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QUESTION D'ACTU

Journée mondiale contre le cancer

Cancer de l’estomac : “Malheureusement, le diagnostic est souvent fait à un stade avancé ou métastatique”

À l’occasion de la journée mondiale contre le cancer, Pourquoi docteur fait le point sur le cancer de l’estomac avec le Pr Jean-Baptiste Bachet, oncologue digestif à la Pitié Salpêtrière.

Cancer de l’estomac : “Malheureusement, le diagnostic est souvent fait à un stade avancé ou métastatique” Chinnapong/Istock




- Pourquoi docteur : Qu’englobe le terme “cancer digestif” ?

Pr Jean-Baptiste Bachet : Les cancers digestifs représentent tous les cancers qui peuvent survenir au sein du tractus digestif, qui commence au niveau de l’oesophage et qui se termine au niveau de l’anus, avec au passage, l’estomac, le duodénum, l’intestin grêle, le côlon et le rectum. Donc, on peut avoir des cancers qui touchent ces différentes zones, mais également tous les organes qui sont liés au tube digestif : le pancréas, le foie, la vésicule biliaire.

Cancer de l'œsophage : les “modifications du mode de vie” augmentent les cas de “cancers dits proximaux”

Quels sont les facteurs de risque du cancer de l’estomac ?

Le cancer de l’estomac est l’un des cancers les plus fréquents au niveau mondial. Il a plusieurs particularités. D’abord, en France et dans les pays occidentaux, l’incidence a diminué ces dernières années : on avait environ 8.500 cas par an en France dans les années 80 et on est aujourd’hui aux alentours de 6.500 cas par an. Il y a donc une réduction du risque qui s'explique de manière épidémiologique par l’évolution des facteurs de risque. En fait, historiquement, on a une bactérie qui s’appelle Helicobacter pylori : c’est une bactérie qui est un carcinogène pouvant entraîner des cancers de l’estomac. Sa présence dans l’estomac est totalement liée au mode de vie et à l’évolution de l’hygiène. Donc l’amélioration des conditions d’hygiène en France et dans les pays occidentaux a fait qu'on est moins porteurs de cette bactérie, et de ce fait, on a moins de cancers de l’estomac qui y sont liés. Ça donnait surtout des cancers de l’estomac qu’on appelle distaux, c'est-à-dire qui touchent la partie distale, l’antre et le corps de l’estomac.
En parallèle, on a une augmentation d’un autre type de cancer de l’estomac qui est lié cette fois-ci à des modifications du mode de vie, notamment au surpoids, à l’obésité, et qui va favoriser la survenue de reflux gastro-oesophagiens. Au fil du temps, ces reflux gastro-oesophagiens peuvent entraîner des anomalies, des irritations. Donc on a une augmentation des cas de cancers dits proximaux qui vont toucher soit le bas oesophage, soit le cardia.

Le syndrome de Lynch augmente le risque de développer certains cancers

À côté de la mauvaise hygiène de vie, connaît-on des causes génétiques du cancer de l’estomac ?

Il y a de rares causes génétiques, dans environ 3 % des cas. On a principalement deux syndromes génétiques qui sont responsables des cancers de l’estomac d’origine génétique. Il y a le syndrome de Lynch, qui est un syndrome qui va donner tout un spectre de cancers différents, dont des cancers colorectaux également. Et puis, on a un syndrome tout à fait particulier, qui s’appelle le syndrome des cancers gastriques diffus héréditaires. Il est lié à une mutation d’un gène qui va favoriser la survenue de cancers à un âge jeune.

Quels symptômes peuvent mener au diagnostic ?

