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Aliments transformés : faut-il les classer comme des produits addictifs ?

La consommation d'aliments ultra-transformés, bourrés de graisses et de sucres, peut entraîner un véritable risque de dépendance, d'après une récente étude.

Aliments transformés : faut-il les classer comme des produits addictifs ? margouillatphotos / iStock




L'ESSENTIEL
  • Selon l’étude, les comportements autour des aliments ultra-transformés, riches en glucides raffinés et en graisses ajoutées, peuvent répondre aux critères de diagnostic d’un trouble lié à l’usage de substances chez certaines personnes.
  • En France, 69 % des produits alimentaires disponibles dans les supermarchés sont ultra-transformés, selon une étude nationale de 2021.
  • En plus de mener à l’obésité, la consommation d’aliments ultra-transformés favorise l’apparition de pathologies telles que le diabète de type 2, les maladies cardiovasculaires ou encore l’hypertension.

"En reconnaissant que certains types d'aliments transformés ont les propriétés de substances addictives, nous pourrions peut-être contribuer à améliorer la santé mondiale", explique Ashley Gearhardt, professeure de psychologie à l'Université du Michigan. Elle fait partie d’un groupe de chercheurs des Etats-Unis, du Brésil et de l’Espagne qui a récemment publié, dans une édition spéciale du British Medical Journal, une vaste étude qui tire la sonnette d’alarme sur le risque de dépendance que représente la consommation de denrées dites transformées.

Aliments transformés : un cocktail de glucides et de graisses

"La plupart des aliments que nous considérons comme naturels ou peu transformés fournissent de l'énergie sous forme de glucides ou de graisses, mais pas les deux", précise la chercheuse Alexandra DiFeliceantonio, co-autrice de l’étude. Elle donne l’exemple d'une pomme, d'un saumon et d'une barre de chocolat. La pomme a un rapport glucides/graisses d’environ 1 pour 0, tandis que le saumon a un rapport de 0 pour 1. En revanche, la barre de chocolat a un rapport glucides/graisses de 1 pour 1 – une caractéristique qui semble augmenter le potentiel de dépendance d'un aliment. "De nombreux aliments ultra-transformés contiennent des niveaux très élevés des deux. Cette combinaison a un effet différent sur le cerveau", ajoute la scientifique.

14 % des adultes touchés par la dépendance aux aliments transformés

D’après les scientifiques, les comportements autour des aliments ultra-transformés, riches en glucides raffinés et en graisses ajoutées, peuvent répondre aux critères de diagnostic d’un trouble lié à l’usage de substances chez certaines personnes. Au menu : un moindre contrôle sur la consommation, des fringales intenses, des symptômes de sevrage et une consommation continue malgré des conséquences telles que l'obésité, l'hyperphagie boulimique, une moins bonne santé physique/mentale et une qualité de vie inférieure.

En passant en revue 281 études sur le sujet réalisées dans 36 pays différents, les chercheurs ont découvert que la dépendance aux aliments ultra-transformés toucherait 14 % des adultes et 12 % des enfants. Et les critères géographiques jouent un rôle clé : dans certains pays, les aliments ultra-transformés constituent même la source de calories majeure, notamment à cause des déserts alimentaires qui limitent l’accès à une nourriture peu transformée. Sans surprise, les personnes confrontées à l’insécurité alimentaire dépendent davantage des aliments ultra-transformés et sont donc plus susceptibles de développer une addiction alimentaire à ce type de denrées.

"Étant donné la prévalence de ces aliments – ils représentent 58 % des calories consommées aux États-Unis – il y a tellement de choses que nous ne savons pas", souligne DiFeliceantonio.

Aliments ultra-transformés : des politiques publiques pour réduire leur consommation

Les chercheurs appellent à davantage d'études scientifiques sur les aliments ultra-transformés. D’après eux, considérer ces aliments comme créant une dépendance pourrait conduire à de nouvelles approches en matière de justice sociale, de soins cliniques et de politiques publiques.

Par exemple, les politiques mises en œuvre au Chili et au Mexique (taxes, étiquetage et marketing) sont associées à une diminution de l'apport calorique et à l'achat d'aliments riches en sucre, en graisses saturées et en sel. Au Royaume-Uni, un programme de réduction du sel a notamment été associé à une baisse des décès dus aux accidents vasculaires cérébraux et aux maladies coronariennes.

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