

Projet de loi : les jeunes médecins refusent de prendre en otage les patients JAUBERT/SIPA




Après leur semaine de grève à Noël, les syndicats de médecins libéraux sont toujours aussi remontés contre la Loi Santé de Marisol Touraine. Début 2015, ils ont poursuivi leur mobilisation avec une grève administrative totale. « Nous allons inonder de papiers les caisses d’Assurance Maladie, expliquait récemment Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF (1), principal syndicat de médecins libéraux. Tout ce que nous télétransmettons d’habitude – accidents de travail, ententes préalables, comptes-rendus médicaux… - sera envoyé par courrier », rajoutait-il.
De plus, la Confédération a invité les médecins à bouder la Carte Vitale de leurs patients, qui devront renvoyer leur feuille de soins à l’Assurance Maladie pour se faire rembourser. Celle-ci a déjà averti : d’importants retards de remboursements sont à prévoir.

Face à ces modes d'actions, certains médecins commencent à manifester leur désapprobation. Ils ont bien l'intention de faire entendre leur voix dissonante ce lundi lors de leur réunion avec Marisol Touraine.

Des médecins favorables au tiers payant généralisé
C'est le cas par exemple des praticiens du Regroupement Autonome des Généralistes, Jeunes Installés et Remplaçants (2) qui ont décidé de ne pas boycotter la télétransmission, et de ne pas s’associer au mot d’ordre lancé par les syndicats médicaux seniors.
Interrogée par Pourquoidocteur, le Dr Charline Boissy, porte-parole de ReAGJIR confie : « Nous n'avons pas suivi le mouvement de grève ni l'arrêt de la télétransmission car nous ne sommes pas opposés à la généralisation du tiers payant. » Et de rajouter : « nous refusons de prendre en otage les patients, mais aussi de pénaliser les remplaçants souvent engagés par contrat à travailler pendant les congés des médecins installés. »

Mais avant de généraliser le tiers payant, le syndicat ReAGJIR pose toutefois ses conditions : interlocuteur unique, rémunération garantie en 5 jours, présentation d’une carte Vitale avec droits à jour, et non-imputabilité sur les médecins de la franchise.
« Si ces conditions sont assurées, le tiers payant généralisé peut être une solution pour un meilleur accès aux soins. Je vous rappelle qu’un Français sur trois a renoncé ou reporté des soins en 2013 pour raisons financières (7ème Baromètre Santé d'Europ Assistance/CSA) », insiste le Dr Charline Boissy.

Pour une diversification des rémunérations
Par ailleurs, contrairement au principal syndicat de généralistes, MG France, qui se bat pour que la consultation de médecine générale passe à 25€ (comme les spécialistes), les jeunes médecins du ReAGJIR plaident eux pour « une diversification des rémunérations qui correspond davantage à l'exercice de notre métier », pense le Dr Charline Boissy. Elle conclut qu'aujourd'hui « certaines consultations durent jusqu'à 45 minutes. C'est le cas pour des patients âgés avec plusieurs pathologies. »

Une loi de avec des imperfections
Cependant, ces jeunes médecins ne sont pas totalement satisfaits. Dans un communiqué de presse récent, ils écrivaient que « Le projet de loi est imparfait. Il oublie les soins primaires et contient un certain nombre d'éléments méritant des aménagements nécessaires pour garantir à tous (patients et professionnels de santé) la mise en place de soins de premier recours efficients. » Ils rajoutaient : « Les mesures proposées, favorisant l'accès aux soins, doivent d'une part garantir une mise en place homogène sur le territoire. D’autre part, elles doivent garantir une organisation facilitant l’exercice des professionnels de santé et ne doivent pas être des contraintes. »
Sur de ce dernier point, les jeunes praticiens du ReAGJIR sont, en fait, sceptiques face au Service Territorial de Santé au Public (STSP), qui, selon les syndicats de libéraux, « vise à supprimer la liberté d’installation des médecins libéraux. »

Des psychiatres pour le service territorial de santé au public
Un point de vue que ne partagent pas le « Collectif pour une psychiatrie de progrès » (3), qui appelle les acteurs du soin à lire « autrement » la loi présentée par Marisol Touraine.
Pour ce Collectif, « les Agences régionales de santé n’ont pas les moyens d’imposer des parcours aux médecins dans le cadre du service territorial de santé au public, défini dans l’article 12. Si cette disposition a le moindre sens, c’est en tant qu’elle inciterait les acteurs du terrain à se parler, s’entendre, s’organiser. »
En définitive, ces médecins voient même dans l’élaboration de ces parcours une opportunité pour mieux reconnaître la place de chacun, hospitaliers et libéraux, usagers et aidants, social et médico-social. « Ou bien le service territorial de santé au public sera mis en place par les acteurs de terrain, et selon leurs vœux, ou bien il restera lettre morte », concluent-ils. 

(1) Confédération des Syndicats Médicaux Français

(2) Intersyndicale qui compte plus de 500 médecins remplaçants et installés (jusqu'à 5 ans après leur installation) 

(3) Think thank sur le système de santé créé en 2013








 


 

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