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Dépression : une enzyme du microbiote pourrait être responsable

Une enzyme, appelée 3β-HSD et produite par le microbiome, pourrait jouer un rôle essentiel dans la dépression.

Dépression : une enzyme du microbiote pourrait être responsable Tunatura/istock




L'ESSENTIEL
  • Des chercheurs de l'université de Wuhan ont découvert un mécanisme jusque-là inconnu reliant les bactéries intestinales, l'œstradiol et la dépression chez les femmes.
  • Un taux faible de l'hormone féminine œstradiol dans le sang mais également dans le microbiome est associé aux troubles dépressifs chez les femmes.
  • L'équipe a découvert que les femmes dépressives avaient des taux d'une enzyme appelée 3β-HSD plus élevés dans leur microbiome. Cette dernière dégrade justement l'œstradiol.

Les mécanismes de la dépression ne sont pas encore tous identifiés. Toutefois, des travaux ont montré que les femmes souffrant de dépression pouvaient avoir des taux bas d'œstradiol, hormone féminine synthétisée en temps normal par les ovaires. Les chercheurs de l'université de Wuhan (Chine) ont voulu vérifier et comprendre cette découverte. En étudiant ce lien, ils ont repéré qu’une enzyme - appelée 3β-HSD produite par le microbiome pour dégrader l’œstradiol - jouait un rôle important dans la survenue de la dépression.

Leurs différents travaux expliquant leur conclusion, ont été présentés dans un article paru dans la revue Cell Metabolism le 17 mars 2023.

Dépression : le microbiote aide à comprendre le rôle de l’œstradiol

Pour comprendre pourquoi les femmes non ménopausées souffrant de dépression, avaient des taux d'œstradiol dans le sang inférieurs d'environ 43 %, les scientifiques ont décidé de prélever des échantillons du microbiote intestinal de volontaires qui avaient ou non des troubles de l’humeur. Les tests ont montré qu'en 2 heures, l'œstradiol se dégradait de 77,8 % dans les intestins des femmes souffrant de dépression et de seulement 19,3 % dans le groupe non dépressif. "Le résultat a laissé entendre que même si les deux groupes étaient capables de produire de l'estradiol à des niveaux sains, quelque chose provoquait ou accélérait la dégradation de l'estradiol dans l'environnement du microbiome", expliquent les auteurs dans leur communiqué.

L’équipe a ensuite mis des souris en contact avec les échantillons de patientes déprimées. Elle a constaté une diminution de 25 % des niveaux d'œstradiol dans le sang chez elles par rapport à un groupe témoin. Les rongeurs, dont le taux avait baissé, montraient par ailleurs des comportements de type dépression.

"Les résultats suggèrent que le microbiote intestinal des femmes préménopausées souffrant de dépression peut réduire l'œstradiol sérique chez la souris et induire des comportements de type dépression, imitant ce qui a été observé chez les humains."

Dépression : l’enzyme 3β-HSD pourrait ouvrir la porte à de nouveaux traitements

Les chercheurs ont ensuite voulu comprendre quels étaient les éléments présents dans le microbiote, pouvant dégrader ainsi l’hormone féminine étudiée. Ils sont parvenus à trouver le responsable : un microbe appelé Klebsiella aerogenes. Lors d’une autre expérience, les souris à qui ce microbe avait été inoculé, ont affiché des niveaux d’œstradiol bas ainsi que des comportements de type dépressif.

En s’appuyant sur les données connues sur Klebsiella aerogenes, l’équipe a repéré l’enzyme 3β-HSD. Cette dernière est produite par le microbe et est capable de transformer l'estradiol en estrone. Les rongeurs mis en contact avec cette substance voyaient leur taux d'œstradiol diminuer (-45 %) et commençaient à présenter des signes de dépression.

"La prévalence de K. aerogenes et de 3β-HSD s'est avérée plus élevée dans les microbiomes des femmes préménopausées souffrant de dépression par rapport à celles qui n'en avaient pas", indiquent les chercheurs. Selon eux, leur découverte ouvre la porte à de nouveaux traitements : "les bactéries dégradant l'œstradiol et les enzymes 3β-HSD pourraient être des cibles d'intervention potentielles pour la dépression chez les femmes préménopausées".

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