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Réseau environnement santé

Cancers : les associations dénoncent les perturbateurs endocriniens

La France est le 1er pays au monde en terme d’incidence des cancers hormono-dépendants. Pour les associations, l’hypothèse des perturbateurs endocriniens doit être explorée.

Cancers : les associations dénoncent les perturbateurs endocriniens PureStock/SIPA




« On ne peut pas continuer à accuser uniquement le vieillissement, l’alcool et le tabac. C’est une vision datée. Il faut sortir du déni, la France est le pays au monde le plus frapppé par les cancers du sein et de la prostate, qui sont hormono-dépendants et par les cancers masculins ! » Pour André Cicolella, toxicologue et président du Réseau environnement santé, les autorités sanitaires françaises ne prennent pas suffisamment au sérieux l’impact de l’environnement (perturbateurs endocriniens, polluants atmosphériques, pesticides …) sur notre santé.
Chiffres à l’appui, grâce aux statistiques mondiales de nouveaux cas de cancers survenus en 2012 et aux données de l’Assurance maladie, il insiste : « Le cancer touche 1000 Français par jour. Les surcoûts générés sont de l’ordre de 400 milliards d’euros sur les 15 dernières années. Ce refus de considérer la question environnementale va faire imploser notre système de santé et aura des conséquences désastreuses sur la santé des générations futures ! »

 

Ecoutez André Cicolella, toxicologue et président du Réseau environnement santé : « Un pays industrialisé comme le Japon a moitié moins de cancers que la France. Comment se fait-il qu’on définisse un Plan cancer sans même chercher à comprendre cette réalité ? »

 

Pour le Réseau environnement santé (RES), l’une des explications de la situation française réside probablement dans notre exposition aux perturbateurs endocriniens, toutes ces substances comme le bisphénol A ou les phtalates qui dérégulent totalement notre système hormonal. Mais pour parvenir à le démontrer, il faudrait un effort de recherche dans ce domaine. « C’est une question au moins aussi cruciale pour les générations futures que celle du réchauffement climatique. Il faut une mobilisation de la communauté scientifique au moins aussi importante que le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemantal sur l’évolution du climat) », réclame André Cicolella.

 

L'incertitude scientifique freine les politiques

« Il est vrai que pour l’instant, les décideurs politiques sont assez timides dans le domaine de la santé environnementale et s’abritent derrière l’incertitude scientifique qui demeure », reconnaît Robert Barouki, biochimiste et toxicologue à l’Université Paris Descartes. Il faut dire que les polluants environnementaux posent beaucoup plus de difficultés aux chercheurs que le tabac ou l’alcool. « Etablir le niveau d’exposition d’un individu au tabac est relativement simple, explique le spécialiste. On le chiffre à partir du nombre de cigarettes fumées par jour pendant x années, pour le bisphénol A, c’est une toute autre affaire. »

 

Ecoutez Robert Barouki, biochimiste et toxicologue à l’Université Paris Descartes : « Comment se souvenir de ce qu’on a mangé pendant les 20 dernières années ? Il y a des incertitudes et donc des corrélations plus sujettes à caution. Mais l’incertitude ne doit surtout pas empêcher d’agir avant qu’il ne soit trop tard. »  

 

La France s’était engagée dans cette direction en adoptant une position pionnière contre le bisphénol A. « Il faut que la France conserve ce statut en entraînant avec elle les autres pays européens. Nous nous réjouissons du volontarisme de la nouvelle ministre Ségolène Royal mais la question de la santé environnementale ne doit pas être qu’une préoccupation de la ministre de l’écologie. C’est aussi une question de santé ! », insiste André Cicolella.

Ségolène Royal a en effet fait adopter fin avril la stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens, qui prévoit notamment l’interdiction du bisphénol A dans les papiers thermiques (tickets de caisse et reçus bancaires) et le renforcement des contrôles visant les phtalates présents dans les jouets.
Elle porte également le sujet au niveau européen pour que soit enfin adoptée une définition réglementaire des perturbateurs endocriniens, un dossier enlisé depuis des mois, et que les normes d’étiquetage permettent au consommateur de limiter son exposition par ses choix de produits.

 

L'environnement est aussi une question de santé

Sur le plan sanitaire, la balle est dans le camp de Marisol Touraine, qui doit dévoiler demain sa grande loi de santé. « Ne pas considérer la question environnementale serait une stratégie à très courte vue, prévient le président du RES. Les femmes enceintes, les nouveaux-nés, les adolescents à la puberté et les malades chroniques comme les diabétiques sont vulnérables aux perturbateurs endocriniens comme le bisphénol A. Il faut agir : financer la recherche, former les professionnels de santé, faire passer des messages de prévention… »

 

Ecoutez André Cicolella, toxicologue et président du Réseau environnement santé : « Il faut une 2e révolution de santé publique. Comme à la fin du 19e siècle, lorsqu’on a fait reculer les grandes maladies infectieuses, c’est sur l’environnement qu’il faut agir »

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