Comme il n’y a pas de dépistage en France, le diagnostic est plus souvent fait grâce aux symptômes. On peut avoir des symptômes liés à la présence de la tumeur primitive au niveau de l’estomac, donc des douleurs au niveau du creux épigastrique. On peut avoir des complications de type hémorragie, donc des saignements qui peuvent révéler la présence de ces tumeurs. Si les tumeurs sont assez hautes, on peut aussi avoir des blocages, ce qu'on appelle des dysphagies, c'est-à-dire des difficultés à faire descendre les aliments, une sensation de blocage avec potentiellement des régurgitations. Et puis on peut également avoir des symptômes qui sont aspécifiques de la tumeur primitive, mais qui correspondent à l’évolution de la maladie, puisque malheureusement, le diagnostic est souvent fait à un stade avancé ou métastatique. À ce moment-là, on peut avoir de la fatigue, des douleurs un peu plus diffuses, une altération de l’état général, qui vont amener à faire des examens et au diagnostic de cancer.

“Pour les toutes petites tumeurs, on peut faire un traitement chirurgical ou endoscopique seul”

Quels sont les traitements possibles ?

En termes de traitements, on différencie deux choses. Premièrement, les tumeurs qui sont localisées, dont l’objectif est la guérison. Pour les toutes petites tumeurs, on peut faire un traitement chirurgical ou endoscopique seul. Dès que les tumeurs sont un peu plus grosses, il va y avoir un traitement préopératoire qui repose essentiellement, en France, sur de la chimiothérapie deux mois avant l’opération. Puis on réalise l’opération et on refait de la chimiothérapie. Ou alors, on peut faire de la radiochimiothérapie pour les tumeurs proximales, assez hautes, au niveau de l’oesophage ou du cardia. Donc, dans tous les cas, on fait un traitement avant l’opération dès que la tumeur est un peu évoluée.
Pour les tumeurs qui ne sont pas opérables d’emblée, qu’on dit localement avancées, pour lesquelles il y a des contre-indications à l’opération, ou pour les tumeurs qui sont métastatiques, le traitement repose sur de la chimiothérapie en combinaison avec différents types de traitements.
Ces dernières années, beaucoup de nouveaux traitements sont arrivés : on a notamment eu l’immunothérapie pour un sous-groupe des cancers de l’estomac pour lequel on sait qu’ils vont mieux y répondre, ce qui permet à un bon pourcentage de cancers de l’estomac d’en bénéficier. On associe cette immunothérapie à la chimiothérapie. Ou alors, on a d’autres types de traitements qui sont en cours de développement et qui sont des thérapies ciblées, qu’on va également utiliser en association avec la chimiothérapie. À l'avenir, il va falloir voir si on peut associer ces thérapies ciblées en cas de double altération ou pas. Ou alors savoir s' il vaut mieux commencer par une thérapie plutôt qu’une autre chez des patients qui ont des doubles altérations… Il y a donc beaucoup de travail en perspective, beaucoup de nouveaux traitements qui arrivent, et d’espoir pour nos patients !

Comment se fait l’accompagnement des malades ?

De nombreuses choses sont faites en France pour accompagner les familles. L’institution nationale du cancer propose beaucoup d’informations, il y a aussi beaucoup de choses qui sont faites par la Ligue contre le cancer, qui met aussi en place du soutien pour les patients. Il existe également des associations qui sont créées pour des syndromes génétiques, des associations pour des types de cancers particuliers… Donc il y a pas mal de choses qui sont faites, qui sont variables en fonction des régions, en fonction du centre dans lequel on est pris en charge. Et pour l’après-cancer aussi, c’est-à-dire une fois qu’on a fait toute la séquence thérapeutique. Le but est de guérir les patients après cette prise en charge, donc on a aussi tout un tas d’aides pour leur permettre de vivre avec les potentielles séquelles des différentes chirurgies, des aides à la réinsertion professionnelle…
Ce qui est également important, c’est l’activité physique ! On a maintenant beaucoup d’éléments qui montrent que l’activité physique aide à mieux tolérer les traitements, avec moins de complications, tant pour les médicaments que pour la chirurgie, et que cela permet aussi de renforcer le système immunitaire. Cette activité est donc importante à tout moment de la prise en charge et favorisée pour nos patients.

Vous pouvez retrouver l'interview en images du Pr Jean-Baptiste Bachet, par la rédactrice scientifique Juliette de Noiron (PhD) :

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